Le "Réveillez-vous !" d'Emmanuel Macron aux patrons passe mal... et pour cause<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Emmanuel Macron a appelé mardi 21 novembre à poursuivre les réformes, le chômage étant à 7%. Il a pour objectif le plein-emploi, c'est-à-dire 5% de chômage, d'ici à 2027.
Emmanuel Macron a appelé mardi 21 novembre à poursuivre les réformes, le chômage étant à 7%. Il a pour objectif le plein-emploi, c'est-à-dire 5% de chômage, d'ici à 2027.
©SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP

Atlantico Business

La dernière intervention d'Emmanuel Macron à l'adresse des patrons pour qu'ils "se réveillent" a quelque peu crispé le monde des affaires qui ne se sent vraiment pas coupable de laxisme, mais qui souhaiterait plus de cohérence dans la politique économique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

La dernière intervention du président de la République auprès des patrons de PME et des ETI aura deux effets.

D'une part, quand le président secoue les chefs d'entreprises, ceux-ci ne se sentent pas coupables du manque de compétitivité. C'est plutôt l'administration qui devrait commencer par balayer devant ses portes et ses guichets.

D'autre part, une telle intervention creuse le clivage dans la classe politique sur la nécessité de faire une autre politique économique.

1er point : Quand le président de la République diagnostique un déficit de compétitivité, il a raison car notre déficit commercial devient abyssal et beaucoup plus inquiétant que le déficit budgétaire. Les raisons sont très identifiées puisque nous avons perdu depuis plus de quinze ans l'essentiel de l'industrie. Il faut donc réindustrialiser et commencer par permettre aux PME de croître et de partir à la conquête du monde. Alors que « les patrons doivent se réveiller », sans doute, encore que beaucoup d'entre eux ne croyaient pas s'être endormis. Ils font ce qu'ils peuvent pour se battre, non pas contre la concurrence, mais contre la complexité administrative, la densité des normes et le poids des charges fiscales et sociales. Ce dont les patrons ont besoin, c'est de liberté, de simplification et de stabilité dans l'écosystème. Les chefs d'entreprise ont fait ce qu'ils pouvaient, à commencer par s’adapter aux changement . La seule explication recevable est que l'exécutif n'a pas su composer une majorité forte pour faire passer les réformes qui étaient nécessaires.

Si le "réveillez-vous" ne s'adressait pas aux patrons mais à l'opinion publique, pas sûr que cette opinion accepte les leçons de morale ou de conduite de la part de l'exécutif.

C'est d'autant plus dommage que le diagnostic dressé par le président de la République aujourd'hui sur la situation économique était déjà celui qu'il faisait pendant sa première campagne présidentielle, il y a 7 ans, et ce diagnostic était suivi d'une promesse de moyens pour organiser le redressement.

2e point : L'intervention du président de la République sur le terrain de l'économie ne peut que confirmer que la fracture de la classe politique va se faire sur les dossiers économiques. Les débats actuels peuvent être dominés par les phénomènes de société, l'immigration, la délinquance, le modèle social, le chômage, mais les choix politiques des Français finiront par se déclarer essentiellement en fonction des politiques économiques proposées parce que le « sociétal et même le social dépend de l’état de la situation économique.

D'un côté, nous aurons donc des responsables politiques qui considèrent que l'origine de tous nos problèmes provient de l'impuissance économique, et cette impuissance économique provient d'un déficit de création de richesse. D'où la nécessité de booster l'innovation, le travail et l'obligation de protéger les chefs d'entreprise. Tous les gouvernements du monde promettent à leur peuple la prospérité économique, mais il n'y a guère que les pays libéraux qui parviennent à respecter cette obligation de résultats. La France, en théorie, fait partie de ces pays. À droite comme à gauche, il existe des responsables politiques convaincus que les solutions s'inscrivent dans un modèle démocratique et libéral capable de création de richesse. Les solutions dans tous les domaines. Du lien social, de l'immigration, du logement, de l'école et de la santé, de la sécurité. À chaque fois, le pays a besoin d'argent, mais avant de dépenser cet argent, il a besoin de le produire. La clé, c'est la production de richesse. l'Élysée commence à craindre que l'exécutif va terminer le mandat présidentiel dans une situation économique un peu plus fragile que ce qu'il avait prévu, avec un budget déséquilibré, des services publics (santé, éducation, justice) qui ne marchent toujours pas, et surtout un déficit de réformes auxquelles le président s'était engagé en arrivant au pouvoir. Les événements extérieurs (guerre en Ukraine, géopolitique dangereuse et mutation climatique) n'excuseront pas les défaillances de la politique intérieure. Mais les chefs d'entreprise, de leur côté, ont fait ce qu'il fallait. Ils digèrent assez mal qu’on leur dise de se réveiller.

D'un autre côté, en France et ailleurs, à droite comme à gauche, une partie des responsables politiques ne priorisent pas la création de richesse, mais la redistribution de cette richesse, par démagogie, populisme, ou simplement parce qu'ils ne connaissent pas le fonctionnement de l'économie. Résultat, en voulant défendre le modèle social, ils fragilisent ses fondements, en voulant réduire les inégalités, ils les accroissent, en voulant défendre leur électorat, ils hypothèquent l'avenir. Les écologistes radicaux, pour leur part, défendent une juste cause, mais ils le font de façon punitive et exaspèrent les réticences donc ils travaillent à bloquer les évolutions plutôt que de les encourager.

A noter que beaucoup de pays dans le monde n'ont pas les clés des systèmes de création de richesse. Ils épuisent leurs richesses naturelles, et leur autoritarisme (en Russie ou en Chine) finissent par asphyxier les mécanismes de création de richesse. Et pour la plupart , ils finissent par se trouver des ennemis et leur faire la guerre. C’est l’échec assuré. La France n’est ni un pays autoritaire, ni un pays émergent avec une rente  naturelle qu’elle pourrait exploiter. Sa seule richesse c’est son intelligence et son travail. une grande partie des responsables politique ne l’ont pas compris.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !