Atlanti-culture
Le coup de cœur de la semaine - "Éloge de l’hypocrisie" : un peu plus de réalisme, bordel!
A un moment où un certain idéalisme maximaliste fait des ravages, Olivier Babeau vient rappeler opportunément que dans la société telle qu'elle est, à force de prétendre faire l'ange on finit par faire la bête, une bête parfois même enragée.
LIVRE
Éloge de l’hypocrisie
d'Olivier Babeau
Ed. du Cerf
RECOMMANDATION
BON
THEME
Référence gardée envers le vieil Erasme, Olivier Babeau publie aujourd’hui un Eloge de l’Hypocrisie. Loin d’être connotée négativement, l’hypocrisie est, pour notre auteur, le ciment qui permet à la Société de fonctionner, car elle évite les conflits, relativise les contradictions et constitue un voile qui protège la liberté individuelle, celle là même qui est à l’origine du développement social, économique et de l’innovation sous toutes ses formes.
La recherche de la cohérence, tendance naturelle des Sociétés humaines, est une utopie qui, mises à part de brèves périodes où les fondamentalistes ont exercé le pouvoir (Savonarole à Florence, les puritains en Angleterre…), n’a jamais pu se maintenir dans la durée. Ce qui inquiète Olivier Babeau qui a beaucoup lu le 1984 d’Orwell, c’est que les nouvelles technologies de surveillance, les réseaux sociaux… apportent aux partisans de cette mise en cohérence des moyens dont leurs prédécesseurs n’avaient jamais disposé. Or comme le fondamentalisme d’aujourd’hui s’appelle égalitarisme, notre auteur redoute une mise à mort de la liberté et du progrès, un nouveau totalitarisme sans perspective de retour en arrière.
POINTS FORTS
Le thème choisi est évidemment pertinent à l’heure où les google et autres facebook s’immiscent dans notre intimité et où la reconnaissance faciale permet de sanctionner les piétons chinois qui traversent en dehors des clous. La variété du propos qui traite de la politesse comme de la mythologie grecque, l’étendue de la culture de l’auteur, de Platon à Thomas More, la qualité de la réflexion méritent à coup sûr la lecture.
POINTS FAIBLES
Pour Babeau, l’hypocrisie, comme la langue d’Esope, est la pire et la meilleure des choses. Son éloge de l’hypocrisie s’applique à ce qu’il appelle “l’hypocrisie bénigne“, alors que “l’hypocrisie maligne“, celle qui sourd des réseaux sociaux et de la religion de l’égalitarisme, est à ses yeux évidemment condamnable. On peut donc mettre en question légitimement la pertinence du titre.
Ceux qui n’adhèrent pas au libéralisme seront peut-être moins séduits par l’argumentation de l’auteur.
Enfin, le propos est vaste et même si l’on retrouve la cohérence de l’ouvrage, le lecteur peut perdre par moment le fil conducteur, d’autant que le style est parfois un peu paresseux et s’épuise en digressions.
EN DEUX MOTS
Un livre utile pour prendre conscience des risques fatals auxquels la transparence généralisée condamne nos sociétés libérales.
UN EXTRAIT
« L’hypocrisie … est ainsi avant tout un exercice social. Sa fonction est de dresser le décor d’un ordre dans le chaos de la réalité. »
L’AUTEUR
Olivier Babeau est un intellectuel libéral, économiste et président de l’Institut Sapiens, un think-tank fondé avec Laurent Alexandre et Dominique Calmels, qui se veut un inspirateur d’idées.
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