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Karl de Habsbourg reprendrait bien un peu d'Autriche...
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Eternel retour ?

Otto de Habsbourg est mort : Vive Karl de Habsbourg ! En voyant la ferveur d’un million d’Autrichiens venus pleurer son père lors de funérailles nationales, Karl, ancien eurodéputé de 50 ans, caresserait l’idée de revenir en politique... Une idée grandiose selon Jean des Cars pour insuffler de l’histoire au cœur de l’Europe mise à mal...

Jean  des Cars

Jean des Cars

Jean des Cars est l'auteur de nombreux ouvrages sur les princes des grandes Maisons d'Europe, et en particulier la famille de François-Joseph Ier d'Autriche et d'Élisabeth de Bavière, dite Sissi. Il vient de publier : La saga des Habsbourg : Du saint empire à l'Union européenne (Perrin). 


 

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Atlantico : Certains prêtent au nouveau chef de la Maison Impériale et Royale, l’archiduc Karl, ancien député européen et âgé de 50 ans, l’ambition de tenir un rôle dans la vie politique autrichienne... Mais que reste--t-il de la dynastie des Habsbourg ?

Jean des Cars : Grâce à la personnalité exceptionnelle de l’archiduc Otto, que j’ai bien connu, les Habsbourg n’ont jamais été effacés de l’histoire européenne. Contrairement aux autres dynasties foudroyées par la Première Guerre Mondiale et surtout les calamiteux traités de paix de 1919 (Versailles et les conventions connexes), le nom des Habsbourg a survécu et survit toujours non seulement dans la mémoire de l’Europe mais aussi dans son actualité. Otto, celui qui n’a jamais régné, ne s’est pas contenté d’être un héritier.Il fut aussi un acteur et un visionnaire de la défense puis de la reconstruction si laborieuse d’une Europe fracassée et livrée aux dictatures. Le prince défunt, banni et sans aucun moyen, fut le premier à avertir les démocraties occidentales qu’Hitler, qu’il a toujours refusé de rencontrer, voulait la guerre pour se venger du « diktat de Versailles ». On l’écouta peu. Otto fut aussi celui qui devina les machinations de Staline qui, en 1944, profitait de son statut d’allié et de vainqueur pour soumettre notre monde au joug communiste. Otto a dénoncé le piège. La fin de la répression stalinienne, la chute du Mur de Berlin et la paix en Europe, donc notre liberté, lui doivent beaucoup.Enfin,après des années d’exil et de gêne, pendant vingt ans, le « Dr Habsbourg », comme il se faisait appeler simplement, fut un député européen particulièrement actif. Un modèle. Son fils a pris la relève pour rappeler que l’ Europe est un formidable mélange de traditions, de convictions, d’histoire, d’art. Je ne puis croire qu’il ait une vision différente de celle de son père qui me répétait : « Pour être un bon Européen, il faut d’abord être un bon patriote, c’est à dire assumer son passé, tout son passé ». Otto ajoutait : « Qu’est-ce qu’un conservateur ? C’est quelqu’un qui réalise les promesses que d’autres ne tiennent jamais par idéologie. »


Par exemple, Karl serait-il favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne ?

Il faudrait lui poser la question mais à mon avis, sa réponse serait négative. Ce serait introduire des millions de musulmans en Europe car il suffit de se rendre à Istanbul, pourtant en « Turquie d’Europe » et d’où je reviens, pour constater, sans aucun procès d’intention ni préjugé, que les femmes voilées sont beaucoup plus nombreuses qu’il ya vingt ans. La laïcité prônée par Ataturk n’est plus de mode...

L’Autriche, qui est une République, pourrait-elle admettre qu’un Habsbourg joue un rôle déterminant dans sa vie politique ?


Otto avait renoncé à toute prétention dynastique. Mais ses enfants et neveux sont, depuis longtemps, engagés dans diverses activités publiques importantes. Gyorg, 46 ans, frère de Karl, est représentant spécial de la Hongrie auprès de l’Union Européenne. Sa sœur Walburga, 52 ans, est membre du Parlement Suédois. Gabriela, 55 ans, est diplomate en poste à Berlin. D’autres sont ambassadeurs de l’ Ordre de Malte et toutes et tous mettent en pratique cette conviction d’Otto : « Ma patrie, c’est l’ Europe. Notre continent est celui de la culture et de l’esprit ».  Je vous rappelle que Vienne, depuis les années vingt,est sensible au socialisme tandis que dans les provinces et les campagnes, comme par exemple le Tyrol demeuré très monarchiste, le nom de Habsbourg est un symbole fort et respecté. L’essentiel est de se souvenir qu’Otto résume, à lui seul, le XX° siècle, ses tourments, ses tragédies puis ses espoirs. Le prince disparu, est, qu’on le veuille ou non, une page d’histoire qui s’est achevée. J’ai beaucoup apprécié, parmi les hommages officiels, la décision du Président de la République, Nicolas Sarkozy, d’élever, à titre posthume, l’archiduc à la dignité de Grand - Croix de la Légion d’honneur pour sa contribution exceptionnelle au rapprochement franco - allemand. Pour moi, ce n’est pas un hasard si l’archiduc disparaît au moment où l’ Europe technocratique ne passionne personne.

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