"Le Misanthrope" de Molière

• On connait l’histoire : Alceste, qui hait les mondanités et les compromissions, prétend au contraire que « toute vérité est bonne à dire » et qu’il convient d’être sincère en toute circonstance. Il prévoit ainsi de s’éloigner de la cour, qui n’est qu’hypocrisie.
• Il est pourtant amoureux de la frivole Célimène, coquette et complaisante qui entretient plusieurs amants.
• Parmi eux, Oronte, qui vient lui demander son avis sur un – bien piètre – sonnet qu’il vient d’écrire …

• On ne reviendra pas sur la qualité de l’œuvre de Molière, qui a créé avec Alceste un héros universel.
• On s’attachera plutôt à apprécier l’adaptation et la mise en scène de Thomas le Douarec : résolument moderne, voire contemporaine, puisqu’elles situent la comédie dans l’univers artificiel et superficiel des influenceuses, youtubeuses et autres jetsetteuses !
• Le personnage d’Oronte personnifie ce changement de temporalité théâtrale. Interprété par un le Douarec en roue libre dans un esprit de boulevard fort réjouissant, il donne à ce Misanthrope une vraie opposition de style avec un Alceste miné par son désir de solitude et sa volonté de se retirer du monde. Cette dissonance souligne la modernité de la langue de Molière et de ses idées très en avance sur son temps.
• Les huit actrices et acteurs prennent un plaisir certain à se jouer les uns des autres, et nous entraînent dans une folle sarabande dans laquelle la musique a toute sa place.

• Point de réserve sur ce classique, empreint d’une verve joyeuse et décomplexée.

• Le défi de Molière était d’opposer un homme entier, solitaire et totalement sincère dans ses refus du compromis, face à une société pleine de faux semblants, hypocrite et en perpétuel besoin de reconnaissance.
• Quelle perception avons-nous de cette incompatibilité en 2024 ? Comment donner du sens à son existence, surtout lorsque l’amour vient brouiller les cartes. Comment, se disait Molière, trouver sa vérité dans un monde superficiel ? On cherche toujours la réponse.

Alceste :
« Non, elle est générale, et je hais tous les hommes :
Les uns, parce qu'ils sont méchants, et malfaisants ;
Et les autres, pour être aux méchants complaisants,
Et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
Que doit donner le vice aux âmes vertueuses.
De cette complaisance on voit l'injuste excès,
Pour le franc scélérat avec qui j'ai procès. »

• Comédien, chef de troupe, auteur et metteur en scène au temps du “Roi soleil“, Molière est l'homme de théâtre complet par excellence. Il joue, en tant qu'auteur, sur toute la gamme des effets comiques, de la farce la plus bouffonne jusqu'à la psychologie la plus élaborée. Ses pièces où, s'attaquant à un vice de l'esprit ou de la société, il s’amuse à camper des personnages qui forment des types, des caractères, sont de véritables chefs-d’œuvre.
• En élevant la comédie considérée avant lui comme un genre mineur, il a donné un élan vital au théâtre.