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Les 3 mots d'ouverture par lesquels Google ou Facebook rendent leurs séance de brainstorming plus productives
©Reuters

How Might We

Est-ce bientôt la fin de la gouvernance impérative? Les nouvelles techniques de management, telles que le "How Might We", prônent le collaboratif en entreprise. Une tendance de plus en plus populaire dans le monde de l'entreprise, et qui vise à mettre un terme au modèle du "décideur souverain".

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico : Le How Might We, ou "MHW", est une nouvelle technique de management visant à favoriser le débat d'idée dans une entreprise, afin d'en améliorer la performance en prenant tous les avis en compte. Pourquoi le succès du How Might We? 

Xavier Camby : Depuis les débuts de la révolution industrielle, sous différentes formes et avatars, le "management" avait pris la forme malsaine d'une inhumaine relation de dominance : l'ingénieur pense et décide ; l'ouvrier obéit, exécute et se tait. Inhumaine parce qu'en réalité exclusivement présente dans certaines organisations du règne animal et qu'il est impossible de trouver, dans nos communautés humaines, la moindre relation de dominance (maître/esclave, sachant/ignorant...) qui ne soit pas, irrémédiablement et définitivement conflictuelle et destructrice. Le taylorisme et la pseudo organisation scientifique du travail, instrumentalisant l'homme au détriment de toutes ses autres capacités et qualités fut une des apogées de cette tendance toxique (dans ses effets, non dans ses intentions). Chaplin l'illustre tellement bien, dans un "monde moderne". 
L'aberration et l'inhumanité de cette déshumanisation du travail se poursuivent toujours de nos jours. Les vecteurs de cette délétère tentation à la dominance sont plus sournois et plus hypocrites : affolés de normes, de procédures, de reporting, de KPI, d'objectifs court-termes... tous les collaborateurs sont en effet contraints à une solitaire course aveugle, sans plus aucune possibilité d'auto-organisation, ni plus aucune collaboration, sans plus aucune réflexion.
Certaines entreprises continuent de promouvoir le We Must ou le We Have to, litanie impérative d'un Credo malsain de seules contraintes, maquillés des meilleures des bonnes intentions. Savez-vous créer, inventer, imaginer, avoir du plaisir... sous contrainte ? 
La question posée par un manager responsable à ses collaborateurs : "comment pourrions-nous faire ensemble...? " crée l'intelligence collaborative, qui par définition exclue toute contrainte !

L'intelligence collaborative est aujourd'hui le cœur des nouvelles techniques de management collaboratif. Pour autant, l'intelligence collaborative est-elle donnée à tout le monde? Quels en sont les pré-requis? 

L'expérience montre -sans aucun contredit- qu'un employé bien managé est tout à fait capable d'une inépuisable intelligence collaborative. Il peut même radicalement et définitivement changer de comportement. Il n'existe alors plus guère de limite à la co-construction d'une forte croissance : à titre d'exemple, je connais très bien une entreprise, jadis ensommeillée, qui est passée d'une croissance anorexique à plus de 45% de croissance par an, depuis 3 ans (sans aucun changement d'organisation, de périmètre d'activité ni d'acquisition externe...) Le seul pré-requis à la mise en oeuvre de la puissance transformante de l'intelligence collaborative consiste dans le fait d'être bien à son travail. Mais attention aux charlatans qui désormais surfent sur cette vague de la bienveillance et du bien-être au travail comme ils ont jadis surfés sur les différentes modes passées...

La gouvernance impérative est souvent le résultat d'un décideur qui souhaite imposer son avis, sans entendre celui de ses collaborateurs. Dans un management collaboratif, que reste-t-il de l'autorité du décideur? 

Dans les faits, celui qui veut imposer impérativement ses décisions sans écouter les avis de ceux qui vont les opérer est un imbécile, un apeuré, un imposteur. Un imbécile parce qu'il va créer de la résistance (passive et/ou inconsciente) au lieu de créer de l'adhésion. Un apeuré, car celui qui est paisiblement sûr de lui, acceptera tranquillement d'écouter les autres et leurs éventuels avis contraires, constitutifs d'opportunités, plutôt que de vouloir imposer sa seule vision des choses et donc sa -très douteuse- supériorité. Un imposteur, car intiment effrayé de son imposture, il argue sans cesse de ses diplômes ou de son expérience pour s'imposer de force : il n'a de manager que le titre, le salaire et éventuellement la voiture de fonction. Et s'il s'abime dans les séances, les meeting et les réunions, c'est pour déserter le pont, où pourtant son équipe l'attend.
L'autorité -étymologie en atteste- se crée chaque matin, par le fait d'aider ses collaborateurs à effectuer leurs tâches avec succès et élégance. Pas à les éreinter de consignes micro-managériales. Susciter, développer, interroger l'intelligence collaborative de tous est certainement le meilleur moyen de créer et de recréer sans cesse une saine autorité.

En quoi les techniques de management telles que le "How Might We" vont profondément changer l’organisation de notre mode économique? 

Nous vivons une époque extraordinaire : là où les dinosaures économiques qu'on appellent des "majors", qui prétendent encore dominer le monde, alors qu'elles peinent désormais à recruter les meilleurs (dans des environnements non-collaboratifs et pyramido-archaïques), des entreprises réellement agiles se développent partout sur la planète, sous forme de start-up, de partnership, de coopératives... Toutes se fondent, transcendant les cultures différentes, sur le "How might we..." ? Gageons qu'elles survivront aux dinosaures du management, prédateurs édentés mais éblouis et abrutis par leur puissance. Le "Comment faire ensemble" est et demeura la vraie question pour une bientraitance réelle et pour une performance durable. 






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