Les frelons asiatiques injustement stigmatisés ? Petit contre-argumentaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo prise à Chisseaux près de Tours, en France, montre des frelons asiatiques sur leur nid.
Une photo prise à Chisseaux près de Tours, en France, montre des frelons asiatiques sur leur nid.
©Alain JOCARD / AFP

Nuisibles

Certains insectes comme le frelon asiatique sont considérés comme dangereux. Les frelons asiatiques constituent un véritable fléau pour la biodiversité.

Alexandre Baumann

Alexandre Baumann

Alexandre Baumann est auteur de sciences sociales et sur de nombreux autres sujets (Antéconcept, Agribashing, Danger des agrégats, Cancer militant).

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Reporterre vient de sortir un article défendant l'idée que les frelons seraient injustement stigmatisés.

En apparence anodin, cet article est en fait remarquable en termes de propagande.

Analysons-le.

L'article traduit essentiellement l'interview un dénommé "François Lasserre", et s'inscrit dans une suite d'articles "Les nuisibles, ces mal-aimés" et porte ici sur ... les frelons asiatiques.

Il construit l'image d'un insecte injustement dénigré:

- L’animal préféré de l'interviewé serait le frelon asiatique

- Le frelon asiatique ne devrait plus être qualifié d’asiatique selon la Société d’entomologie d’Amérique parce que ce terme serait« susceptible d’attiser la peur, voire de créer de la discriminationraciale ».

- Il est « craintif et complètement inoffensif, « dès lors qu’il est en dehors et à une certaine distance de son nid ». »

- Sa piqure, contrairement au préjugé, ne serait pas particulièrement dangereuse, pas plus que les autres guêpes

- Son seul tort serait de s’attaquer à l’abeille domestique, le « seul insecte qui a un syndicat ».

- Les programmes de sélection génétiques auraient favorisé des lignées peu agressives, moins à même de se défendre contre le frelon.

- C’est un facteur d’affaiblissement des ruches parmi d’autres

- Les solutions pour lutter contre le frelon asiatique « suscitent ledébat entre apiculteurs et scientifiques, parfois même entrescientifiques. »

- Il faudrait apprendre à cohabiter avec le frelon (sauf si on est apiculteur), car on ne pourra pas l’éradiquer

La conclusion est importante, nous y reviendrons :

Sa présence soulève « de nombreuses questions économiques, mais aussi philosophiques et culturelles » observe l’entomologiste. Ce frelon nous oblige ainsi à nous questionnersur notre tendance à stigmatiser la totalité d’une espèce, sousprétexte que certains individus nous ont posé, un jour, un problème. « C’est notre façon d’accueillir le vivant qui est à repenser. »

Avant d'aller dans le fond, un passage m'a interloqué :

"Pour l’entomologiste français aussi, « frelon asiatique » est un nom trop connoté : « C’est le frelon étranger, l’Asiatique, face au frelon européen. D’ailleurs, le vrai nom du frelon dit “européen” est en réalité frelon d’Europe. Mais par glissement sémantique, il estdevenu le frelon de chez nous face au frelon venu d’ailleurs. »

Il n’y a rien d’inexact à présenter le frelon asiatique comme étranger,car il l’est, ayant été introduit par l’activité humaine en 2004.

Laseconde phrase est encore plus surprenante, puisqu’elle ne ditabsolument rien: quelle différence entre« européen » et « d’Europe », ça veut littéralement dire la même chose ...

Le passage a donc l’air complètement anodin et idiot … Sauf que non.

Il va d’abord conforter l’idée que le frelon asiatique seraitinjustement stigmatisé d’une part et qu’il y aurait une manipulationsournoise dans la manière de nommer les choses qui y contribuerait. Onretrouve donc, en plus, l’idée d’une société injuste, thème central dans les discours pseudo-écologistes / anticapitalistes.

Enfin on sent le début d'une allégorie au thème de l'immigration: voir le frelon asiatique, « étranger », comme nuisible, ce serait être discriminant (pour ne pas dire d'extrême droite).

Ce lien est explicité dans la conclusion citée plus haut.

On a donc quelque chose qui n'a rien à voir avec le sujet, au coeur de la construction de l'argumentaire... Étrange non ? Maintenant retournons sur la dimension informationnelle.

Techniquement l'article n'est pas faux, mais la présentation est trompeuse.

Effectivement, la piqure de frelon n’est pas pire que celle d’abeille et l'insecte n'est pas particulièrement agressif (en Europe). Cela ne l'empêche pas de tuer 10/15 personnes en France par an.

Le discours de l’interviewé peut même laisser entendre que ce serait de leur faute d’avoir provoqué une créature si pacifique…

Les dégâts sur les abeilles sont euphémisés, présenté comme négligeables (il y a d'autres sources), de la faute des apiculteurs (les abeilles sont sélectionnées trop pacitifques), etc.

Au final il n’y a AUCUN contenu informationnel concret étayant l’idéeque le frelon asiatique ne serait pas nuisible. Il se contented’éléments émotionnels creux (« c’est mon insecte préféré ») et de relativiser sa dangerosité.

C’est que le message est en fait surtout implicite: le frelon asiatique serait victime d’une discrimination injuste en raison de son origine, ce qui renforce l’idée d’une société injuste envers les étrangers.

On voit la stratégie de déresponsabilisation : on peut causer des dégâts, mais si la pseudo-écologie dit que ce n’estpas grave, on peut. Elle s’arroge le pouvoir de rendre le bon mauvais etle mauvais bon. C’est une stratégie lourdement utilisée pour défendre les violences pseudo-écologistes, comme à Sainte-Soline, ou plus générales, comme les émeutes début juillet 2023 après la mort de Nahel.

Enfin, cet article est en fait profondément raciste. En effet, il dit en substance que les immigrés sont comme les frelons asiatiques… qui sont nuisibles…

On voit ici une des mécaniques du cancer militant.

L'acteur donne l'impression d'être du côté des personnes souffrant d'un problème et favorise en fait le développement dudit problème.

Ceci posé, approfondissons un point: comment les abeilles sont traitées ici.

En effet, le discours détonne largement avec ce qu'on entendait pendant les débats sur les NNI.

Alors que le raisonnement était: il y a hausse de la mortalité desruches, les NNI les affaiblissent, donc ils sont responsables; ici leraisonnement est les frelons affaiblissent les ruches, mais puisqu’il y ad’autres facteurs, ils ne sont pas responsables.

L'hypocrisie est évidente dans son commentaire :« Mais si l’on n’est pas apiculteur, professionnel ou amateur, il est tout à fait possible de vivre avec ces animaux »

Pire, son syndicat (UNAFapiculture) est présenté implicitement comme le moteur derrière la discrimination injuste dont serait objet le frelon.

Ainsi, alors qu'il avait été présenté positivement dans la controverse sur les NNI, ici il est dans "le camp des méchants".

Ça a quelque chose de fascinant: de nombreux apiculteurs amateurs et ledit syndicat a collaboré joyeusementà la propagande anti-NNI et à l’écosystème pseudo-écologiste.

Maintenant, ce dernier montre qu’il peut aisément se retourner contreeux …

Mais pourront-ils se plaindre ? Après tout, ils ont contribué à créer ce monstre ...

Mon article complet : à retrouver à cette adresse

Retrouvez l’intégralité du Thread d’Alexandre Baumann : cliquez ICI

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