Trichet : la postérité dira-t-elle que c’est lui le sauveur de l’Euro ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Claude Trichet compte parmi les pères fondateurs de l’Euro.
Jean-Claude Trichet compte parmi les pères fondateurs de l’Euro.
©Reuters

BCE en deuil

Fin de mandat à la présidence de la Banque centrale européenne ce lundi pour le Français. Souvent critiqué depuis son entrée en fonction en 2003, son bilan pourrait être finalement réévalué.

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Directeur du Trésor en France au moment de la signature du traité de Maastricht, Jean-Claude Trichet compte parmi les pères fondateurs de l’Euro.

Devenu président de la BCE (banque centrale européenne), il a toujours raisonné en européen : aux Français s’indignant de ses prises de parole internationales en anglais, il a répondu en 2004 : « I am not a French man » ; aux Allemands l’accusant de laxisme en 2011 dans sa politique de rachat de dette publique, il a répondu que durant son mandat, l’inflation moyenne avait été de 2% par an, accomplissement quasi parfait de ses objectifs dont aucune banque centrale, pas même la Bundesbank, peut s’enorgueillir.

Mais il a surtout défendu l’Euro, en alliant un mélange de pragmatisme et d’affirmation de strict respect des principes monétaires sur lesquels est assise la construction européenne. C’est ainsi qu’en août 2007, au tout début de la crise des « subprimes », il a immédiatement organisé le refinancement des banques avec pour objectif que jamais la zone Euro ne connaisse un drame de l’ampleur de Lehman brothers ou de Northern Rock.

En 2008, il a été un des piliers de la mise en place des garanties apportées aux banques par les États, pour éviter que la déroute bancaire américaine ne devienne une crise systémique mondiale.

A partir du déclenchement de la crise des finances publiques en Europe à la suite de l’abaissement de la note grecque, il a défendu contre vents et marées la ligne la plus souple et la plus cohérente, reposant sur trois types d’action :

  • à court terme, un financement des dettes publiques par la BCE pour éviter tout risque de défaut, et donc empêcher l'explosion des taux d’intérêt sur certaines dettes, qui aurait rendu leur charge pour les États concernés totalement insoutenable,
  • à moyen terme, un renforcement de la logique des solidarités européennes, qui s'est traduit par la défense du principe d’un ministre européen des finances, une concertation renforcée des autorités budgétaires des différents pays et un plaidoyer contre l’intervention d’acteurs extérieurs comme le FMI (fonds monétaire international),
  • à long terme, un développement économique des pays de la zone Euro dans le sens d’une plus grande liberté économique, permettant de rapprocher les conditions de fonctionnement de la zone Euro des critères de la zone monétaire optimale. C’est ainsi que dans sa lettre à l’Italie sur les modalités de rachat de sa dette, la BCE a rappelé la nécessité d’accroître la flexibilité du marché du travail, de façon à maintenir la compétitivité de l’économie de ce pays.

    Enfin, pendant son mandat, la crédibilité de l’Euro sur le marché des changes n’a cessé de se consolider. En 2010, les émissions obligataires en Euro ont été au même niveau que celles en Dollar, et ce malgré les turbulences qui frappaient l'Europe. Malgré l’irrésolution affichée par les leaders européens, le taux de change de l’Euro contre le Dollar est resté stable.

    Dans une période où le doute s’est installé quant à la volonté de certains dirigeants européens de conserver l’Euro, la détermination de Jean-Claude Trichet a constitué un élément de confortation de la devise européenne, qui l’a fait passer du statut de fondateur à celui - relatif - de sauveur.

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