Les leçons à tirer du redressement spectaculaire de la Californie<!-- --> | Atlantico.fr
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Au bord de la faillite en 2010, l'État de Californie est aujourd’hui celui qui crée le plus d'emplois aux États-Unis et vise un surplus budgétaire en 2014.
Au bord de la faillite en 2010, l'État de Californie est aujourd’hui celui qui crée le plus d'emplois aux États-Unis et vise un surplus budgétaire en 2014.
©Reuters

Golden state

La Californie est le reflet d'une Amérique qui redémarre. L’état qui a le plus souffert de la crise, en cessation de paiement en 2009, est aujourd'hui celui qui affiche la meilleure reprise de l'emploi et prévoit un excédent budgétaire en 2014.

Guy Sorman

Guy Sorman

Auteur d'une trentaine d'ouvrages traduits du Japon à l'Amérique latine, de la Corée à la Turquie et la Russie, élu en France et entrepreneur aux Etats-Unis, chroniqueur pour Le PointLe Monde et de nombreux journaux étrangers, Guy Sorman est un esprit libre dont les conceptions libérales prennent souvent à contrepied la droite comme la gauche en France. Son dernier livre J'aurais vioulu être français est paru chez Grasset, en octobre 2016.

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Atlantico : Au bord de la faillite en 2010, l'État de Californie est aujourd’hui celui qui crée le plus d'emplois aux États-Unis et vise un surplus budgétaire en 2014. Quelles sont les raisons de ce rebond spectaculaire ? Quelles politiques ont été mises en place pour sauver le Golden state de la faillite ?

Guy Sorman : La Californie est le reflet de l’économie américaine mais qui en amplifient les tendances et les excès. C’est-à-dire que lorsque la crise à frappé les États-Unis en 2008, elle a atteint particulièrement l’État de Californie de même que lorsque les États-Unis sortent de la crise en 2013, la Californie en sort la première.

Ce rebond spectaculaire est principalement du au fait  que la Californie soit l’État où l’innovation joue le rôle le plus déterminant dans l’économie. L’immense majorité des entreprises dites  "high tech" sont installées en Californie. Elles sont les plus sensibles aux effets de crise car très dépendante des fonds du capital-risque. La Californie a un rôle d’amplificateur dans les deux sens.

Le fait qu’elle sorte aujourd’hui de la récession montre que le moteur de l’économie américaine est plus que jamais l’innovation. Les bons résultats du déficit californien viennent du fait que les entreprises ont recommencé à investir et par conséquent payent d’avantage d’impôt. La meilleur façon de réduire un déficit budgétaire est la croissance.

Le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, n’a pas mené de politique de rigueur plus drastique qu'ailleurs aux États-Unis. Il a mis en place la même politique que les autres gouverneurs américains. Il y a eu des réductions massives en particulier dans le domaine social ainsi que dans le domaine de l’éducation. Beaucoup d’enseignants ont été licenciés et les droits d’inscription dans les universités publiques ont été relevés. Ces restrictions ont été misent en place partout aux États-Unis. Il n’y a pas eu de politique spécifique à la Californie. Néanmoins ce sentiment d’austérité à été ressentie avec vigueur par les californiens dans la mesure où la Californie est  l’état où l’enseignement supérieure publique est le plus développé.

Peut-ont dire que la Californie, 9e puissance économique mondiale, est de nouveau sur les rails en 2013 ? Qui ont été les grands perdants de la cure drastique du budget de l’État ?

Guy Sorman : Oui,  on entend parler tous les cinq ans de la crise et de la fin de la suprématie de la Silicon Valley. En réalité la Silicone Valley reste le centre, non pas américain, mais mondial de l’innovation dans de très nombreux domaines (informatique, médias sociaux, énergies renouvelables, transport, aéronautique, santé) et n’a jamais cessé de l’être. Le caractère cyclique de l’innovation de la Silicon Valley n’est pas lié à une panne de l’imagination et de la recherche mais à l’hésitation du capital-risque (investisseurs) qui investit ou n’investit pas. De 2008 à 2012, sous les effets de la crise, les sociétés de capital-risque avait cessé d’investir mettant un terme à l’innovation.

Les grands perdant des coupes budgétaires ont été les catégories sociales les plus modestes qui ont été privées d’aide sociale. D’autre part, les immigrants venus du Mexique, dont dépend l’économie californienne, ont vu leurs titres de séjours pratiquement stoppés de 2008 et 2012. Enfin l’état californien à procédé à des licenciements massif de fonctionnaires.

Selon le gouverneur démocrate Jerry Brown, l’artisan du rebond californien, devrait être pris en exemple à Washington pour résoudre la crise du "mur budgétaire". L’exemple du redressement californien peut-il s’appliquer à l’échelle nationale ?

Guy Sorman : Comme je vous l’ai dit il n’y a pas eu de politique particulière de la part du gouverneur Brown. Il s’est passé pour le budget fédéral américain la même chose que pour le budget Californien. La situation budgétaire de l’état fédérale s’est amélioré grâce à des coupes drastiques accompagnés d’une  reprise économique. Jerry Brown est un très bon communicant et il a de la chance que son mandat coïncide avec la reprise économique. Enfin les États-Unis ce n’est pas un pays où l’économie dépend de la politique comme ce qui est pas le cas en France.

Plus globalement, comment adapter la recette californienne aux problématiques des autres pays développés (sur)endettés ?

Guy Sorman : La recette californienne montre que le moteur de la croissance est l’esprit d’entreprise et surtout l’innovation. En Europe, on ne reconnait pas cela et l’on mise sur des politiques économiques étatiques pour sortir de la crise. A cette égard le rebond spectaculaire de la Californie est un cas d’école très intéressant. L’exemple californien montre que la meilleur manière d’éliminer un déficit budgétaire est la croissance.

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