Industrie : mais pourquoi la France s’acharne-t-elle à fragiliser la voie originale (et efficace) qui était la sienne?<!-- --> | Atlantico.fr
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La production électrique de la France est décarbonée à plus de 90%.
La production électrique de la France est décarbonée à plus de 90%.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Avenir de l'industrie en France

Notre production électrique émet près de 10 fois moins de CO2 par kwh que nos voisins allemands.

Gérard Buffière

Gérard Buffière

Gérard Buffière est ex-directeur général d'Imérys, ancien élève de l'Ecole polytechnique, titulaire d'un master of sciences de l'université de Stanford et diplômé de la Harvard Business School. 

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Bernard Kasriel

Bernard Kasriel

Bernard Kasriel est un ancien élève de l’Ecole Polytechnique, ex-directeur général de Lafarge et ex-administrateur de sociétés du CAC 40 et du NYSE

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On peut tirer deux enseignements des auditions, parfois consternantes, tenues par la Commission d’enquête parlementaire visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France.

D’abord que l’évolution de notre mix énergétique, et en particulier électrique, est un enjeu de très long terme. De mauvaises décisions prises aujourd’hui n’auront des effets négatifs clairement visibles que dans longtemps…mais il faudra aussi très longtemps pour les corriger.

Ainsi 2050, c’est demain.

Et aussi que lorsque l’idéologie veut au nom du progressisme ignorer la technologie et même les lois de la physique, ce sont toujours la technologie et la physique qui l’emportent à la fin.

Après l’abandon du nucléaire, l’Allemagne s’est lancée dans une fuite en avant, une course folle et ruineuse : il lui faut toujours plus de centrales à gaz pour assurer les besoins de l’électrification du pays et encore plus d’éoliennes et de panneaux solaires pour décarboner une partie de son électricité.

Cela devrait la conduire à multiplier par 5 la puissance totale installée entre 2021 et 2045 pour une demande qui aurait seulement doublé.

Au prix d’investissements colossaux, elle crouleraainsi sous une surproduction très chère d’électricité intermittente, qu’elle ne peut consommer et continuera à émettre du CO2 (qu’elle remplacera par de l’hydrogène vert, c’est promis).

L’Allemagne est peu endettée, son budget est en excédent, son industrie est puissante, elle peut sans doute se permettre ces extravagances. Et puis, c’est son problème !!!

Mais pas le nôtre.

Nous partons d’une production électrique décarbonée à plus de 90%.

Il est certes impératif de redresser notre production nucléaire, qui nous fait payer chèrement un long désamour. Mais nous avons toutes les compétences pour qu’un nouveau nucléaire performant assure une bonne part de nos besoins futurs d’électricité. Il peut le faire avec des investissements et un coût de l’électricité beaucoup plus bas que le modèle allemand, comme la France en a bénéficié pendant de nombreuses années. 

Et si de nouvelles technologies, aujourd’hui inconnues, rendent faisable du stockage de masse d’électricité, il sera bien temps de construire des éoliennes et des panneaux solaires puisque, de toutes manières, ceux que nous avons déjà construits et que nous pourrions construire demain seraient alors arrivés en fin de vie. 

La transition énergétique n’est décidément pas un long fleuve tranquille ; ce que nous avons parcouru ressemble plus à une série de rapides parsemés de multiples embuches, qui risquent bien de fracasser notre barque.

Alors prenons le temps de les reconnaitre et de nous lancer prudemment dans cette aventure.

Y a-t-il vraiment urgence à prendre des risques considérables sur notre mode de vie, notre pouvoir d’achat et la compétitivité de la France ? 

Notre production électrique émet près de 10 fois moins de CO2 par kwh que nos voisins allemands.

Au total un Français émet en moyenne 4,5 T de CO2 par an. C’est, et de loin, le plus bas niveau des pays industrialisés (à l’exception de ceux à qui la géographie a offert un énorme réservoir d’énergie hydraulique : Norvège, Suède et Suisse)

Un Allemand en émet 75% de plus ; un Américain 3,3 fois plus …et chacun du milliard et demi de Chinois 70% de plus qu’un Français ! 

Nous n’avons certainement ni à avoir honte ni à culpabiliser de notre impact sur la planète. 

La France représente moins de 0,9% des émissions mondiales de CO2.Si elles s’arrêtaient demain, nous effacerions un peu plus de 6 moisnon des émissions mais de l’augmentation des émissions de la Chine et de l’Inde. Gaïa ne s’en apercevrait pas…mais nous si. 

Futurs énergétiques 2050 présente trop d’interrogations majeures pour être la base de notre transition énergétique, des futures lois qui la permettent et, en particulier de la future PPE.

Prenons le temps sur un sujet aussi déterminant que notre mix énergétique futur d’une réflexion, qui conduise à des choix qui assurent à court, moyen et long terme une France prospère, compétitive et souveraine, et qui contribue à une baisse des émissions de CO2.

Dans la trajectoire de son passé, la France peut continuer à suivre pour cela une voie originale.

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