Les banques allemandes, cette menace qui plane sur les héritiers d’Angela Merkel quels qu’ils soient <!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo montre des billets en euros sortis d'un portefeuille à Dortmund, dans l'ouest de l'Allemagne, le 27 janvier 2020.
Une photo montre des billets en euros sortis d'un portefeuille à Dortmund, dans l'ouest de l'Allemagne, le 27 janvier 2020.
©INA FASSBENDER / AFP

Colosse aux pieds d’argiles 

Alors que la peur prédomine sur la fragilité des banques italiennes, le secteur bancaire allemand a besoin d'une sérieuse réforme.

Eric Dor

Eric Dor

Eric Dor est docteur en sciences économiques. Il est directeur des études économiques à l'IESEG School of Management qui a des campus à Paris et Lille. Ses travaux portent sur la macroéconomie monétaire et financière, ainsi que sur l'analyse conjoncturelle et l'économie internationale

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Atlantico : Le secteur bancaire allemand manque-t-il de dynamisme ? Quelle est la plus grande faiblesse de ce secteur dans le pays ?

Eric Dor : On reconnait depuis longtemps quelques faiblesses structurelles au système bancaire allemand. Un reproche fait l’unanimité : sa trop grande fragmentation.

Depuis la crise financière de 2008, on a demandé aux systèmes bancaires européens de se consolider. Cette exigence était nécessaire dans certains pays et dans d’autres non. Si France le système bancaire est consolidé depuis longtemps avec 5 à 6 banques qui ont l’essentiel du marché dans d’autres pays comme l’Allemagne une réforme est à faire. En Italie ou l’Espagne, on a procédé à de nombreuses fusions afin de réduire le nombre d’acteurs, mais en Allemagne cela n’a pas été le cas.

Dans le pays, les banques n’ont que de petites parts de marchés. Elles ne profitent pas de synergies des coûts et les énormes besoins informatiques qui caractérisent les banques modernes ne sont pas mis en communs. À l’heure actuelle elles se font une trop grande concurrence et cela nuit à leur rentabilité. Et ces dernières années, les banques allemandes ont fait parti des moins rentables en Europe. Leur modèle d’affaires est l’une de leur faiblesse. Étant trop dépendantes de leurs marges d’intérêts, elles n’ont pas assez diversifier leurs sources de revenus.

Tout cela est aggravé dans le pays par la coexistence de structures juridiques très différentes. Il y a outre-Rhin un grand nombre de banques para-publiques qui ont souvent comme actionnaire principal l’autorité publique régionale. Les banques doivent alors fournir un service à la communauté régionale plutôt que  de maximiser les profits. Elles ont comme mission de servir de véhicule de placement d’épargne des habitants de la région et de financement des PME locales. Elles pratiquent alors des tarifs qui sont bon marchés et donc peu rentables. À cause de cela, des banques qui ont une logique plus commerciales sont obligées de s’aligner et cela nuit à la rentabilité globale du sytème bancaire. Cela pose un problème à Commerzbank quand elle doit faire concurrence à des « Länder banken » qui pratiquent des tarifs avantageux.

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Cette multiplicité rend ainsi difficile des fusions entre banques. Ce n’est pas impossible mais il faudra faire cela en plusieurs étapes.

LAllemagne est-il le marché bancaire le moins réformé dEurope ?

Il est moins réformé que celui de la France, mais ce n’est pas le plus réformé d’Europe. Le système bancaire allemand est en partie un ensemble de banques régionales. Le fédéralisme du pays donne un pouvoir important à différentes autorités. Ces entités sont très jalouses de leur autonomie et de leur système bancaire propre et elles ont freiné les réformes bancaires. Le gouvernement central n’a pas autorité sur tous les points et dans ce cas précis cela se voit.

Malgré ses défauts, ce système bénéficie de la très forte épargne des citoyens. La population est riche et le financement par dépôt est très stable, c’est un atout pour les banques allemandes. Par rapport aux autres banques européennes, elles dépendent moins du financement des emprunteurs bancaires, des missions d’obligation des marchés. Il dépend moins de l’humeur des marchés et de la confiance. L’affaire Dexia n’aurait surement pas eu lieu en Allemagne car les établissements sont assis sur une masse de dépôt stade. Le faible endettement de l’État fédéral donnerait aussi beaucoup de crédibilité s’il fallait sauver les banques.

Que devrait faire la nouvelle administration pour améliorer la solidité du système bancaire si une ouverture du marché se passait ?

L’ouverture du marché allemand devrait se faire. On peut tout de même se demander si les possibilités de fusions d’établissements existent en interne au vu de leurs différentes formes juridiques, mais il y a toujours la possibilité de fusionner avec les banques étrangères. Cela fait d’ailleurs très longtemps que l’on parle d’une association de Commerzbank avec une banque étrangère.

Si la concurrence sur le marché devient forte, leur manque de rentabilité pourrait causer quelques remous, mais si les actionnaires publics supportent la vague cela ne devrait pas être important. L’Allemagne est l’un des pays où nous allons voir les lignes évoluer en matière bancaire ces prochaines années.

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