L'effet "Waouh" provoqué par l'arrivée de Gabriel Attal laisse les chefs d'entreprise très perplexes<!-- --> | Atlantico.fr
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À peine arrivé, Gabriel Attal a généré un tombereau de critiques dans la classe politique.
À peine arrivé, Gabriel Attal a généré un tombereau de critiques dans la classe politique.
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

Les chefs d'entreprises ont mis « l’ange Gabriel » sous surveillance avec un a priori favorable parce que son mode de fonctionnement, fondé sur le diagnostic et la réaction pour dégager un résultat, leur ressemble.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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À peine arrivé, Gabriel Attal a généré un tombereau de critiques dans la classe politique, mais suscite aussi une attention plutôt bienveillante de l'opinion et une prudence calculée par les chefs d'entreprise qui considèrent que ça peut marcher.

L'effet "Waouh" pour le dictionnaire est un "moment magique" qui désigne le fait qu'un produit, une campagne ou une vidéo puisse déclencher un sentiment de surprise ou d'émerveillement chez le consommateur grâce à une caractéristique ou à un message impactant et innovant.

L'arrivée de Gabriel Attal a suscité un effet "Waouh", c'est-à-dire des réactions étonnantes de la part de tous les acteurs, analystes et observateurs de la scène politique. D’un côté des avis très critiques dans l'opposition, tout en bénéficiant d'un a priori favorable dans une majorité de l'opinion publique.

En vérité, ce qui est intéressant et assez nouveau, c'est que Gabriel Attal, parce qu'il est ce qu'il est, très jeune, très propre sur lui, très bien élevé mais porteur d'un charisme personnel peu ordinaire, a provoqué une sorte de haine assez irrationnelle. À écouter l'opposition politique clamée ou murmurée, le nouveau Premier ministre est jugé trop brillant, trop talentueux et un peu usurpateur puisque certains sont allés jusqu’à lui reprocher de ne pas avoir le cursus classique de l'élite française. Le malheureux n’a fait ni polytechnicien ni l’ENA, il n’a fait que Sciences Po. Sous-entendu, il ne mérite pas d’être là où il est. Le talent que tout le monde lui reconnaît serait donc un marqueur d'illégitimité.

La critique est d’autant plus forte que la classe politique a du mal à la classer. Il a commencé à travailler à gauche, mais les premières mesures qu'il a prises sur l'école, par exemple, ont plus à la droite et même à l'extrême droite. Ce n’est pas la première fois qu'en France une majorité d’analystes manifeste ses réserves contre une élite qui serait "trop orthodoxe", mais quand Gabriel Attal donne l'impression de casser les codes et les clivages, rien ne va plus. Les boussoles politiques se dérèglent.

Les chefs d’entreprise ne sont pas surpris par ce type de réaction, car Gabriel Attal fonctionne un peu comme eux-mêmes. D'abord, il formule le diagnostic précis d'un dysfonctionnement et s'efforce de mettre en place le moyen de réduire ce fonctionnement. Bref, il se veut pragmatique et, si possible, efficace. C’est d’ailleurs un peu la méthode Bercy. Ce n'est pas une question de génération, car à Bercy, Bruno Le Maire, avec qui Gabriel Attal a travaillé, fonctionne de cette façon. Le ministre de l'Economie passe sa journée à faire que ça marche, il chasse les détails où se cache le diable. Ce qui trouble les professionnels de la politique, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de place à l'idéologie dans ce type de fonctionnement. Gabriel Attal ne se retrouve ni à droite ni à gauche. Il se retrouve face à un problème qui perturbe la vie des Français et essaie de le résoudre. Une telle démarche convient très bien aux chefs d'entreprise, dont l'obligation est de faire fonctionner leur organisation. Ils ne vont d'ailleurs pas tarder à transmettre un cahier de diagnostic et de doléances pour qu'il contribue à améliorer le fonctionnement du système.

La difficulté pour lui qui est en position de Premier ministre est double.

La première est qu'il aura besoin à un moment ou à un autre d’obtenir des autorisations législatives. Or là, rien n’a changé. La gouvernance française n'a toujours pas de majorité. Emmanuel Macron n’a pas de majorité au parlement. Les chefs d'entreprise le savent bien d'où l'impossibilité de présenter des réformes de structures.

La deuxième difficulté va être de gérer les égos, car le jeu politique, c'est aussi un jeu et une compétition d’égos. Or l'ego balise les chemins du pouvoir. Et le principal ego qu'il va falloir gérer n’est certainement pas celui des poids lourds du gouvernement qui sont par ailleurs intelligents, le principal ego à gérer va être celui du président de la République, son président.

Sur ces deux algorithmes, Gabriel Attal, malgré son talent, ne fera pas de miracle, ou alors il lui faudra des résultats au-dessus de tout débat. C’est bien pourquoi les chefs d’entreprises sont si discrets et réservés.

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