La COP26 : face au réchauffement climatique, le monde s’apprête à dénoncer des coupables alors qu’il suffirait de désigner les responsables<!-- --> | Atlantico.fr
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Un employé ajuste les drapeaux avant l'arrivée des dirigeants pour le sommet climatique de l'ONU COP26 à Glasgow, le 1er novembre 2021.
Un employé ajuste les drapeaux avant l'arrivée des dirigeants pour le sommet climatique de l'ONU COP26 à Glasgow, le 1er novembre 2021.
©Adrian DENNIS / AFP / POOL

Atlantico Business

La COP26 va s’ouvrir mardi à Glasgow dans un climat délétère où on va rechercher les coupables du réchauffement climatique, alors qu’il faudrait dégager les responsabilités et comprendre qu‘il existe une réalité des faits et des chiffres auxquels on n’échappe pas.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les interprétations qui ont été faites des conclusions du rapport du Giec, par une majorité de leaders d’opinion, ont nourri un climat anxiogène sur la détérioration d’une situation qui risque de nous mener à une catastrophe mondiale d’ici un demi-siècle. Entre la saturation de l’air en gaz carbonique, l’élévation de la température de 2 degrés annoncée et la multiplication des effets pervers de ce réchauffement, une majorité des populations occidentales s’est progressivement convaincu que la fonte des glaces provoquera une élévation du niveau des mers, une succession d’incendies de forêt gravissime, sans parler des changements de la faune et de la flore, ni des déplacements de population... 

Tous les analystes n’ont sans doute pas lu en détail les nombreuses pages du GIEC qui s’avèrent plus prudent et plus nuancé. 

Les chercheurs honnêtes rappellent que les évolutions sont en général beaucoup plus lentes, que les transformations de la vie sur la planète se sont développées sur des millions d’années. La lecture de l’œuvre de Yves Coppens est non seulement passionnante, mais elle est rassurante. La température est sans doute une des clefs d’explication de l’évolution de la vie sur la Terre, avec son cortège d’effets sur la faune et la flore, mais on sait que les variations de température ont été faibles et extrêmement lentes, avec des cycles de long terme que l’on peut dater. Mais on sait aussi que certaines transformations ont été provoquées par des chocs assez violents, brefs mais brutaux. On sait que la période de  glaciation de la Terre a pris par surprise des animaux, comme les mammouths qui sont morts et ont été littéralement congelés puisqu’on en a retrouvé récemment totalement préservés après plusieurs millions d’années.

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En clair, le réchauffement climatique qui fait peur à toute la génération de Greta Thunberg n’est pas inscrit dans la prévision scientifique, mais plutôt dans une prédiction quasi idéologique. Une grande part des écologistes sont totalement sourds à tous les arguments scientifiques qu’on pourrait leur opposer. Leurs convictions sont des certitudes quasi religieuses. Le rapport du Giec est pour eux une sorte de Bible dans laquelle ils puisent ce qui peut conforter leur foi. 

Les faits et les chiffres incitent plutôt l’humanité à considérer un tas d’incertitudes qu’il faut bien prendre en compte. On retrouve dans le rapport du Giec, comme dans les études réalisées par les grands organismes internationaux, Ocde, Onu, trois séries d’incertitudes. 

La première porte sur l’ampleur des effets du réchauffement climatique. On ne doute pas du réchauffement, mais on doute de son ampleur, de son agenda et surtout de ses effets. Si la température s’élève, cette élévation va provoquer une fonte des neiges et des glaciers et donc une élévation du niveau de la mer. C’est assez évident. On n’est pas dans la science de la météo, on est la physique de l’eau. A partir de là, beaucoup fixent des ordres de grandeur qui sont en général apocalyptiques. 

D’abord, parce que l’élévation de la température provoquera sans doute une fonte des glaces aux pôles nord et sud, mais cette même élévation de température accéléra l’évaporation de l’eau. Ce qui va se détériorer d’un côté, s’améliorera de l’autre. Du moins on peut le penser. 

