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Les Etats-Unis commencent à tester une nouvelle technologie sans fil, un "super wifi" plus puissant et de plus longue portée.
Les Etats-Unis commencent à tester une nouvelle technologie sans fil, un "super wifi" plus puissant et de plus longue portée.
©Reuters

Innovation

Les Etats-Unis testent actuellement le "super wifi", une version plus rapide et plus puissante du réseau sans fil. Un espoir pour les régions françaises qui manquent de réseau ?

Joël Gaget

Joël Gaget

Joël Gaget est consultant spécialisé dans le domaine du WiFi et plus généralement des communications sans fil au sein de la société SYRTEL - Il est également dirigeant de la société Global-TIC Consulting, spécialiste des TIC pour les seniors et les personnes fragilisées.

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  1. Atlantico : Les Etats-Unis commencent à tester une nouvelle technologie sans fil, un "super wifi" plus puissant et de plus longue portée. Comment expliquer la limitation actuelle du Wifi ? En quoi consiste ce "super wifi" ?

  2. Joël Gaget : Les fréquences utilisées dans les réseaux WiFi sont voisines de 2,4 Ghz (2400MHz). A cette fréquence, la puissance des ondes faiblit rapidement avec la distance. La limitation à 100mW qui est imposée aux équipements WiFi limite leur distance de propagation à quelques dizaines de mètres. Mais ce qui peut être perçu comme une limitation constitue en fait un avantage : les nombre de canaux WiFi est très limité (3 canaux réellement sans interférence sur les 14 potentiellement utilisables) et cette faible portée permet à des utilisateurs d’utiliser le même canal pour se connecter à Internet sans interférence même s’ils sont à des distances relativement courtes les uns par rapport aux autres.
  3. Le « super WiFi » utilise des fréquences laissées libres par la télévision. Ces fréquences sont beaucoup plus basses et autorisent une portée nettement plus élevée, plusieurs kilomètres, en respectant des puissances d’émission raisonnables. Il convient toutefois de faire très attention aux effets d’annonce : une distance de160 km, telle qu’annoncée, ne peut être atteinte qu’avec des puissances d’émission importantes et des antennes spécifiques. Ces moyens importants nécessités pour atteindre de telles performances ne sont pas compatibles avec une utilisation par le grand public.

  4. Le projet Air.U qui mettra en œuvre le Super WiFi a pour objectif d’établir un réseau de communication sur des zones d’une dizaine de kilomètres de rayon avec une qualité de transmission acceptable (10MBps environ soit l’équivalent de nombreux accès ADSL actuellement). Ces zones rurales isolées seraient ensuite reliées à l’ensemble du réseau Internet par des moyens traditionnels (liaison satellite, faisceau hertzien...).

  1. Ce super wifi pourrait apporter l'internet rapide jusqu'aux régions rurales faiblement peuplées, qui ne bénéficient pas jusqu'ici du haut débit. Quelles régions pourraient être concernées en France ? La mise en place d'un tel dispositif dans l'hexagone pourrait-elle combler les lacunes en termes de couverture Internet ?

Je suis très circonspect quant à l’impact du Super WiFi en France : les fréquences libérées lors du passage de la télévision analogique à la TNT ont été réattribuées à Bouygues Télécom, Orange et SFR dans le cadre du dividende numérique afin d’y développer la téléphonie mobile 4G. Un des objectifs prioritaires fixés aux opérateurs dans le cadre de l’attribution des ces fréquences est la réduction de la fracture numérique. La question est de savoir à quel horizon les zones rurales peu denses seront effectivement desservies en haut débit grâce à la 4G. Aux Etats-Unis la problématique est différente à cause d’une population rurale plus importante : près de 60 millions de personnes, soit plus de 20% de la population, vivent dans des collectivités de moins de 2 500 habitants, sur des espaces géographiques beaucoup plus étendus que ceux auxquels nous sommes habitués. L’enjeu économique de la desserte numérique est plus important tout simplement par la population concernée d’où l’intérêt de groupes multinationaux tels que Google et Microsoft.

Quoi qu’il en soit, et même si ces groupes soutiennent le projet Air.U, le délai entre l’expérimentation prévue en 2013 et une mise en œuvre industrielle prendra plusieurs années pour la définition des normes, l’industrialisation, le marketing de l’offre et laisse une avance significative aux opérateurs téléphoniques pour le déploiement de leurs réseaux 4G.

Néanmoins et en attendant que des technologies plus performantes prennent le relais en France, il est d’ores et déjà possible d’améliorer sensiblement la desserte haut-débit de ces zones rurales. On parle souvent du WiFi sur les box ou encore sur les hotspots mais on oublie que dans certaines conditions d’ingénierie, il est possible d’assurer des dessertes locales sur un village voire un groupe de villages. J’ai eu l’opportunité de monter de tels réseaux pour la plus grande satisfaction des populations et dans des conditions économiques acceptables.

  1. Ce "réseau domestique élargi" pourrait-il poser des problèmes en termes de sécurité ? Les ordinateurs persos seront-ils plus vulnérables au piratage ?

L’élargissement des réseaux, domestiques ou non, augmente toujours leur vulnérabilité. Mais les opérateurs de ces réseaux mettent en place des outils de protection adaptés et performants. Ainsi, dès lors que les usagers sont identifiés, leurs échanges sont cryptés, protégés. Il est important que les internautes restent conscients des risques encourus lorsqu’ils surfent sur la toile et pas uniquement lorsqu’ils se connectent en WiFi ou via le futur Super-WiFi.

  1. Pour que le super wifi prenne réellement de l'ampleur, il faudra que les fabricants d'ordinateurs et d'autres appareils électroniques conçoivent des puces capables de fonctionner à la fois avec le wifi et le super wifi. Un tel développement serait-il coûteux pour les fabricants ? Cela peut-il se répercuter sur le prix des ordinateurs ?

Les constructeurs prendront en charge le coût de ces développements dans le cadre de l’évolution « normale » des ordinateurs dès lors que le marché le demandera. Il appartiendra aux opérateurs de faire le choix de la technologie en fonction de leurs perspectives de marché, des investissements à réaliser, des coûts de fonctionnement...et ensuite de convaincre les constructeurs de l’intérêt de développer l’intégration du Super wifi dans les puces.

Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud

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