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Après dix ans de gestation, deux d’écriture et vingt ébauches, Rune Denstad Langlo réalise un film aussi décapant par le ton que nécessaire au regard de notre époque, tout en le mettant en abyme.
Après dix ans de gestation, deux d’écriture et vingt ébauches, Rune Denstad Langlo réalise un film  aussi décapant par le ton que nécessaire au regard de notre époque, tout en le mettant en abyme.
©operadeparis.fr

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Gilles Tourman pour Culture-Tops

Gilles Tourman pour Culture-Tops

Gilles Tourman est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA

BIENVENUS ! 

Norvège/Suède. Couleur. Comédie satirique de Rune Denstad Langlo. Avec Anders Baasmo Christiansen, Olivier Mukuta, Henriette Steenstrup, Renate Reinsve, Ninni Bakke Kristiansen, Elisar Sayegh, Slimane Dazi.

LE REALISATEUR

Très peu d’infos sur ce réalisateur et écrivain norvégien, né le 1er janvier 1972. Il entame sa carrière à la télévision en 2005 en réalisant des films pour la série Too much Norway puis, en 2009, 99% Honest. Il passe au long-métrage la même année avec la comédie North, road-movie d’un ex-skieur professionnel parti en moto neige à la découverte d’un enfant dont il vient d’apprendre qu’il en était le père. Coup d’essai, coup de maître puisqu’il remporte le Prix de la critique au Festival de Berlin (section panorama). S’ensuit en 2013 Chasing the Wind, film d’errance et d’introspection; et ceBienvenus !, son troisième long-métrage.

THEME

Hôtelier ruiné dans un coin perdu au nord de la Norvège, Primus, bien que raciste, décide d’héberger 50 immigrés dans l’espoir de toucher les 100 000 couronnes de subventions allouées par l’Etat. Il compte se refaire tout en obligeant ses “clients” à achever eux-mêmes les travaux de rénovation, certaines conditions d’hygiène étant exigées pour recevoir l’agrément des autorités, donc l’argent. 

C’est sans compter sur Oda, sa fille rebelle, qui trouve le procédé honteux, Hanni, sa femme déprimée, tendue, à geindre et à critiquer sans jamais agir, les résidents qui vont vite lui faire valoir leurs droits (chambres individuelles, télé grand écran, etc), Line, l’assistante sociale amoureuse de lui et l’Administration tatillonne jusqu’à l’aberration…

POINTS FORTS

Après dix ans de gestation, deux d’écriture et vingt ébauches, Rune Denstad Langlo réalise un film  aussi décapant par le ton que nécessaire au regard de notre époque, tout en le mettant en abyme avec ses propres conditions de tournage puisque celui-ci réunissait des comédiens d’origines diverses, parlant plusieurs langues (dont le français) qu’il ne connaissait pas.

Sur un thème très périlleux, il réussit la prouesse de n’être jamais moralisateur tout en scrutant sans concession les petits et gros défauts, aussi bien des personnages (d’où qu’ils viennent) que de l’Administration en tant qu’entité prompte à établir des règlements humainement généreux mais vite dénaturés et paralysants. Personne (ou presque) n’est épargné et on rit de bon cœur en se disant, dans le meilleur comme dans le pire des situations exposées : “ce n’est pas faux”.

On doit cette force de narration, voyageant d’Ubu en Kafka et néanmoins de réelle catharsis (au sens fort du terme), à un scenario en tout point parfait (fond et forme), à des personnages aussi truculents que crédibles et à des répliques tirées au cordeau. Ironie suprême : les Suédois y sont aussi mal vus que les autres !

Il en résulte une immense tendresse et une grande bienveillance pour cette humanité vivante “réduite aux aguets”, aussi coincée par les neiges que par ses a priori et les règlements. Enfin, son espérance finale en la jeunesse fait vraiment du bien.

POINTS FAIBLES

Aucun en particulier, dès lors qu’on accepte le sujet.

EN DEUX MOTS

Injustement réputé pour ses lenteur et ambiance pesante voire intellectuelle, d’Ingrid Bergman à Lars von Trier ou Thomas Vinterberg, fondateurs du Dogme95 (films tournés en réel direct, sans recherche esthétique et avec musique enregistrée sur le vif), le cinéma nordique a explosé cette renommée une première fois en 2013 avec le succulent Refroidis de Hans Petter Moland, thriller à l’humour aussi noir que la neige nordique est blanche, dont l’ironie mordante dénonçait déjà la xénophobie des hyperboréens entre eux. Cette année, Mr Ove, du suédois Hannes Holmes, y avait adjoint une touche de tendresse désespérée tout aussi décapante (cf CT 14/09/16).  Ce Bienvenus ! apporte sa pierre à l’édifice pour se convaincre qu’on peut rire intelligemment de l’insupportable légèreté d’esprit des hommes. Un film d’éveil des consciences sans brutalité ni jugement dont Amnesty International est partenaire.

UNE PHRASE

“Eux aussi sont cons, mais ils sont plus cools”. (Primus à Abedi au sujet des Suédois chez qui il le conduit)

RECOMMANDATION

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