Par ailleurs, les catastrophes, liées aux inondations sur le littoral, tsunami ou vagues déferlante s’avèrent aujourd’hui et dans bien des cas, beaucoup plus couteuses qu’il y a deux, trois ou dix siècles. Pourquoi ? Parce qu’il a été aménagé, construit etc… 

Une crise mondiale liée au réchauffement paraît plausible et possible. Mais sa gravité parait plus difficile à déterminer, d’autant que le réchauffement climatique n’aurait pas que des effets négatifs. Il peut façonner de façon lente mais inexorable une autre végétation, une autre agriculture dans des régions nouvelles. 

La deuxième incertitude porte sur le degré de responsabilité de ce réchauffement climatique.Faute de connaître la réalité des causes, la majorité des scientifiques se sont accordé sur l’idée que l’activité humaine était responsable de ce réchauffement climatique. Et ça n’est sans doute pas faux, les êtres humains sont passés de 2 milliards à 7 milliards en presque deux siècles. Il faut bien qu'ils vivent, qu’il se nourrissent et qu‘ils se déplacent. Et ils veulent vivre de mieux en mieux, de plus en plus longtemps. Par ailleurs, le contenu de leur activité est devenu de plus en plus riche. En croissance, en production et en consommation. D’où l’épuisement progressif des énergies fossiles et des matières premières. D’où l’idée qu’en contenant la croissance et diminuant la production et la consommation, on pouvait participer à la lutte pour l’environnement. Les partisans de la non croissance ont cru pouvoir apporter une solution radicale. Sauf que la non croissance peut réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais réduit aussi les chances de progrès. Toute une génération s’est donc reconnue dans le discours de Greta Thunberg  qui s’est mise à plaider sur une autre croissance ou une non croissance. Sans s’apercevoir que la non croissance qui allait stopper la production allait aussi stopper l’essentiel de la consommation, puis du progrès technique, dans toutes les composantes de la vie quotidienne, y compris celle de la santé. 

Le scénario d’une décroissance est inapplicable, d’une part parce qu’il prive les pays émergents de tous les bénéfices de la croissance qui profitent les pays riches, d’autre part parce qu’il obligerait les Etats à décider de qui consomme quoi, donc de réguler et de priver les êtres humains de toute liberté individuelle.  

Il faudra donc trouver d’autres formes de lutte pour le climat, formes acceptables et consenties. L’écologie punitive n’est pas applicable en démocratie. 

La troisième incertitude concerne la forme d’énergie que l’on pourra utiliser sachant que la seule qui soit utilisable, propre et pas trop chère est l’énergie nucléaire. Or l’énergie nucléaire est rejetée par une partie des leaders d’opinion sous le prétexte qu’elle serait dangereuse et porteuse de risques catastrophiques. Chacun a en mémoire ce qui s’est  passé au Japon et dans l’ancienne URSS. Personne ne veut admettre que la catastrophe de Tchernobyl fut en réalité liée à la faillite du système communiste. Personne ne veut comprendre que la catastrophe japonaise s’explique par des erreurs techniques d’implantation. Mais peu importe, le nucléaire ravage les têtes avant de bouleverser les systèmes de production. 

Or, on ne réussira pas à remplacer les énergies fossiles si on n’utilise pas une grande partie d’énergie nucléaire, 70% en moyenne selon les derniers calculs. 

Mais pour faire de l’énergie nucléaire le cœur des systèmes d‘approvisionnement, mariée à des sources naturelles (hydraulique, aérien ou soleil), il faut un accord politique pour lequel il n’y a pas aujourd’hui de majorité.
Les peuples sont donc coincés dans une contradiction qu’il faudra bien lever. Les peuples veulent utiliser de plus en plus d’électricité, partout. Cette électricité de masse ne peut être produite que par des centrales nucléaires dont les peuples ont du mal à accepter le phénomène. A moins que courageusement, des responsables politiques osent enfin briser le tabou. 

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