Le jour où Sandrine Rousseau a triomphé de… Sandrine Rousseau<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Naulleau publie « La Faute à Rousseau » aux Editions Léo Scheer.
Eric Naulleau publie « La Faute à Rousseau » aux Editions Léo Scheer.
©ALAIN JOCARD / AFP

Bonnes feuilles

Eric Naulleau publie « La Faute à Rousseau » aux Editions Léo Scheer. Sandrine Rousseau est ce qu'on appelle « une bonne cliente ». On se l'arrache autant pour ses punchlines provocatrices que pour ses bourdes. Mais derrière le cirque médiatique, Sandrine Rousseau travaille à l'avènement d'un inquiétant modèle de société. Eric Naulleau montre que le rousseau­isme est un sectarisme aux relents totalitaires. Extrait 2/2.

Eric Naulleau

Eric Naulleau

Écrivain, critique littéraire, animateur de télévision, Éric Naulleau est l’auteur de pamphlets très remarqués (Petit déjeuner chez Tyrannie, Au secours, Houellebecq revient !). Il a publié La Faute à Rousseau en mai 2023 aux Éditions Léo Scheer.

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Sandrine Rousseau est l’une des formes éphémères qu’emprunte parfois le néant pour se manifester auprès de l’humanité. Afin que nous puissions nous faire une idée du vide. Sandrine Rousseau n’existe pas vraiment. Ou, plus exactement, seul l’œil électronique d’une caméra peut détecter sa présence, quand elle échappe au regard de ses prétendus semblables. Des législatives aux municipales, des régionales aux scrutins internes d’EELV, sa carrière politique est placée sous le signe de la déroute à répétition. Comme un petit Poucet qui sèmerait sur son chemin les gamelles au lieu des croûtes de pain. Les votants ne la calculent pas. Dans la double acception du verbe, les votants ne la distinguent jamais. La galère de Sandrine Rousseau va donner contre les urnes avec les mêmes conséquences fatales que les anciens paquebots contre les icebergs. Si sa vie était un film, ce serait Titanic revu par les scénaristes d’Un jour sans fin. La journée de la marmotte déculottée. Seule dérogation à la routine du naufrage en eaux électorales, les législatives de 2022 où elle s’impose dans une circonscription imperdable taillée sur mesure et offerte sur un plateau par la Nupes, une fois écartée toute candidature concurrente à gauche. Ce dimanche-là, Sandrine Rousseau triomphe de… Sandrine Rousseau. Oui, une candidate homonyme. Démonstration est ainsi faite qu’elle ne peut l’emporter que sur elle-même, toute opposition lui serait fatale. Sandrine Rousseau ne rit de se voir si gagnante qu’en son miroir.

Mais veut-on d’autres preuves de son inexistence? Le 4 octobre 2022, en plein débat parlementaire, Sandrine Rousseau se lève et effectue le signe du vagin inversé, autrefois inventé par la féministe italienne Giovanna Pala (sans doute depuis lors devenue une de ces mammas italiennes reconnaissables à leurs gestes sans fioritures). La néo-députée se tourne de tous côtés dans l’espoir de rallier ses collègues à la cause gestuelle. Personne ne bronche, nul ne prête attention ni sur les bancs de son propre parti, ni ailleurs (par souci de symétrie, de solidarité et d’égalité, la moindre des choses aurait consisté en ce que Julien Bayou effectue en réponse le geste du phallus inversé). Grande gêne, immense solitude. Que s’est-il passé? Il s’est passé que Sandrine Rousseau est restée inaperçue au sens propre. Hors champ pour les vivants, mais exposée en plein écran sur les chaînes de télévision. Créature numérique, brume mouvante de pixels dans le ciel variable de l’information continue.

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Autre circonstance, autre preuve. Deux jours avant le muet soliloque du vagin, Sandrine Rousseau participe à une manifestation de soutien aux femmes iraniennes. Des femmes iraniennes emprisonnées, battues, violées et assassinées par une dictature islamiste au seul motif qu’elles souhaitent se libérer du voile qui emprisonne leur tête, étouffe leur liberté. Vérité au-delà du golfe Persique, erreur en deçà, Sandrine Rousseau défend vigoureusement le port de ce même voile en France où, à l’entendre, « l’émancipation des femmes ne passe jamais par une interdiction du vêtement ». Affirmation d’autant plus étonnante que, dans notre pays, l’abandon du corset marque une date importante du féminisme – pour s’en tenir à ce seul exemple vestimentaire. Mieux encore, cet accessoire religieux serait d’après elle source d’« embellissement » pour nos compatriotes musulmanes. Et d’ailleurs, décisif argument : « Il y a des youtubeuses qui travaillent sur la manière de mettre les voiles pour que ça soit beau. » On peut dès lors se demander pourquoi diable ou dieu les Iraniennes ne veulent point paraître plus jolies. En  toute logique, la foule hue à pleins poumons la contorsionniste, qui s’égosille en vain pour tenter de dominer les vociférations : « Vendue! Rousseau collabo ! » Une manifestante s’approche de la danseuse des deux voiles et fait valoir avec beaucoup de calme que sa présence n’est pas souhaitable, qu’elle doit s’annuler et retourner à son inexistence. Sans répondre, Sandrine Rousseau lui décoche son fameux sourire à la Didi, se retourne vers la muraille humaine des journalistes, toute hérissée des micros tendus et des caméras brandies, et reprend corps dans la dimension médiatique, la seule où elle peut prétendre à la visibilité.

Ainsi qu’il en fut déjà question, Sandrine Rousseau sait, tout comme les enquêteurs de la série « X Files », que la vérité se situe ailleurs. Jusqu’à prétendre :

Il y a eu quelques sifflets pour Olivier Faure et c’est extrêmement faible par rapport à ce qui s’est passé sur Manon Aubry, Laurence Rossignol et moi. Je me demande quelles étaient les intentions des manifestants en sifflant ces femmes.

Version démentie à la fois par les images tournées place de la République et par Laurence Rossignol :

Faire croire que toutes les femmes auraient été sifflées est une manipulation. Que Sandrine Rousseau assume ses positions et ne cherche pas à nous embarquer, toutes, sur son bateau. Ne lui en déplaise, j’ai même recueilli des applaudissements.

Après avoir posé devant la presse, celle qui retourne son voile comme d’autres leur veste ne manifesta plus ensuite le moindre signe de soutien aux femmes iraniennes. À quoi bon, les images étaient dans la boîte… Et puis si le partriarcat dans sa version la plus médiévale régnait en Iran, cela se saurait, depuis le temps. Sandrine Rousseau ne le sait pas, ou l’oublie dès que s’éclipse le dernier journaliste, elle ne savait rien non plus du sort du réalisateur Jafar Panahi, qui mourait à petit feu et à grande faim dans une geôle de Téhéran.

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Extrait du livre d‘Eric Naulleau, « La Faute à Rousseau », publié aux Editions Léo Scheer

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