Hidalgo et les quais de Seine ou le petit tyran de "l'urbanisme du sacrilège"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Hidalgo et les quais de Seine ou le petit tyran de "l'urbanisme du sacrilège"
©Reuters

Vallsette

Elle s'assied sur les avis défavorables mais ça commence à piquer. La colère des Parisiens risque d'être aussi brutale que le bilan de sa gestion.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

Voir la bio »

Le propre des politiques est d'aimer avoir raison, et par conséquent de ne pas aimer avoir tort. Mais on observera que dans la proposition qui précède, le fait d'éprouver du déplaisir quand on a tort n'écarte pas entièrement, du moins chez les gens normaux, la possibilité d'admettre, de temps en temps, que l'on se soit trompé.
Hélas, une famille de caractères sur-représentée en politique ne se contente pas de détester avoir tort, elle s'arrange pour avoir toujours raison, c'est à dire pour ne jamais admettre qu'elle se trompe. Anne Hidalgo réunit une commission qu'elle croit à sa dévotion, pour ménager l'illusion de la démocratie, mais à seule fin de s'entendre dire qu'elle est la plus belle, comme la méchante reine de Blanche neige. Or cette commission, comme le miroir rebelle du conte de Perrault, émet un avis défavorable alors qu'elle avait été programmée pour chanter ses louanges. La mairesse de Paris a longtemps fait partie d'un corps de fonctionnaires qui ont rarement tort, les inspecteurs du travail et qui donc ne l'admettent pas volontiers. Du coup, Anne Hidalgo annonce qu'elle instaure le 49.3 municipal et c'est tout juste si elle ne fait pas un bras d'honneur à propos des fameuses voies sur berge piétonnières, grâce auxquelles on pourra organiser des activités ludiques et toutes sortes d'animations signées LVMH sur les berges de la scène au lieu d'y faire passer les voitures. Les finances du petit Bahrein, du petit Doha, du petit Singapour qu'envisage de devenir Paris en reniant tout son passé de capitale historique au bénéfice de la fripe et du parfum, y trouveront nous dit-on grand avantage. Mais le peuple déjà chassé du coeur de la ville, déjà privé d'accès au centre, avec ses voitures et ses motos de pauvre, déjà verbalisé sans même qu'on le lui signale en déposant un papier sur sa voiture, le peuple méprisé, tout juste invité à prendre son RER pour boire un café à 4 euros sous un arbre en plastique en risquant une rafale de kalaschnikov au détour de chaque "espace ludique" sponsorisé, va finir par se rebeller bel et bien. L'avis défavorable sur lequel Anne Hidalgo a choisi de s'assoir risque cette fois de lui piquer les fesses. On va commencer à exhumer, y compris dans la presse à sa dévotion, qui est puissante et qui téléphone beaucoup, le bilan opaque de la gestion de Paris plages, souligné par la Cour des comptes en des termes tellement accablants qu'ils méritent d'être cités. 

Depuis la première édition en 2002, le chiffrage estimatif, présenté au conseil de Paris, se situe constamment dans une fourchette comprise entre 1,5 million et 2,2 millions d'euros.

Or, après examen de la gestion sur plusieurs années de cette opération, il apparaît qu’aucune évaluation véritable du coût réel de la manifestation n’a jamais été faite par les services.

En effet, la Ville de Paris n’a pas été en mesure de fournir une évaluation du coût des éditions de 2009 à 2011.

Pour 2012 et 2013, elle a produit un tableau très sommaire (15 lignes) présentant une estimation des coûts, au demeurant plus de deux fois supérieur aux chiffres communiqués aux membres du conseil de Paris et à la presse. Ce tableau était aussi discordant avec d’autres données émanant des services.

Un écart aussi net paraît s’expliquer partiellement par l’absence de prise en compte, dans les prévisions budgétaires, des charges de rémunération. Mais l’ignorance des coûts effectifs d’une opération aussi emblématique tient surtout à ce qu’ils sont éclatés entre plusieurs directions, aucune d’elle n’étant d’ailleurs chargée d’en établir le bilan financier à la clôture de chaque édition.


En d'autres termes, le ludique architectural, le festif institutionnel ont un coût, et quand les Parisiens vont s'apercevoir qu'on leur complique la vie pour les infantiliser par des animations en période de terreur, et pour alourdir leurs impôts toujours davantage alors qu'ils risquent d'être saignés, cette fois au sens propre, dans une queue de cinéma, ils vont monter à l'assaut de l'hôtel de Ville. Depuis Henri IV ils ont l'habitude. Comme en général les gestions désastreuses et prétentieuses sont encore moins pardonnées aux femmes, Ségolène Royal dont on attend toujours la plainte en diffamation au sujet des commentaires qu'a suscités sa gestion burlesque en Poitou-Charentes, devrait nous annoncer prochainement qu'elle se reconvertit dans le thriller économique et l'essai écologique encensé par le Point.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !