L’obsession égalitaire ou le déni de la liberté <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Des lycéens lors d'une manifestation place Saint-Michel, à Paris, pour protester contre les différentes réformes de l'éducation.
Des lycéens lors d'une manifestation place Saint-Michel, à Paris, pour protester contre les différentes réformes de l'éducation.
©STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Bonnes feuilles

Erwan Le Noan publie « L'Obsession égalitaire Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice » aux éditions Presses de la Cité. Les statistiques sont formelles : la France est l'un des pays les plus égalitaires du monde. Pourtant, les Français sont inquiets. Ils s'exaspèrent d'un État toujours plus pesant et de politiques toujours moins efficaces. Quelle est la raison profonde de ce mal français ? L'obsession égalitaire, à l'origine de bien des blocages minant la société. Extrait 1/2.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

Voir la bio »

La seule façon de réaliser le fantasme de l’obsession égalitaire, est de rogner voire de nier la liberté. Plusieurs régimes s’y sont déjà essayés et ce n’est pas un hasard si, promettant l’égalité et la prospérité, ils ont systématiquement débouché sur un appauvrissement général et l’asservissement individuel.

Comme les pages précédentes ont tenté de le montrer, l’obsession égalitaire ne peut se réaliser qu’à travers une forme de centralisation et de contrôle social. Elle ne peut se traduire que par une forme d’ingénierie technocratique, c’est-à-dire par le pilotage non seulement des groupes mais également des êtres, pour leur dire ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas, pour contrôler que leur comportement individuel ne va pas perturber les grands plans et schémas conçus pour assurer constamment l’égalité dans la société. Les uns et les autres diront bien sûr que leurs projets d’égalité ne sont pas la caricature décrite ici, mais en réalité il n’est pas d’autre façon d’atteindre un tel objectif. L’essence des politiques d’égalité est liberticide. Un compromis doit être fait entre deux principes, la liberté des droits et l’égalité de fait, mais il doit être réalisé en connaissance de cause.

Il est évidemment possible de favoriser des politiques contribuant à une meilleure égalité et, comme cela a été souligné plus haut, cela peut également être salutaire pour la préservation de la cohésion de groupe nécessaire à la démocratie, mais les propositions en faveur d’une plus grande égalité de fait doivent être écoutées avec prudence et analysées avec attention car elles s’inscrivent sur une pente potentiellement dangereuse –  et il est facile, en politique, de déraper.

L’obsession égalitaire, un refus de la diversité

L’obsession égalitaire est d’abord un déni de réalité : c’est l’illusion à la fois enfantine et profondément prétentieuse des hommes qui refusent la complexité du monde.

Les sociétés dans lesquelles nous évoluons sont complexes : la planète compte plusieurs milliards d’êtres humains qui prennent chacun des millions de décisions au cours de leur vie et probablement au cours de leur journée – et celles-ci entrent souvent en interaction avec celles de leur entourage. La vie humaine est riche précisément parce qu’elle est faite de cette extraordinaire diversité : nous ne pensons pas de la même façon, nous n’avons pas les mêmes envies, nos décisions sont contradictoires, nos préférences différentes et parfois incompatibles, nos parcours divergent souvent et s’opposent à l’occasion. Cette simple évidence devrait à elle seule faire renoncer toute ambition de réguler la société de façon fine !

Mais ce fantasme n’est pas qu’illusoire, il est dangereux car, pour le réaliser, il n’est pas d’autre voie que de s’aventurer dans la régulation des choix, préférences et décisions individuels. La diversité humaine est par essence incompatible avec ce projet : pour assurer que chacun reste à sa place, il est nécessaire qu’une puissance externe vienne contrôler, contraindre et briser les velléités individuelles de se distinguer de la masse. L’obsession égalitaire, sous couvert de discours généreux, ne tolère pas la différence. Pour être plus exact, elle ne tolère que les différences administrées, c’est-à-dire celles qu’elle peut contrôler, qui s’inscrivent dans son plan de régulation de la société.

Extrait du livre d’Erwan Le Noan, « L'Obsession égalitaire Comment la lutte contre les inégalités produit l’injustice », publié aux éditions Presses de la Cité

Liens vers la boutique : cliquez ICI et ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !