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La logique révolutionnaire du féminisme face à la domination masculine
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Bonnes feuilles

Le féminisme dépasse le simple cadre de l'émancipation des femmes. Cette idéologie cherche à transformer le monde face à la domination masculine quitte à en emprunter les codes. Extrait du livre "Libérons-nous du féminisme" de Bérénice Levet, publié aux éditions de l'Observatoire (1/2).

Bérénice Levet

Bérénice Levet

Bérénice Levet est philosophe et essayiste, auteur entre autres de La Théorie du Genre ou le monde rêvé des anges (Livre de Poche, préface de Michel Onfray), le Crépuscule des idoles progressistes (Stock) et vient de paraître : Libérons-nous du féminisme ! (Editions de L’Observatoire)

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Le féminisme, une idéologie

Il est essentiel de comprendre que le féminisme n’est pas qu’« un mouvement social ayant pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, tout particulièrement dans les domaines juridique, politique, économique », selon la définition du dictionnaire. Il est porté par un dessein autrement révolutionnaire, il entend faire table rase du passé et précipiter l’avènement d’un monde qui ne ressemblerait en rien au monde dont nous héritons.

Des protestations, des écrits, des actes en faveur des femmes, venant des femmes elles-mêmes mais non moins des hommes, il y en a eu tout au long des siècles. Ce qui est nouveau avec la naissance du féminisme comme mouvement politique, au début du xixe siècle, c’est précisément cette dimension d’idéologie, de « petit livre rouge », de grand récit – où, ainsi que l’a noté Jean-François Lyotard (Cf. Jean-François Lyotard, Le Postmoderne expliqué aux enfants, Éditions Galilée, 1986), c’est le futur à faire advenir qui vient légitimer les revendications et les pratiques.

Le féminisme s’inscrit dans la logique révolutionnaire de la tabula rasa, de la transformation du monde. La Révolution française marque en effet un changement décisif dans les esprits, elle inaugure l’ère du prométhéisme politique, elle introduit l’idée qu’il appartient aux hommes (au sens générique) de changer le monde, de régénérer l’humanité, de hâter la fin de l’histoire. Depuis l’Antiquité, la philosophie, la religion, les moralistes aiguillonnent l’homme dans le sens de la plus vigoureuse maîtrise de soi, du plus strict contrôle de ses bas instincts et de ses passions ; ensemble, ils l’encouragent à « se réformer », ce mot fort prisé au xviie siècle. Mais l’idée, centrale dans le marxisme, d’une autorédemption de l’homme est inconnue jusqu’au xviiie siècle, la conscience de la finitude humaine est vive. Il appartient à Dieu seul de sauver l’homme. On le corrige, on le perfectionne, on l’amende, mais on ne le régénère pas. 

Comme tous les systèmes en « -isme », le féminisme se présente et fonctionne comme une idéologie, au sens qu’Hannah Arendt a attaché à ce mot dans que Les Origines du totalitarisme : « Une idéologie, écrit la philosophe, est très littéralement ce que son nom indique : elle est la logique d’une Idée. »

Cette Idée, à partir de laquelle le féminisme va dévider tout le fil de l’histoire des femmes, est celle de la domination masculine. À partir de cette prémisse tenue pour un axiome, l’idéologie déduit tout le reste, proposant ainsi un récit d’une cohérence qui « ne se rencontre nulle part dans la réalité ». Le réel doit y entrer de gré ou de force. Mais c’est par là qu’il exerce sa séduction, le récit idéologique offre en effet ceci de formidablement réconfortant pour l’esprit humain : il « permet de tout expliquer jusqu’au moindre événement ».

Évidemment cela a un prix, pour pouvoir ainsi tout expliquer, il faut « s’affranchir de toute expérience », « s’émanciper de toute réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens et affirmer l’existence d’une réalité “plus vraie” qui se dissimule derrière les choses que l’on perçoit ». Les apparences sont trompeuses, fatalement trompeuses, mais la pensée avancée est instruite, elle ne s’y laisse pas prendre, elle va nous dessiller. L’« espace urbain » vous paraît, vous apparaît comme un lieu de mixité, également partagé par les hommes et les femmes ; « trompe-l’œil », proteste l’universitaire militant Yves Raibaud : « La ville est faite par les hommes et pour les hommes. » Le démon de l’idéologie est l’abstraction. Le monde réel est remplacé par un monde fictif.

La pensée idéologique « ne peut rien apprendre de nouveau de l’expérience », note Hannah Arendt. Le récit idéologique est un écran tiré entre soi et le réel. Comme Tartuffe, il « met en état de tout voir, sans rien croire ». Il a une assurance prise contre le réel, sa complexité, son imprévisibilité, ses nuances.

Le féminisme prétend ainsi détenir la clé qui ouvrira toutes les portes des comportements des hommes. Il ne parle donc qu’une langue, celle de la domination masculine. Tout doit être retraduit dans les termes de la soumission, de l’oppression. Quelle que soit la nature de leur relation, dès lors qu’un homme et une femme se trouvent en présence, surgit un rapport de force, et un rapport de force immuable, où toujours l’homme est la bête, le prédateur, et la femme, la belle, la proie. 

Extrait du livre "Libérons-nous du féminisme" de Bérénice Levet, publié aux éditions de l'Observatoire

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