Les économistes français, ces charlatans aux prédictions aussi crédibles que celles de Madame Irma<!-- --> | Atlantico.fr
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"Les économistes sont écoutés par le public, les médias et les politiques… pas Madame Irma."
"Les économistes sont écoutés par le public, les médias et les politiques… pas Madame Irma."
©Reuters

Bonnes feuilles

Quelle est la différence entre les économistes et Madame Irma ? Selon Etienne Liebig, les économistes sont écoutés par le public, les médias et les politiques... pas Madame Irma. Extrait de "Les nouveaux cons" (1/2).

Étienne Liebig

Étienne Liebig

Éducateur spécialisé en Seine-Saint-Denis, Etienne Liebig est romancier, essayiste, anthropologue et chroniqueur aux Grandes Gueules sur RMC. Il est l'auteur des livres suivant : "Les ados sont insupportables mais ce sont nos enfants" (2009) ; "Les pauvres préfèrent la banlieue" (2010) ou encore "De l'utilité politique des roms" (2012) et "Les Nouveaux cons (I et II)" en 2013.

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Avec la crise, ce que l’on savait intuitivement depuis longtemps nous a sauté aux yeux : les économistes français sont des charlatans aux prédictions aussi crédibles que celles de Madame Irma dans sa caravane aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La différence ? Les économistes sont écoutés par le public, les médias et les politiques… pas Madame Irma. Ils sont tous forgés à la même école de la confiance aveugle dans l’autorégulation magique du libéralisme. On le comprend car le schéma de l’organisation capitaliste du monde est le garant de leur propre existence.

Sur le papier, toute la construction économique du système tient merveilleusement bien la route, les entreprises créent de la richesse, les employés consomment, les banques prêtent, l’État assure. Les entreprises se renforcent, les actionnaires prennent des risques, les entreprises investissent, embauchent, amassent de l’argent, partagent. Les banques plus riches prêtent davantage et le cercle vertueux du libéralisme balaie d’un coup l’ensemble des thèses contraires ou critiques taxées de vieilleries absurdes, ce qu’elles sont par ailleurs. Les économistes établissent des théories qui tiennent compte des aléas de l’histoire, du temps, des contingences humaines, ils établissent les algorithmes complexes mettant en jeu le hasard, les intempéries, les catastrophes, les attentats oui…

Mais les économistes, aussi pointus que les soviétologues aveugles à la veille de la chute du mur de Berlin, n’ont rien vu venir de la crise financière, qui trouve sa source dans l’avidité égoïste et sans limite de quelques-uns prêts à ruiner sciemment un pays comme la Grèce pour engranger des profits plus colossaux encore. Puis ils ont conseillé les dirigeants avec cet air effronté de ceux qui dominent une science exacte alors même qu’ils allaient de déceptions en déceptions, dépassés eux-mêmes par la capacité du libéralisme à avoir engendré des monstres financiers plus puissants que les États et remettant en cause la démocratie.

Tout est faussé aujourd’hui, les entreprises ne cherchent pas à enrichir la France mais à faire fortune pour leur compte en délocalisant, en se moquant ouvertement des pays dont elles sont issues et qui les ont fait vivre si longtemps. Les grands patrons qui avaient une renommée d’honnêteté et d’impeccable gestion ont à présent pour principal souci d’échapper à l’impôt et de fréquenter la même table que le président de la République. Ils peuvent accumuler les erreurs stratégiques, les fautes de gestion du personnel, voir des espions partout, se tromper lourdement dans les projets, ils restent en place, soutenus par les patrons d’autres boîtes qui les cooptent et touchent 424 fois le SMIC par an sans que cela ne fasse vomir personne.

Les actionnaires ne prennent plus de risques, ils investissent et veulent des bénéfices rapides et énormes au risque de casser les crédits de l’innovation et les banques ne prêtent plus, détruisant le système d’investissement et de développement. La machine est devenue folle mais nos économistes n’ont pas changé le braquet et continuent de réfléchir comme dans les années 70 à partir des théories de leurs maîtres qui n’avaient pas prévu la victoire de l’avidité destructrice contre les lois du marché. Les économistes ne servent à rien, ils ressemblent à ces religieux effrontés et bornés qui confrontent la Bible à la grandeur de l’univers.

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Extrait de "Les nouveaux cons, saison 2" (Michalon) 11 avril 2013

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