"Jacques de Bascher" de Gabriel Marc : l'amant terrible - confidences et décadence<!-- --> | Atlantico.fr
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La pièce "Jacques de Bascher" de Gabriel Marc se joue au Théâtre de la Contrescarpe à Paris.
La pièce "Jacques de Bascher" de Gabriel Marc se joue au Théâtre de la Contrescarpe à Paris.
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La pièce "Jacques de Bascher" de Gabriel Marc se joue au Théâtre de la Contrescarpe à Paris.

Rodolphe  de Saint Hilaire pour Culture-Tops

Rodolphe de Saint Hilaire pour Culture-Tops

Rodolphe de Saint Hilaire est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

  • Dandy raffiné ou gigolo dépravé ? Qui était  donc ce Jacques de Bascher, dont le nom est resté trop souvent ignoré du grand public, mais dont la figure et les frasques ont longtemps marqué les esprits branchés ou  simplement curieux ? 
  • Car cet homme hors norme, papillon de nuit extraverti et provocateur, esthète et mondain à la fois,  navigant entre Le Sept de la rue Sainte Anne et Le Café de Flore, était avide de plaisirs et de sensations fortes. Mais pas seulement : il fut avant la lettre une  sorte “d’influenceur en circuit fermé“, la muse des plus grands créateurs. 
  • Cynique et jouisseur, il  a compté plus qu’aucun  autre, et follement,  dans la vie de deux monstres sacrés de la création artistique et de la mode, non pas tour à tour mais en même temps ! Oui, Jacques de Bascher (de Beaumarchais - ajoutait-il) était gay, un gay par plaisir, un gay qui s’assumait et séduisait jusqu’au drame. 
  • Illustration sur les planches, tout de suite. Le décor est planté. D’emblée, on est plongé au cœur de l’intime de Jacques, chez lui, dans sa salle de bains aux fonctions multiples. La baignoire sert à tout : fauteuil-confidence ou de repos. Lumière fluo, musique seventies, vidéo défilé de mode et surtout le téléphone-répondeur, accessoire essentiel ce soir. Tout est prêt pour écouter le bilan de sa vie.
  • Mais… commençons plutôt par la fin : Jacques de Bascher laisse un message sur répondeur à son amie de toujours (qu’il a failli épouser), une femme milliardaire icône des fêtes mondaines parisiennes dans les  années 70, la fameuse Diane de Beauvau-Craon. Il lui annonce, venant de recevoir les résultats  du labo : « Voilà je l’ai… [le sida], tu devrais vérifier toi aussi… »                                                                                    • Dès lors, tout s’enchaîne : Qui mais qui, par qui ? Et puis qu’a-t-il fait de sa vie ?  Il va mourir, mais surtout, que restera-t-il  de lui ?
  • Heureusement, chaque moment fort de son existence, ses souvenirs les plus précieux, ses conversations secrètes ou intimes sont enregistrées sur des cassettes qu’on écoute. Les regrets et remords s’enchainent. Son désespoir se mêle à ses souvenirs d’extases. Yves, son amant déchainé et maintenant enchainé (Saint Laurent), hante ses nuits, Karl (Lagerfeld), son compagnon protecteur depuis quinze ans, ne répond plus. Warhol n’est plus là. En fait tout le monde, amants, amis, compagnons de débauche, tous ont disparu de sa vie !  

POINTS FORTS

  • L’interprétation “haute couture“ de Gabriel Marc : beau, élégant, distingué, il a tout pour séduire, à l’instar de Jacques de Bascher lui-même. Il est Jacques, et Jacques c’est lui. Son magnétisme est saisissant.
  • Le numéro de danseuse-entraineuse de cabaret en guêpière et bas résille, juché sur talons aiguille est irrésistible.
  • Son air de fauve traqué en attente du coup d’un fil salvateur est émouvant. Gabriel Marc, alias Jacques de Bascher, a une présence folle, sans mauvais jeu de mots.
  • Le texte surtout, lorsqu’il évoque avec une délicate précision les relations de Jacques avec son Yves, le pauvre Saint Laurent, esclave de son corps, est ciselé. On apprécie le contraste entre le directeur artistique de Chanel surnommé le “Kaiser“, dur et froid comme l’acier, et le créateur de génie tout en sensibilité, être faible et doux sur une pente glissante, sauvé in extremis par  son mécène bafoué mais bien avisé (Pierre Bergé).

QUELQUES RÉSERVES

  • Sur le plan artistique, aucune. 
  • Sur le plan moral ? Le spectacle est parait-il interdit aux moins de seize ans : c’est exagéré et inopportun.

ENCORE UN MOT...

  •  Ce seul en scène plein d’humour (oui, osons..) malgré sa fin dramatique parlera à tous ceux qui ont approché la mode de près ou de loin, à l’époque de ses “monstres sacrés“.
  • Pour les autres - amoureux du théâtre, des seuls en scène, et curieux du phénomène des “influenceurs“ en particulier - il nous est apparu nécessaire de faire au tout début de cette chronique une présentation du héros. Citons aussi, en complément, Jacques de Bascher, dandy de l’ombre, le livre très éclairant de Marie Ottavi (Seguier éditeur, 2017), journaliste à Libération.

UNE PHRASE

« La décadence est un mouvement très beau, très lent. Il peut s’agir d’une forme de suicide dans la beauté, une beauté tragique Certains diront que je n’ai pas de morale. C’est faux, j’ai la mienne. Elle est juste à partager avec tout le monde. La seule chose qui compte pour être heureux avant de quitter la surface de cette terre c’est le succès et la gloire."

L'AUTEUR

  • Gabriel Marc est un jeune artiste-interprète, fou de  mode et de théâtre. A vingt ans, en 2012, il commence des études de théâtre, mais fréquente pendant trois ans les ateliers de haute couture de la Chambre syndicale de la couture et les défilés de mode.
  • Il a, encore très jeune,  joué dans quelques films, pour le cinéma et des courts métrages (Dix fois l’Amour de Muriel Belli, Un Bon pour la mort, Vous avez 5 minutes…). 
  • Amoureux du travail de “monsieur Saint Laurent“, Gabriel Marc est amené à concourir à l’improviste et pendant sept minutes pour un Seul en scène, au Palace.  Il interprètera le personnage de Jacques de Bascher dans cet Amant terrible (titre provisoire !) qu’il venait d’écrire. Il accéda à la finale. Le lendemain le “Kaiser“ tirait sa révérence…

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