Le big data nous connaît mieux que nous-mêmes : et l’âge exact de la crise de la quarantaine est...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Le big data nous connaît mieux que nous-mêmes : et l’âge exact de la crise de la quarantaine est...
©Reuters

Back to teenage

Tout plaquer et se remettre à écouter de la pop. Le site de streaming Spotify a analysé les données de ses utilisateurs et suggère une corrélation entre changement des goûts musicaux et crise du milieu de vie.

François  Chauchot

François Chauchot

Médecin Psychiatre Libéral. Il exerce également à l'hôpital Sainte Anne. 

Voir la bio »

Atlantico : Le site Spotify a utilisé les données de ses utilisateurs pour faire une corrélation entre changement des goûts musicaux et crise du milieu de vie. Selon le site de streaming musical suédois, alors qu'entre 20 et 40 ans les goûts musicaux ont tendance à devenir de plus en plus pointus, à 42 ans en moyenne, les utilisateurs reviennent à des musiques plus pop et grand public. On pourrait penser qu'avec la maturité, les goûts artistiques s'affinent, et pourtant les données de Spotify indiquent une sorte de retour à des références plus mainstream. Comment l'expliquer ?

François Chaucot : J'ai tendance à croire qu'avec l'âge, on aurait tendance à revenir à des musiques qu'on écoutait plus jeune. Il faut également prendre en compte certains facteurs. Entre 20 et 40 ans, les individus sont en quête d'une certaine ascension sociale, à la recherche d'une certaine qualité. De plus, c'est une génération qui partagent ses goûts artistiques à ses pairs, d'où des connaissances musicales un peu pointues. Après 40 ans, non seulement on maitrise moins les nouvelles technologies comme le streaming, mais on est aussi moins disponible pour chercher des musiques. On a peut-être d'autres centres d'intérêt, d'où le retour à des références plus grand public.

La crise de la quarantaine peut-elle se résumer à un changement de consommation culturelle ?

La crise de la quarantaine ne se résume pas à un changement des valeurs culturelles mais peut passer par là : ce qui était important il ya dix ans ne l'est plus, ou l'est moins. L'individu prend des décisions de consommation différente, au moment où il réalise que la première partie de sa vie est achevée. Souvent, il souhaite faire différemment pour la suite. Par exemple, acheter une moto plutôt qu'une voiture. Alors que jusqu'à 40 ans environ on souhaite bâtir sa vie (acheter une maison, faire un enfant, trouver un conjoint), la crise du milieu de vie fait qu'on remet en question tout ce que l'on a construit auparavant. L'individu se rend compte qu'il est temps de faire des choix en accord avec son être profond.

Quels sont les autres marqueurs socio-culturels de la crise de la quarantaine ?

La crise du milieu de vie est une remise en question qui peut s'appliquer à tous les domaines. Professionnellement surtout, mais aussi dans la façon de vivre, avec une envie de faire la fête à nouveau par exemple, ou de se mettre à l'art alors qu'on n'a jamais eu le temps auparavant. Il peut s'agir d'un changement de ville, partir à la campagne, ou quitter son foyer. L'idée principale est de remettre en cause ses choix passés, avec une sorte d'urgence pour se réaliser, puisque après 40 ans l'individu se sent sur une pente descendante. C'est un peu la dernière chance.

La crise de la quarantaine se manifeste-t-elle de la même manière selon les classes sociales ? Quelles sont différences ?

Cette crise peut toucher toutes les classes sociales, mais certaines classes sociales peuvent plus facilement se permettre de se remettre en question. Il est plus facile de plaquer son travail lorsqu'on a une certaine aisance financière. En revanche, si l'on vient d'un milieu social très traditionnel, la crise peut être très difficile à vivre. Une mère de famille au foyer, qui quitterait tout, risque d'être mal perçue par son entourage, qui pourra penser à un déséquilibre ou à une dépression.

La crise de la quarantaine, comme toute crise, a un début et une fin. Il faut être vigilant aux idées suicidaires qui révèlent une dépression. Il faut parfois se faire accompagner pour "réussir sa crise", afin de déboucher sur des relations plus positives.

Finalement, peut-on dire que la crise de la quarantaine est l'apanage des riches ? 

Je ne pense pas que ce soit l'apanage des riches, mais l'argent aide à effectuer des changements, c'est un paramètre facilitateur. "Reussir sa crise" dépend aussi de la capacité de la personne à rebondir. Si un individu en a assez de sa vie professionnelle, il peut envisager une autre façon de travailler avant de tout plaquer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !