La pénibilité ne se règle pas avec l’âge de la retraite<!-- --> | Atlantico.fr
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Des archaïsmes patronaux et syndicaux se sont conjugués pour faire stagner le monde du travail dans des schémas d’un autre siècle.
Des archaïsmes patronaux et syndicaux se sont conjugués pour faire stagner le monde du travail dans des schémas d’un autre siècle.
©AFP / ALAIN JOCARD

Réforme

Il est urgent d’œuvrer ensemble à réenchanter le travail au quotidien dans notre pays.

Léonidas Kalogeropoulos

Léonidas Kalogeropoulos

Léonidas Kalogeropoulos est Président de Médiation & Arguments et Vice-Président d’Ethic.

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Le recul de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans en 1983, revendication portée par l’Union de la gauche depuis les années 70, devait être la réponse politique, juridique et ouvrière à la pénibilité du travail : on allait retirer 5 ans de calvaire à ceux que le travail use. 40 ans de souffrance plutôt que 45, considérant en substance, que par cette réforme emblématique, distinguant la France par rapport à ses voisins européens, le sujet de la pénibilité était désormais traité dans notre pays. Cela fait écho aux dénonciations d’aujourd’hui, selon lesquelles on va en faire « prendre pour 2 ans fermes » de plus à ceux dont les métiers sont les plus durs. Mais le problème de 40 ans de calvaire au travail, ce n’est pas deux ans de plus ou deux ans de moins ! Ce sont les 40 ans de travail qui ne doivent plus, au XXIème siècle, être vécus dans la douleur par qui que ce soit dans la durée. C’est cela le progrès au travail auquel nous devons collectivement aspirer ; ne pas rester arc-boutés sur l’idée que l’abaissement de l’âge de départ à la retraite, cumulé à la durée de travail la plus réduite, serait l’instrument de métronome par lequel on corrigerait la souffrance subie le reste du temps à travailler ! 

Ce que tout le monde patronal, syndical et politique réuni se doit d’entendre par la voix de milliers de manifestants, c’est que pendant que l’on se contentait d’avoir raccourci la durée de la souffrance professionnelle, elle continuait d’être subie par des millions de Français. Pour toute une France périphérique du travail, tout ce qui fait le propre du monde de l’entreprise moderne, ces palmarès du « great place to work » où rivalisent les ressorts de la « qualité de vie au travail », reste totalement étranger à des pans entiers de notre économie, … et de nos salariés ! Ce terrain doit être reconquis d’urgence et collectivement ! Et les moyens de cette reconquête ne se limitent pas à des lois, décrets et circulaires qui prétendent vouloir imposer le comptage bureaucratique de toutes les sources possibles de pénibilité au travail, pour accumuler des points à faire valoir en fin de parcours pour échapper au plus vite à un métier qui gâche la vie. 

Si des millions d’entrepreneurs ont fait de la satisfaction de leurs salariés une priorité dans leur entreprise, c’est parce que leur modernité a consisté à constater que l’entreprise est plus performante, plus dynamique, plus rentable, lorsqu’elle est assise sur l’engagement de collaborateurs considérés, heureux dans leur environnement professionnel, mieux formés, avec des perspectives d’évolutions de carrière, trouvant du sens à leur métier et une motivation à se dépasser quotidiennement.  

Il faut dire que les archaïsmes patronaux et syndicaux se sont conjugués pour faire stagner le monde du travail dans des schémas d’un autre siècle. Au culte du travail pénible, supposé témoigner du sérieux du subordonné, a répondu aussi un certain syndicalisme cultivant la lutte des classes, ne percevant dans les progrès insufflés dans l’organisation du travail qu’une manière d’émousser la combativité des travailleurs sur leur lieu du travail, privilégiant la lutte anticapitaliste, plutôt que d’œuvrer ensemble à réenchanter le travail au quotidien dans notre pays. 

Il faut pourtant s’atteler tous ensemble à cette tache enthousiasmante, avec les partenaires sociaux, les Régions et l’État, mais aussi avec les milliers d’entrepreneurs spécialisés dans le développement du bien-être au travail, œuvrant à conjuguer ensemble progrès social et progrès économique, dans cette petite nation en miniature qu’est l’entreprise. Cette perspective ouvre la voie à une réconciliation de notre pays avec ce qui n’a cessé de faire sa force depuis des siècles : sa foi dans le travail, source d’épanouissement, d’innovations, de création de richesses, de fierté, d’utilité individuelle, de cohésion collective et d’une puissance rayonnante au-delà de nos frontières.

Léonidas Kalogeropoulos

Président de Médiation & Arguments

Fondateur des Entrepreneurs pour la République

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