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L'UDI va célébrer ses 10 ans.
L'UDI va célébrer ses 10 ans.
©Lionel BONAVENTURE / AFP

Histoire politique

L’UDI aura 10 ans dans quelques semaines : cet anniversaire doit donc marquer l’heure d’un nouvel élan en toute autonomie.

Jean-François Vigier

Jean-François Vigier est Maire de Bures-sur-Yvette dans l'Essonne et Président du Groupe UDI à la Région Ile-de-France.

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Université d’été de l’UDI : la maison du centre-droit tient debout !

Au lendemain d’élections présidentielles et législatives qui n’épargnent rien ni personne, fragilisant bon nombre de formations, l’heure de passer en revue l’état des troupes a sonné sur le champ de bataille politique. Si l’UDI n’a pu conserver que 5 députés formant l’ossature du groupe centriste pivot LIOT, les bons scores de ses 80 candidats lui ont permis de conserver son autonomie financière et de garantir son existence politique.

Que le centre-droit soit toujours debout n’a en soit rien d’étonnant au regard de l’histoire politique de notre pays puisqu’il a toujours eu son existence propre : la réduire à un rôle de supplétif de la droite revient à masquer ses spécificités intellectuelles et la tradition politique singulière qu’il incarne. 

Issues de la Révolution française, deux droites républicaines coexistent depuis plus de deux siècles. Lointain héritier de la droite orléaniste dont François Guizot était le héraut au 19ème siècle, prolongé par Jean Lecanuet, Valéry Giscard d’Estaing ou Simone Veil au 20ème siècle, le centre droit a connu ses heures de gloire avec l’UDF pendant presque trente ans, soit l’essentiel de la Vème République. Il ne s’est d’ailleurs jamais fondu dans un parti gaulliste et jacobin traditionnel, tant et si bien que lorsque de très nombreux centristes rejoignent finalement l’UMP en 2002, cette mue partisane signe en réalité sa victoire culturelle. La charpente structurant la “maison bleue” voulue par Jacques Chirac et présidée par Alain Juppé était faite d’un bois en provenance des cimes du centre-droit. 

Les piliers de notre famille sont connus : la croyance absolue que le destin de la France est celui d’un peuple profondément européen se structurant dans une unité supérieure fédérale; un libéralisme social exigeant sur la nécessité de produire des richesses pour pouvoir les redistribuer équitablement; un rejet absolu de la démagogie de la dette, -qu’elle soit budgétaire ou désormais climatique- laissant croire aux Français que nous pouvons vivre à crédit sur le dos de nos enfants; la volonté de rompre avec le jacobinisme uniformisateur et réducteur hérité de la Révolution française; enfin, un tempérament poussant sans cesse à la modération comme mode d’expression et de gouvernance face aux gesticulations vaines et excessives. 

La silhouette qui ressort de ce tableau pourrait faire songer à la palette d’Emmanuel Macron. Pour autant, six ans après l’émergence politique du Président de la République, le centre-droit n’a jamais rejoint le macronisme, proposant même une liste indépendante conduite par Jean-Christophe Lagarde aux élections européennes. La croyance profonde du chef de l’exécutif en une gouvernance solitaire bonapartiste, son mépris des corps intermédiaires, sa méfiance envers les collectivités territoriales et la décentralisation ont tenu notre famille à bonne distance de son dispositif politique. 

Dix ans après sa fondation par Jean-Louis Borloo, l’UDI, la maison du centre-droit, tient donc debout. Sa grande force est de disposer d’un maillage extrêmement dense d’élus locaux solidement implantés dans leurs territoires. Son groupe au Sénat, présidé par Hervé Marseille, pivot de la majorité sénatoriale, joue un rôle clé au regard de la nouvelle configuration politique issue des dernières élections et du rôle clé des commissions mixtes paritaires. Mais au-delà, les difficultés rencontrées par la majorité présidentielle, sa rupture avec des franges entières de l’opinion publique, l’incertitude générée par la succession du Président de la République, son incapacité à se régénérer et proposer des idées nouvelles, vont vite ouvrir un espace politique. Les combats qui nous sont chers n’étant préemptés par personne, et d’autant moins par un parti LR qui risque de céder aux sirènes identitaires de son aile la plus à droite, la disparition programmée de l’UDI à laquelle croyaient beaucoup d’observateurs est donc loin d’être à l’ordre du jour. 

Toutes ces raisons nous conduisent à suivre le chemin d’une indépendance assumée, nous permettant de rester ce que nous sommes et où nous sommes, sans fermer la porte à personne mais sans mettre notre drapeau dans notre poche. Pourquoi nous diluer alors que notre parti a résisté à tant de tempêtes et que nous animons ou enrichissons tant de majorités locales ?

L’UDI aura 10 ans dans quelques semaines : cet anniversaire doit donc marquer l’heure d’un nouvel élan en toute autonomie. Pour que ce chemin soit fécond, il nécessitera d’affirmer trois messages politiques puissants : assumer un projet radicalement décentralisateur dans lequel l’État lâche enfin prise ; transformer l’Europe en véritable démocratie fédérale face à la technocratie ; lutter contre la dette climatique avec une part indispensable de sobriété et son lot de décisions impopulaires qu’elle peut entraîner. Un centre mobilisé pour répondre à l’urgence climatique, radicalement décentralisateur, passionnément européen : le triptyque gagnant pour que notre famille renoue avec sa gloire passée ?

Par Jean-François Vigier,

Président du groupe UDI au Conseil Régional d’Ile-de-France,

Maire de Bures-sur-Yvette et Membre du bureau de l’AMF. 

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