"Les chaises" d'Eugène Ionesco : tragicomédie sur le fil de l’absurde<!-- --> | Atlantico.fr
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"Les chaises" d'Eugène Ionesco est à retrouver au Théâtre de poche Montparnasse à Paris.
"Les chaises" d'Eugène Ionesco est à retrouver au Théâtre de poche Montparnasse à Paris.
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Atlanti-Culture

"Les chaises" d'Eugène Ionesco est à retrouver au Théâtre de poche Montparnasse à Paris.

Jean-Pierre Hané pour Culture-Tops

Jean-Pierre Hané pour Culture-Tops

Jean-Pierre Hané est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

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"Les chaises" d'Eugène Ionesco

DUREE : 1H10

Mise en scène : Stéphanie Tesson

Avec : Catherine Salviat, Jean-Paul Farré et Alejandro Guerrero (en alternance avec Jade Breidi)

INFOS & RÉSERVATION

Théâtre de Poche Montparnasse

75 boulevard du Montparnasse

75006 PARIS

01.45.44.50.21

http://www.theatredepoche-montparnasse.com

Du mardi au samedi 21h - puis à partir du 24 mai du mardi au jeudi à 21h jusque fin juin

Notre recommandation : EXCELLENT 

THÈME

Le vieux et la vieille attendent des invités chez eux, sur l’île. Il a un message à délivrer à l’humanité et pour ce faire, il a convoqué un « orateur » afin de le transmettre  aux spectateurs. 

Les invités vont arriver un à un. Ils sont nombreux, si nombreux… On ne sait plus trop où les asseoir. C’est alors que débarque un invité-surprise...

POINTS FORTS

Outre la présence spectrale de l’orateur, il faut insister sur l’excellence et la virtuosité de l’interprétation. Stéphanie Tesson nous propose un univers singulier en faisant entrer ces deux enfants, ces deux clowns, comme des espèces de matriochkas qui vont se déployer à l’envi dans un flot de mots et de situations qui relève de l’épopée. Le jeu de Catherine Salviat et Jean-Paul Farré, merveilleux complices de scène, est instinctif, enfantin, jubilatoire. Ils nous emportent dans un tourbillon inouï de fantaisie, ils se nourrissent l’un l’autre par une écoute du jeu sensationnelle. Il y a de l’éblouissement dans leur regard comme si chaque instant était toujours neuf.

La direction d’acteurs, dont on apprécie à la fois la rigueur et la confiance accordée à la spontanéité des comédiens. Bien souvent montée sous son aspect sombre, Stéphanie Tesson a su s’emparer de l’œuvre pour lui donner les couleurs d’une comédie de la désespérance, de l’espoir infini dans la vie, du refus d’un fatalisme bien trop humain.

Un texte fou, qui n’a pas pris une ride en 70 ans, et la parfaite adéquation du lieu (petite salle du bas) à la situation et au texte. Si vous cherchez à comprendre et classifier cette œuvre, c’est impossible. Cela relève du mystique, du poétique, de la farce, c’est… mais après tout, à vous de le définir.

QUELQUES RÉSERVES

Face à une telle maestria, force est de s’incliner.

ENCORE UN MOT...

• Ces deux petits vieux immortels ne peuvent pas, ne veulent pas, ne pourront jamais mourir, convoqués qu’ils sont à un jour sans fin leur permettant chaque jour de s’aimer encore et toujours plus fort. Parler pour ne pas oublier, s’étonner de tout, ils transmettent le pouvoir de s’émerveiller de tout. 

• Si vous aviez peur de mourir, ils vous donnent une bonne leçon de vie. Telles deux étoiles au firmament qui, bien que mortes, brillent sans cesse pour l’éternité, ne vous privez pas d’aller admirer ces deux étoiles (filantes et fulgurantes) du théâtre.

UNE PHRASE

LE VIEUX : « C’était un lieu, un temps exquis...

LA VIEILLE : C’était un temps si beau, tu crois ?

LE VIEUX : Je ne me rappelle pas l’endroit...

LA VIEILLE : Ne te fatigue donc pas l’esprit...

LE VIEUX : C’est trop loin, je ne peux plus... le rattraper... où est-ce ? 

LA VIEILLE : Mais quoi ? 

LEVIEUX : Ce que je... ce que ji... où était-ce ? et qui ?

LA VIEILLE : Que ce soit n’impor te où, je te suivrai par tout, je te suivrai, mon chou. 

LE VIEUX : Ah ! j’ai tant de mal à m’exprimer... Il faut que je dise tout.

LA VIEILLE : C’est un devoir sacré.Tu n’as pas le droit de taire ton message ; il faut que tu le révèles aux hommes, ils l’attendent... l’univers n’attend plus que toi. 

LE VIEUX : Oui, oui, je dirai.

LA VIEILLE : Es-tu bien décidé ? Il faut.

LE VIEUX : Bois ton thé.

LA VIEILLE :Tu aurais pu être un orateur chef si tu avais eu plus de volonté dans la vie... je suis fière, je suis heureuse que tu te sois enfin décidé à parler à tous les pays, à l’Europe, à tous les continents ! »

ET AUSSI

Eugène Ionesco est un maître incontesté dans le jeu de langage, et il est l’auteur de l’absurde par excellence. Mais c’est aussi un auteur engagé profondément marqué par la guerre. Il puise dans ses expériences de vie, une extraordinaire force en prenant les mots au corps pour en faire une arme d’instruction massive. Il dénonce le totalitarisme dans Rhinocéros, se joue de la langue dans La cantatrice chauve, développe une profonde réflexion philosophique dans  Le roi se meurt.

• Il aura été joué partout dans le monde par les plus grands comédiens dont Jean-Louis Barrault et Michel bouquet en France, et Sir Laurence Olivier en Angleterre. Il sera élu à l’Académie française… après avoir crée l’Académie Alphonse Allais.

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