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L’écologie saura-t-elle relever le défi d’un tournant réformiste loin des utopiques sirènes de la décroissance ? Emmanuel Macron a-t-il compris la nécessité de gagner cet enjeu salutaire ?
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Temps de l'action

Ce sont ses penchants gauchistes qui ont conduit Nicolas Hulot à claquer la porte de son ministère. François de Rugy saura-t-il relever le défi qu’il s’était lui-même fixé en 2015 : défendre une écologie sociale-démocrate plutôt que révolutionnaire ?

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Courage, lâcheté ou erreur de casting?  Et si la démission surprise et peu fair play de Nicolas Hulot, annoncée en direct le 28 août dernier au micro de France Inter, faisant de son départ une affaire politique, relevait tout simplement d’une crise gauchiste ?

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’affirmation tonitruante et peu amène du jeune sniper mélenchoniste, Adrien Quatennens, chez Jean-Jacques Bourdin ce week-end, qui n’a pas hésité à traiter François de Rugy d’ « écologiste de pacotille ».
Par ce qualificatif peu flatteur, le député du Nord de la France Insoumise voulait faire entendre que l’écologie est et doit rester chasse gardée de la gauche-gauchiste qu’il représente, et que le Parti Europe Ecologie les Verts (EELV) soutient. 
La nomination de François de Rugy au poste très convoité de ministre de la Transition écologique, en dit beaucoup plus qu’on ne le croit sur la nature politique de l’écologie française.
Unique parti écologiste jusqu’aux élections régionales de 2015, pour EELV l’écologie est incompatible avec une politique libérale. On se rappelle la sortie anarchiste du gouvernement sous Hollande de l’ex-ministre écologiste Cécile Duflot motivée par une alliance électorale très dogmatique avec le Front de Gauche, le PC et le NPA pour les élections Régionales la même année.
A l’époque cette posture anti-réformiste et décroissante avait entrainé une scission au sein des Verts dont François de Rugby, Barbara Pompili et le malheureux Jean-Vincent Placé formaient les têtes de prou. Force est de constater que le petit navire Union des Ecologistes (UDE) qu’ils avaient créé, a désormais conduit l’un de ses capitaines au poste le plus convoité de l’écologisme.
Mais il faut voir aussi dans cette nouvelle trajectoire en solo le symptôme récurrent de l’incapacité crasse des partis écologistes français à exister durablement et à devenir une force crédible dans la vie politique. Ceux-ci demeurent en effet incapables de porter de vrais projets, englués qu’ils sont  dans un anti-capitalisme qui les empêche de concilier l’écologie et l’entreprise, hors de quoi pourtant, aucune avancée réelle n’est possible.
On aimerait que sur ce point l’idée d’innovation, chère à Macron durant la campagne présidentielle l’emporte, chez les écolos, sur celle de décroissance. On souhaiterait une écologie qui s’appuierait sur les industriels pour faire avancer concrètement sa cause.
Mais comme on l’a vu récemment dans l’affaire de l’aéroport de Notre Dame des Landes, et hier après l’évacuation de le ZAD de Kolbsheim, près de Strasbourg, les zadistes mènent la danse. Et la démission d’Hulot n’est pas faite pour les décourager.
Les occupations illégales, sous formes de ZAD se multiplient en France. On en compte aujourd’hui une cinquantaine, dont une douzaine menaçant de dégénérer en des soulèvements violents contre les forces de l’ordre pouvant durer des semaines, comme on l’a vu à Nantes. Alors même que leur cause l’avait emporté contre le vote majoritaire des citoyens de la région lors d’un referendum organisé par le gouvernement précédent. 
Le succès de ces mouvements à caractère réactionnaire est à mettre au compte de ce gauchisme anticapitaliste, fonds de commerce des partis godillots successifs ayant historiquement mis leur écologisme populiste au service du Parti Socialiste. Ils lui ont en effet apporté régulièrement leurs voix lors d’alliances électorales de second tour, en échange de postes et de prébendes diverses.
Et les luttes intestines et les combats de chefs ont émaillé dès les premiers instants l’histoire de l’écologie française au contraire de l’ Allemagne et des pays du Nord. 
L’erreur de Macron comme des Présidents de la République l’ayant précédé aura peut-être été de participer à cette farce, en nommant le populaire Hulot à la tête d’un ministère qui submergea son ministre. Incapable d’accepter les compromis indispensables pour mener à bien des négociations incontournables en vue, in fine, de faire avancer la cause de l’écologie. 
Mais surtout le Président avait-il bien pris conscience de l’ancrage résolument gauchiste de l’ex-animateur télé, lequel avait soutenu les zadistes ? 
Erreur de casting d’un Président de la République qui s’appuie un peu trop sur le charisme et la communication pour convaincre les Français de soutenir son action ?  La voie du libéralisme mou qu’il emprunte a contrario des choix drastiques du candidat de la Droite évincé de la complétion présidentielle de 2017, semble transformer le « ni droite ni gauche » d’Emmanuel Macron en un « ni fait ni à faire ». 
Espérons que le nouveau ministre de l’écologie saura faire preuve quant à lui de plus de ténacité et de sens du réel que son éphémère prédécesseur Nicolas Hulot.

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