L’inutile réforme du collège<!-- --> | Atlantico.fr
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La ministre de l'Education devrait plutôt s'attaquer à la racine des problèmes du système éducatif français.
La ministre de l'Education devrait plutôt s'attaquer à la racine des problèmes du système éducatif français.
©Reuters

Tribune

Actuellement sous le feu de nombreuses critiques, la réforme des collèges, portée par la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem et adoptée par le Conseil supérieur de l'éducation, devrait être appliquée dès la rentrée 2016. Mais plutôt que de déstructurer cette étape intermédiaire du parcours scolaire de l'enfant, la ministre devrait plutôt s'attaquer à la racine des problèmes du système éducatif français.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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La multiplicité des critiques de tous bords, le haut degré de confusion suscité par le projet de réforme du collège ne saurait être attribué au seul désir d’obstruction d’une opposition, partie-prenante des maux affligeant notre système scolaire.

Dans le cahier du Mardi 12 Mai du quotidien Libération, Laurent Joffrin, peu suspect de "droitisme", écrit dans son éditorial "On doit aussi embaucher une équipe de traducteurs pour mettre en français les écrits du Ministère, rédigés dans un sabir ridicule".

On croit rêver. Une école, dont la mission essentielle est l’enseignement du français, mission dont l’accomplissement est rendu plus délicat par la mixité linguistique des élèves du primaire, cherche à accréditer de nouveaux concepts pédagogiques et de nouveaux programmes, en employant un langage incompréhensible pour nos concitoyens. Un défi adressé à la langue, au bon sens et la validité du projet.

La transparence de l’action publique, voulue par le Chef du Gouvernement, en étant bafouée, contribue à déconsidérer, un peu plus, un projet dont la cohérence est en question.

Dans un domaine aussi sensible que l’école, la réussite d’une réforme est subordonnée à la clarté de son exposition, à l’évidence de son apport d’un supplément d’efficacité à l’enseignement et à sa neutralité idéologique.

Aucun de ces facteurs n’est respecté dans la loi en discussion.

S’agissant de la clarté, son défaut a déjà été évoqué.

Quant à l’efficacité, celle du collège dépend du degré de maitrise de la lecture et de l’écriture des élèves du primaire accédant en 6e. Environ 150.000 d’entre eux, annuellement, c’est notoire, ne répondent pas à ce critère. Leur rejet du système en fait des condamnés à vie à l’alternance chômage - petits boulots -  chômage, ce qui est moralement et humainement inacceptable. En réalité le chiffre est plus large, les petits malins, les plus décidés, en l’absence de vrai contrôle, se glissent dans les interstices.

D’où la nécessité, au collège, d’heures d’accompagnement au détriment de celles d’enseignement déjà trop limitées. Ce n’est pas la même chose pour les professeurs d’accompagner leurs élèves dépassés par le programme que de s’employer à pourvoir un enseignement dont la responsabilité appartient au primaire. Toutes les classes sont ainsi tirées vers le bas.

Les bons élèves découragés quittent l’enseignement public quand leurs parents disposent de moyens suffisants ou font des sacrifices pour leur offrir l’école privée.

Ce constat contraire à l’idéal de justice sociale de la majorité socialiste, dont les enfants sont très présents dans le privé, conduit Joffrin, dans l’éditorial cité plus haut, à écrire "le niveau moyen baisse, non pas à cause d’une moindre réussite des meilleurs, mais parce que les élèves peu performants le sont de moins en moins".

Ces observations vont toutes dans le même sens. La réforme prioritaire se situe au niveau de l’école primaire et non à celui du collège. La mise en œuvre d’une méthode de formation à la lecture facilement accessible, peut-être en reprenant la méthode syllabique dont la réussite a été incontestable, correspond à l’urgence de la situation.

En l’absence d’un tel revirement, le pourrissement en cours du collège, en se développant, accentuera les défaillances de notre système éducatif constatées par l’OCDE et autres organismes de contrôle.

Son incapacité actuelle, à préparer la jeunesse à l’emploi, dans un monde ouvert à la concurrence internationale, en persistant se traduirait par la persistance d’un chômage trop élevé en France et d’une baisse du niveau de vie des Français.

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