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La lâcheté des politiques à ne pas vouloir restaurer la croissance a ouvert un boulevard à Éric Zemmour ...
©NICOLAS TUCAT / AFP

Atlantico Business

Trente années de gouvernance ont installé en France dans la fatalité d’une croissance molle. Ces trente années de relâchement économique ont ouvert des boulevards politiques à des hommes comme Éric Zemmour.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Qu’on le veuille ou non, la pré-campagne présidentielle a embarqué le débat public dans une direction pavée de contradictions. 

D’un côté, Éric Zemmour se taille un beau succès dans l’opinion en dénonçant les risques de l’immigration ressentie, à juste titre, comme excessive et en considérant que ce problème mettait la France en danger de guerre civile entre les militants de l’Islam et les Français attachés aux racines chrétiennes à l’origine de notre culture et de notre identité.  Pour Éric Zemmour, l’immigration est au cœur de tous nos problèmes.

D’un autre coté et de façon très étonnante, une grande partie des responsables politiques de la droite républicaine courent après Zemmour en essayant de récupérer une partie de son terrain pour le labourer à leur tour.  C’est peine perdue parce que les Français préfèreront toujours l’original à toutes les copies qui se dévoilent dans l'urgence des sondages. 

La question de l’immigration est sans doute un problème grave qu‘il faut traiter mais il n’est pas l’origine de nos difficultés. Nos difficultés avec l’immigration, que Zemmour pointe de façon claire et cash, ne sont que les conséquences de presque trente ans de gouvernance un peu lâche, très laxiste, clientéliste, corporatiste qui ont installé dans ce pays une croissance économique très faible, aux environs de 1% par an depuis presque 20 ans, c’est à dire moins que ce que la France faisait au début du 19e siècle avant même la révolution industrielle. 

Or s’il n’y a pas de croissance, il n’y a pas de richesses à distribuer, pas d’emplois, pas de pouvoir d’achat, pas d’innovation, des banlieue surpeuplées et mal équipées, pas d’éducation, pas de règles et développement de moyens illégaux de survie comme la drogue ; d’où la violence urbaine …etc.… on connaît cette chaine de non-valeurs et de destruction. 

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Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que pendant toutes ces années, on n’a rien fait de sérieux pour restaurer la croissance. 

On a fait le choix de la stagnation, on a fait le choix du non-travail avec les 35 heures, on a sanctuarisé la fonction publique en augmentant les effectifs, en réduisant le temps de travail, sans s’intéresser à la qualité du travail des fonctionnaires ou à leur productivité. Le système de santé, le système éducatif sont des systèmes qui, en France, coutent beaucoup plus cher que dans tous les autres pays occidentaux, sans pour autant apporter la qualité de service et de résultat attendus. Notre appareil administratif n’ayant pas d’obligation de résultat est devenu un dinosaure ingérable et obèse. 

Ces gouvernances ont alors consacré une part de plus en plus importante des moyens budgétaires aux dépenses publiques (60%) et ont négligé complètement le secteur productif : pas ou peu d’entreprises, d’innovation, d’investissement, donc peu d’industrialisation et peu d’emplois. Etc.. Les acteurs du secteur productif se sont débrouillés en développant une économie de services, d’importations avec un appareil de production qui n’avait pas les moyens d’accroitre le niveau des salaires, les gouvernances ont finalement choisi de distribuer du pouvoir d’achat via les prestations sociales, des réductions d’impôts et même via les produits importés de pays émergents. 

Le résultat de cette équation est qu'on a en permanence couru après l’argent pour éviter la faillite de l'Etat. D’où les impôts et notamment les impôts payés sur la richesse créée et sur la production, d’où les emprunts d’où les déficits. D’où la faible croissance.
Et on continue aujourd’hui. Le débat des écologistes sur les moyens de lutter contre le réchauffement climatique est accablant. 

Les diagnostics sur l’évolution du climat sont extrêmement inquiétants mais nous n’avons aujourd'hui aucun responsable politique capable d’apporter une solution alternative et cohérente à ce que prônent les écologistes relayés par les responsables de gauche et de droite. C’est très simple, pour les écologistes, la solution tient en un ralentissement de l’activité humaine, donc une moindre croissance. Les écologistes sont en train de vendre à l’opinion et à la classe politique, un changement radical de notre mode de vie. Mais ça n’est pas sérieux, l’intelligence humaine et les moyens de recherche accumulés depuis un siècle doivent nous permettre de développer un système qui préservera notre mode de vie, notre appétit de bien-être, de santé, d’éducation, de voyages  etc… tout en préservant l’équilibre climatique. Mais pour ce faire, il faut croire en l’innovation, et aux investissement scientifiques. 

Si on ne fait rien pour limiter le réchauffement, l’Occident se met en risque d’être submergé par une vague migratoire en provenance de l’hémisphère sud et même Eric Zemmour ne pourra pas grand-chose pour arrêter cette vague. 

Si on suit les préceptes des écologistes, on freinera sans doute le réchauffement climatique, mais on mettra à genoux les systèmes économiques.
L’expérience des confinements pendant la pandémie a ravi les écologistes parce que pendant ces confinements, les émissions de CO2 ont fondu comme la neige au soleil et pour cause, tout s’est arrêté. 

Il doit quand même y avoir d’autre modèle entre celui qui consiste à se laisser asphyxier par la pollution et celui qui reviendrait à nous étouffer. 

La campagne présidentielle n’est pas ouverte, mais on peut espérer que les politiques qui croient dur comme fer aux vertus de la croissance, de l’innovation, du rôle des entreprises et de la valeur travail seront écoutés. On peut espérer qu il seront crédibles et qu’ils auront les moyens de tenir leur promesse. 

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