La transidentité, ce nouveau bouclier intersectionnel sur les campus des universités américaines<!-- --> | Atlantico.fr
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Un drapeau avec le symbole des personnes transgenres déployé lors d'une manifestation à New York, aux Etats-Unis, le 28 juin 2019.
Un drapeau avec le symbole des personnes transgenres déployé lors d'une manifestation à New York, aux Etats-Unis, le 28 juin 2019.
© AFP / ANGELA WEISS

Bonnes feuilles

Abigail Shrier publie « Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes » aux éditions du Cherche Midi. Le nombre d'adolescentes désirant changer de sexe augmente de façon spectaculaire depuis cinq ans. Au nom d'une prétendue affirmation de l'identité, une véritable exploitation du mal-être adolescent se met en place avec, à la clé, des interventions chirurgicales et des traitements médicaux terrifiants. Extrait 2/2.

Abigail Shrier

Abigail Shrier

Abigail Shrier est journaliste et reporter au Wall Street Journal pour lequel elle couvre les questions de société. Dommages irréversibles est son premier essai.

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Dans les études de Littman, nous avons vu que l’écrasante majorité (plus de 90 % des parents) des filles qui se déclarent soudainement trans sont blanches. Autrement dit, elles appartiennent à l’identité sans doute la plus décriée sur les campus d’aujourd’hui. Que peuvent-elles y faire ?

Elles ne peuvent changer de couleur de peau. La plupart ne peuvent pas choisir d’être lesbiennes ni handicapées (bien qu’elles soient enclines à exploiter les revers qu’elles ont subis).

« De tous ces marqueurs du statut de victime, le seul qu’elles puissent réellement choisir est “trans”, m’a fait remarquer Heather Heying, chercheuse à l’université de Princeton. Il suffit de déclarer “Je suis trans” et bim, vous êtes trans. Et là, vous montez dans la liste progressiste et vous gagnez en crédibilité dans cette vision du monde intersectionnelle. »

Mais les étudiants s’identifient-ils réellement comme membres de la communauté LGBTQ en réaction à la pression de leurs pairs ? Comment le savoir ?

Heying souligne que sans cette interprétation, les chiffres ne s’expliquent pas. Au moment où elle a quitté Evergreen State College en 2017, 40 % des étudiants répondaient « oui », dans une enquête réalisée sur le campus, à la question  : « Vous identifiez-vous comme LGBTQ ? » « C’est complètement dingue, dit-elle. Il est impossible que 40 % d’un corps étudiant [soit LGBTQ] alors que dans toutes les cultures, les LGB se situent systématiquement autour de 10 %, chiffre probablement surévalué. C’est tout bonnement impossible. » (En 2020, 50 % des étudiants s’identifiaient comme LGBTQ ou « en questionnement ».)

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Pour un étudiant de première année qui cherche à se faire des amis en espérant s’intégrer, le moyen le plus rapide consiste sans doute à s’enrôler dans un groupe LGBTQ. (À l’automne 2019, l’université Yale a proposé pas moins de dix-huit événements sociaux LGBTQ durant les deux premières semaines de septembre.)

Pratiquement tout ce que les militants transgenres souhaitent voir entrer dans l’idéologie dominante existe déjà sur les campus. Alors que la culture américaine ne cesse de se flageller, les identités LGBTQ bénéficient d’une parade non-stop. Les universités vilipendent les privilèges et aident aussi à s’en émanciper. Tout ce qu’elles demandent, c’est un sacrifice a minima aux dieux de l’intersectionnalité. Le sacrifice du prénom est un bon début.

Si vous êtes née Allison, mais pensez que vous seriez prise plus au sérieux en tant qu’Aiden, l’université moderne est ravie de vous aider. Des institutions comme l’UCLA offrent une procédure simplifiée et fournissent les formulaires pour effectuer le changement valide sur le campus (pour que les parents n’en sachent rien) ou juridiquement (pour que ça fasse sérieux). « Tout étudiant, y compris transgenre, non conforme dans le genre, au genre variant et non cisgenre, qui souhaite choisir un nom préférentiel doit remplir le formulaire de changement de nom préférentiel », invite le site Internet de l’université de Pennsylvanie. L’université propose également des étapes simples pour changer son « marqueur de sexe ». Dans le temps qu’il faut pour laisser un commentaire sur Amazon, les universités offrent la possibilité de mettre rapidement à jour son identité.

Une étudiante de première année a beau n’avoir que trois mois de plus qu’une lycéenne de terminale, à dix-huit ans (et plus jeune dans certains États), on lui propose un buffet à gogo de nouveaux pouvoirs. Pour les étudiantes de premier cycle prêtes à prouver qu’une identité transgenre est plus qu’un nom et des pronoms, l’université constitue une pharmacie discount bien approvisionnée. Plus d’une centaine d’universités remboursent désormais les hormones transgenres dans leur plan d’assurance santé, dont toutes celles de l’Ivy League. Au moins quatre-vingt-sept universités publiques et privées couvrent les frais de la chirurgie de genre. À Yale, un traitement à la testostérone pour une jeune fille biologique bénéficiant du régime de santé étudiant coûte dix dollars par mois – moins qu’une place de cinéma.

Pourtant, la plupart des jeunes femmes entrent à l’université sans projet de transition. Même s’il s’agit d’un rempart efficace contre la colère intersectionnelle de ses camarades de classe, le concept de transition semble encore extrême pour de nombreuses étudiantes. Tu as dix-huit ans, tu avais un petit copain au lycée… tu ne te connais pas parfaitement toi-même, mais tu es sûre d’être une femme.

Ah, mais ensuite, une crise de mal-être surgit. Il s’agit peut-être d’une vieille habitude d’anorexie ou d’automutilation – celle qui te tourmentait au lycée. Ou peut-être que, confrontée aux examens, ton anxiété devient incontrôlable. Ou bien suite à une dispute avec ta coloc, tu perds tes amis, les autres sont stressés et bizarres. Tu bombardes ta mère de textos, mais elle ne peut pas vraiment t’aider, et tu doutes soudain de pouvoir supporter les quatre prochaines années dans ces conditions.

Et c’est là que l’histoire prend une tournure étrange. Parce que tu suis une thérapie depuis le collège, quand ta mère t’a emmenée consulter la première fois. Et tu sais que les anxiolytiques sont tes meilleurs amis, et que parler de tes problèmes à un professionnel de la santé mentale est la meilleure solution.

Conscientes que les étudiants d’aujourd’hui sont psychologiquement fragiles (c’est un euphémisme), les universités ont engagé un bataillon de conseillers en santé mentale prêts à les aider. (L’université Columbia en compte cinquante-six.) Ils sont spécialisés dans des domaines tels que les « troubles alimentaires » et le « soutien post-traumatique », mais aussi dans les « problèmes d’identité sexuelle et de genre ». En fait, il est possible de consulter un psychologue universitaire pour une dépression, et de découvrir que son autre casquette est « expert LGBTQ ». Tu es triste ? Quelle pourrait être la cause de cette tristesse ? Alerte spoiler : tu es probablement trans.

Comme on l’a vu, un parent a décrit le psychologue universitaire de sa fille comme une « boule de démolition pour les familles ». (Un spécialiste de l’anxiété et de la dépression qui travaille pour une des meilleures universités américaines, tout en faisant partie de l’équipe en charge des questions de genre sur le campus.) Avec un minimum d’encouragements, des thérapeutes comme ceux-là pourraient orienter votre fille vers un traitement à la testostérone, délivré sur le campus. De nombreuses universités, comme Rutgers, distribuent désormais la testostérone directement – certaines sur la base du « consentement éclairé » le jour même où vous franchissez la porte, sans même une lettre de thérapeute.

A lire aussi : Comment les éducateurs et les militants ont réussi à imposer une vision radicale du genre dans les écoles

Extrait du livre d’Abigail Shrier, « Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes », publié aux éditions du Cherche Midi

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