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Récession : qui seront les premières victimes ?
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Ceinture serrée

Selon une étude publiée par l’INSEE ce vendredi, la France devrait connaître une récession à la fin de l'année 2011 et au premier trimestre de l'année prochaine. Si celle-ci devrait toucher tout le monde, certains la subiront plus que d'autres.

Jean-Luc Gaffard

Jean-Luc Gaffard

Jean-Luc Gaffard est économiste au sein de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Professeur à l'Université de Nice - Sophia Antipolis, il est membre Senior de l'Institut Universitaire de France.

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Atlantico : Selon une étude publiée par l’INSEE ce jeudi, la France devrait connaître une récession à la fin de l'année 2011 et au premier trimestre de l'année prochaine. Selon vous, qui va être touché en priorité ?

Jean-Luc Gaffard : Tout le monde ! Il est clair que nous sommes en présence d’une récession généralisée. La France entre en récession mais les autres pays aussi vont voir le PIB diminuer, y compris l’Allemagne. Cela signifie que globalement le pouvoir d’achat va être restreint, les demandes intérieures restreintes tout comme les importations des autres pays. La conséquence est que tout le monde va être touché, autant l’individu que l’entreprise.

Mais concrètement, comment  la récession va-t-elle impacter l’économie française ?

Il s’agit de regarder par quel canal les restrictions devraient passer. Je pense qu’aujourd’hui, indépendamment des restrictions budgétaires qui vont être généralisées à l’ensemble de l’Europe, nous voyons apparaître des tensions sur le marché interbancaire. Aujourd’hui les banques doivent se recapitaliser, elles sont confrontées aux risques associés aux dettes souveraines. Pour rétablir leur rapport entre actif et passif, elles doivent réduire les crédits qu’elles accordent aux clients finaux, les ménages et les entreprises. De plus le marché interbancaire recommence à poser problème. Les banques ont de plus en plus de réticences à se prêter entre elles. Cela n’arrange en rien la situation.

S’agissant du crédit aux entreprises, ce sont plutôt les petites entreprises et les PME qui vont être touchées par ce « Credit Crunch ». Ayant un moindre accès aux crédits, ces entreprises vont devoir réduire l’investissement, et par la même occasion, leur activité.

Le chômage devrait donc logiquement continuer d’augmenter, et même plus rapidement.

Quels devraient être les secteurs les plus touchés pas la crise ?

Si l’on considère une réduction du crédit bancaire aux ménages, les secteurs qui devraient être les plus principalement touchés sont l’automobile (90 % des automobiles sont achetées à crédit), l’équipement ménager qui donne aussi lieu à beaucoup d’achats à crédit et puis l’immobilier et les travaux résidentiels.

D’autre part, comme il faut envisager une baisse généralisée du pouvoir d’achat, l’ensemble des ménages vont réduire les achats qui leur paraissent moins prioritaire, ceux sur lesquels on peut réduire la demande, le petit équipement ménager, l’habillement et le secteur du tourisme et la restauration.

Cela va également impacter certains secteurs de la distribution. Quand on parle d’habillement, cela va bien-sûr affecter les producteurs, mais ils sont principalement à l’étranger. Les distributeurs devraient donc être les plus impactés par la récession.

Quelles régions de France devraient le plus s’inquiéter d’une récession ?

Il est très difficile d’imaginer qu’une région soit plus particulièrement touchée qu’une autre étant donné la diversification de notre tissu industriel. Les différences entre régions dépendent sans doute de leur spécialisation industrielle. Bien-sûr quand on parle du secteur automobile, on pense beaucoup à la Franche-Comté, au sud de l’Alsace, à l’ile de France et à la Bretagne qui devraient souffrir tout particulièrement. Une chute marquée de la production industrielle touchera particulièrement la Franche-Comté.

Mais l’un des aspects de la récession est surtout  la diminution des importations de nos principaux partenaires. Nous pouvons attendre en particulier une forte restriction des importations venant d’Italie compte tenue des différents plans de rigueur transalpins. De manière générale, les exportations vont diminuer. C’est un phénomène qui impactera logiquement les secteurs et les régions qui sont exportateurs en priorité vers les pays européens, ce qui concerne la plupart des secteurs et régions en France.

Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud

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