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"Les liaisons dangereuses selon Fragonard" d'Anne de Marnhac est à retrouver aux éditions Ateliers Henry Dougiers.
"Les liaisons dangereuses selon Fragonard" d'Anne de Marnhac est à retrouver aux éditions Ateliers Henry Dougiers.
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Le dévoilement passionnant des ambiguïtés du “Verrou” de Fragonard.

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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THÈME

Le marquis de Véri commande à Fragonard, quarante-cinq ans, une toile - à partir de l’un de ses dessins -, qui ferait pendant à l’Adoration des bergers, un pendant profane, « une scène de séduction », une scène tumultueuse et sensuelle, une chorégraphie de l’attirance, ses contraires, ses contrastes, un couple qui s’enlace et se dérobe à la fois, un mélange de force et de grâce dans l’instantanéité du moment, comme un élan soudain de la passion amoureuse. Ce sera le si célèbre Verrou.

Le tableau frappe par le motif de l’effraction, le rideau pourpre s’ouvre sur le lit défait dans un clair-obscur et sur les deux personnages éclairés, tout en mouvement, leurs bras tendus vers le fameux verrou. De multiples questions se posent : la jeune femme est habillée, alors que des boucles de sa coiffure s’échappent, le jeune homme est pieds nus, il semble fermer le verrou, tandis qu’elle cherche à l’en empêcher ou non … S’agit-il de sa chambre à elle ou de sa chambre à lui ? Se sont-ils aimés ou non ? Des symboles ancrent la toile dans une perspective charnelle, sensuelle, libertine ; la pomme rappelle Eve et le péché originel, une rose et un bouquet jeté par terre évoquent le désir et ses promesses érotiques.

Toutes ces ambiguïtés enrichissent ce chef d’œuvre du grand peintre des Lumières.

POINTS FORTS

  • L’auteur nous plonge délicatement dans l’histoire de ce tableau, en allant au-delà de la scène galante qui apparaît au premier regard. Le fait qu’il soit un pendant à L’Adoration des bergers souligne le transport amoureux dans toute sa fougue par rapport au ravissement divin dans sa dimension céleste.
  • La toile, peinte en 1777, correspond d’une certaine manière à la lassitude du libertinage et au retour à l’amour sincère, comme si La Nouvelle Héloïse répondait à l’avance aux Liaisons dangereuses (1782). Ici, la jeune femme se pâme d’amour dans les bras du jeune homme.
  • Un ouvrage tout à fait accessible par la clarté du propos et l’élégance du style.

QUELQUES RÉSERVES

  • On aurait aimé plus de détails sur l’art de peindre, sur les métamorphoses du dessin transformé en toile.

ENCORE UN MOT...

Voici un petit livre passionnant sur le roman d’un chef d’œuvre, belle collection créée par Henry Dougier. Comment et dans quel contexte Le Verrou est-il né ? Que nous raconte-t-il ? Pourquoi un amateur éclairé a su convaincre l’artiste de réaliser ce tableau à partir de l’un de ses dessins ? La quête et l’approche de la beauté sont ainsi mises à la portée des lecteurs.

UNE PHRASE

« Les deux tableaux seront tous deux porteurs d’une émotion puissante : vénération émerveillée des bergers, tendresse infinie de Marie, expression éperdue de la jeune femme, profil intense de son amant. Une émotion transporte les personnages en dehors d’eux-mêmes, les plongeant dans le ravissement, indifférents à tout ce qui se passe autour d’eux … Le temps s’est arrêté. C’est un moment unique. Un moment où les êtres sont vrais, où leurs corps parlent pour eux : prosternation, étreinte. Un moment où leurs visages disent la profondeur de leurs sentiments, leur lien ineffable à l’autre. Qu’est-ce qu’aimer ? » p. 54

L'AUTEUR

Normalienne, Anne de Marnhac s’intéresse à la séduction. Elle a publié des essais, des anthologies et a contribué à des ouvrages collectifs sur ce thème. Citons Femmes au bain. Les métamorphoses de la beauté (1986), Séducteurs et séductrices. De Casanova à Lolita (2002), Les visages de la beauté. Avant, après (2004).

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