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Sports collectifs : un pour tous ou chacun pour soi ?
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Foot, basket, tennis

Week-end sportif ce week-end avec la Coupe Davis, la Championnat d'Europe de basket ou la Coupe du monde de rugby. L'occasion de constater que la frontière entre l'esprit des sports individuels et collectifs est de plus en plus brouillée...

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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Tiens, je m’aperçois que je dévore tous les matins les aventures de mes sportifs préférés dans les colonnes d’un journal nommé… L’Équipe. Tout un symbole, ce vocable en forme de titre. Inspiré, le saviez-vous, au lendemain de la deuxième guerre mondiale par un certain Jacques May, l’un des fondateurs de l’Auto, ancêtre de la « Bible ». Aujourd’hui, le mot a tendance à se raréfier, à se galvauder, à se faire remplacer.

Depuis déjà un moment, on ne parle plus - ou moins - de l’équipe de France, mais des Bleus. Des Bleus, par exemple, de Tony Parker, ou de Franck Ribéry, ou de Sébastien Chabal, quand le barbu et chevelu en faisait encore partie. C’est plus simple et plus vendeur. Le collectif est devenu inintéressant pour un lecteur ou un téléspectateur à qui l’on vante de la « starification » à tout va. L’impersonnel, depuis la chute d’un certain Mur, n’est plus à la mode.

Sauf quand nécessité fait à nouveau loi. Alors, quand les individus paraissent limités, on nous jure que leur somme peut dépasser par une sorte d’alchimie miraculeuse leur simple addition de base. Du coup, les joueurs de Guy Forget qui vont ce week-end défier l’Espagne de la star par excellence Rafaël Nadal en Coupe Davis et qui passent leur année à batailler pour leur propre pomme sur le circuit, passent en mode « mousquetaires ». Eux, les Gasquet, Simon et consorts qui nous serinent du « moi je, moi je » à longueur de tournoi, se muent au discours kolkhozien en un tournemain. Tout pour le « nous ». Un pour tous et tous pour un. Un autre slogan en est même né récemment : « On vit ensemble, on meurt ensemble… » Le capitaine Guy Forget est devenu un artiste de cette gouvernance, quitte à parfois sacrifier les talents à l’esprit d’équipe, ou à éteindre habilement les ambitions trop personnelles.

En basket, la France en tant qu’équipe nationale n’a jamais existé. Seul en ressort ces temps-ci un élément exceptionnel. Au point que les médias nous servent pour leurs présentations ou compte-rendus du « Tony Parker et les Bleus se sont qualifiés pour les demi-finales de l’Euro… ».  En rugby, l’absence de star pour la Coupe du monde redonne un peu de liant aux Bleus, plus souvent appelés les hommes de… Marc Lièvremont, anti-star par excellence. Le sélectionneur s’est d’ailleurs échiné à retirer de sa liste des trente, sans trop de bruit, les « mauvais élèves », ou tout du moins les plus perturbateurs par leur aura ou leur influence sur le groupe : Chabal, justement, mais aussi Michalak ou Jauzion.  

Récemment, Laurent Blanc a brusquement tiqué face à des journalistes trop pressants au sujet de Samir Nasri, coupable de s’être livré à une critique, somme toute bénigne, à son égard. Le « Président » s’en est offusqué : « Je ne vous parlerai plus de cas individuels… » Comme si le principal était dans le « ils », pas dans le « je ». Ah, le fameux « cogito »… J’aurais payé cher pour un dialogue de vestiaire entre Blanc et Descartes…

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