Jackson Hole : les banquiers mondiaux attendent que les responsables politiques fassent leur travail<!-- --> | Atlantico.fr
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La réunion annuelle des banquiers centraux est toujours très attendue par les gouvernements occidentaux. Les banquiers centraux, de leur côté, ont rappelé les responsables politiques à leurs responsabilités d'assumer les transitions incontournables.
La réunion annuelle des banquiers centraux est toujours très attendue par les gouvernements occidentaux. Les banquiers centraux, de leur côté, ont rappelé les responsables politiques à leurs responsabilités d'assumer les transitions incontournables.
©CHIP SOMODEVILLAGETTY IMAGES NORTH AMERICAGetty Images via AFP

Atlantico Business

La réunion annuelle des banquiers centraux est toujours très attendue par les gouvernements occidentaux. Les banquiers centraux, de leur côté, ont rappelé les responsables politiques à leurs responsabilités d'assumer les transitions incontournables.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La gestion monétaire est évidemment incontournable, nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. L'écosystème dépend avant tout des politiques économiques mises en place par les gouvernements. En d'autres termes, les enjeux de la transformation de l'économie mondiale imposent aux responsables politiques de prendre leurs responsabilités.

C’est un peu le message des banquiers centraux envoyé de Jackson Hole aux gouvernements ce week-end. On attendait du symposium annuel des banquiers centraux des signes forts et des projets pour ranimer l'économie mondiale et l'empêcher de tomber en récession. La réponse des banquiers centraux a été d’annoncer qu’ils allaient attendre que les politiques commencent à y voir clair sur la nécessité des changements structurels. Tout est dit.

Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (en photo ci-dessus), a donné le ton : « Nous allons poursuivre nos efforts jusqu’à ce que le travail soit terminé ». Le rôle du banquier central est de combattre l'inflation... sous-entendu que cette mission n'est pas achevée... sous-entendu que l'on ne peut pas encore relâcher la bride et baisser les taux. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a un peu rajouté en rappelant que le rôle d'une banque centrale est d'assurer la stabilité des prix et qu'actuellement cette stabilité des prix n'est pas garantie.

En clair, et c’est le seul élément fortement exprimé à l'issue de cette convention, les taux d'intérêt resteront sous surveillance très restrictive tant que l'inflation ne sera pas revenue à l'objectif de 2%, qui est le niveau de consensus fixé par toutes les banques centrales. Les taux peuvent donc encore monter dans les mois qui viennent. Ce qui est intéressant dans les travaux des banquiers centraux, c’est qu'ils assument totalement le fait qu'une telle politique restrictive peut avoir des effets pervers sur la croissance par le refroidissement de l'activité... mais ils considèrent aussi que le fait que les gouvernements ne veulent pas acter le fait qu’ils sont, aussi un peu (beaucoup) même responsables de l'inflation.

Alors, certes , les banquiers centraux s'abstiennent de tout jugement de valeur... mais quand ils insistent sur la nécessité d'opérer des changements structurels, ils signalent très clairement que les États seraient dans leur rôle d'agir sur les réformes de structures. Qu'il y ait une indépendance forte du pouvoir monétaire par rapport au politique, c’est une évidence que personne ne remet en cause, mais cela suppose aussi que dans ce modèle, le pouvoir politique agisse lui-même là où il peut et doit le faire et ne se défausse pas de ses responsabilités sur le pouvoir monétaire.

Dans la plupart des pays développés gouvernés dans le respect des valeurs de la démocratie, l'État a un pouvoir régalien, il a un pouvoir de régulateur pour garantir un écosystème qui favorise le fonctionnement loyal et équitable de la concurrence sur le marché, l'État peut aussi avoir un rôle d'investisseur dans les secteurs où le marché est inefficace, et protecteur pour réduire certaines injustices et inégalités flagrantes... Mais au-delà de toutes ces missions d'intervention, on attend de l'État qu'il crée les conditions de la croissance, ou du moins qu'il ne les détériore pas, ce qui arrive parfois. Quand les budgets sont en déficit chroniques , et qu’implicitement on se tourne vers les banquiers centraux pour qu’il apportent des moyens de financement, on se dédouane mais on ne règle pas le problème.

Pour décrypter les propos de Mme Lagarde, les fonctions principales de l'État sont finalement de prendre en compte la nécessité de favoriser les grandes mutations.

Ces grandes mutations sont inévitables ; elles portent aujourd'hui sur l'offre digitale, sur les transitions énergétiques, sur la nécessité de trouver des alternatives aux matières premières en risque de pénurie, mais aussi aujourd'hui, la transition écologique.

Ce n'est pas aux banques centrales de s'occuper de toutes ces mutations... mais c'est a priori aux États de savoir que ces grandes mutations sont génératrices d'inflation et que le système doit en tenir compte. Les banquiers centraux ne sont pas là pour corriger ce que les États ont fait ou pas fait... ils sont simplement là pour prendre en considération l'effet et pas la cause. Les causes de l'inflation proviennent de l'action des États. Moralité : les États, quels qu'ils soient en Amérique ou en Europe, doivent savoir que la guerre en Ukraine, la guerre du pétrole ou du gaz que l'on se livre en marge du conflit avec les Russes, l'arrogance chinoise, tous ces phénomènes-là sont très inflationnistes. Et par le biais de l'inflation, ils provoquent une déstabilisation des gouvernances occidentales. Contrairement à ce qui peut se passer en Europe, les Russes et les Chinois ont beaucoup de façons de gérer leur inflation. Que toutes ces façons autoritaires et violente soient possibles dans un état de droit..( c’est-à-dire démocratique ), se révèle plus compliqué à admettre.

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