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Halte à une certaine dictature intellectuelle molle !
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Si vous voulez comprendre à quel point le débat intellectuel est bridé en France, lisez André Perrin. Vous allez être estomaqué.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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Livre

« Scènes de la vie intellectuelle en France »

d'André Perrin

Ed. L’Artilleur

L'auteur

André Perrin, agrégé de philosophie, ancien professeur de classes préparatoires, inspecteur d’académie, a enseigné la philosophie durant quarante-deux ans. Il écrit régulièrement pour la revue Mezetulle et pour le magazine Le Causeur. Dans le domaine de la philosophie, il a publié Pratique de la dissertation et de l’explication de texte en philosophie (Ellipses, 2016).

Thème

A-t-on encore le droit et la latitude de s’exprimer dans une France tenue la bride serrée par les porteurs d’idées toutes faites? Une interrogation audacieuse et à haut risque à en juger par les exemples donnés dans cet essai regroupant huit années de chroniques écrites par André Perrin entre 2008 et 2016.

Pour remettre l’église au milieu du village et les charlatans à leur place d’amuseurs publics, André Perrin mobilise ses connaissances du monde grec, de l’histoire des idées et des civilisations. Il s’ensuit non pas une charge mais une véritable remise à plat du fonctionnement même des débats quels qu’en soient les participants, les intérêts ou les positions idéologiques pour ne retenir que le juste et légitime désir de chacun d’exprimer, avec les mots qui lui conviennent, les idées qui sont les siennes. 

Cette halte à l’arbitraire des oukases est rendue nécessaire par la constatation d’une mainmise médiatique s’exerçant tant sur le langage que sur la pensée. Car c’est là, selon André Perrin que réside le danger : dans cette disqualification quasi instantanée mais définitive de tous ceux qui véhiculentdes concepts récusés par le politiquement-correct. Entre la compassion à tout va et la recension millimétrée de l’acceptable, les accros aux évangiles politiques dominants mènent le bal par un rapt du langage et de la sémantique. Aux prises avec un rocher de Sisyphe dont ni l’avenir ni le poids ne peuvent être conjecturés ou définis une fois pour toutes, hommes politiques et intellectuels sont les jouets d’une dictature de la pensée qui donne le « la ». En distribuant ses bons points et ses meilleures places aux élèves les plus dociles, l’armée des porteurs de bannières consensuelles conduit le bal des idées fausses. Une régression majeure que bien peu d’intellectuels se sont jusqu’ici risqués à dénoncer.

Points faibles

L’adjonction d’un glossaire n’aurait pas été superflue dans cet essai. Il aurait évité aux penseurs de tout poil de tomber sous le couperet de la guillotine médiatique. Au paradis des mots ou groupe de mots recommandés figureraient par exemple : droits de l’homme,cultures plurielles, racines identitaires, relativisme culturel, épouser son temps, repli identitaire, développement solidaire, développement durable, réalité mondialiste, égalité des chances, islamophobie ordinaire, discrimination, vérité du débat démocratique, manipulations, incitation(s) à la haine raciale, jeunes issus de l’immigration, pas d’amalgame, disqualifier, dérive autoritaire, mettre en péril la démocratie, quartiers sensibles, stigmatiser, exclusion, mise en échec scolaire, population carcérale, orientation sexuelle, prédateurs, théorie du genre, faire polémique, nécessaire confrontation, mutisme médiatique, dérive identitaire, prêtres pédophiles, manipulation de l’opinion, mariage pour tous, mixité sociale, sincérité des débats, exclusion, dialogue social, contre-offensive intellectuelle, interlocuteurs discrédités, mise en place d’une cellule psychologique, fachosphère, réseaux sociaux, dangerosité galopante, affinités politiques malodorantes etc...

En deux mots

Cadenassée par les medias comme c’était naguère le cas dans les prétendues démocraties populaires de l’est européenla liberté d’écrire ou de dire est occultée en France depuis des décennies par une farandole endiablée de bons sentiments, entraînant dans leur course jugements hâtifs et partis pris débouchant sur le culte de la pensée unique. Le cri d’alerte donné par cet essai ultra documenté et non dépourvu d’humour met en exergue une manipulation des esprits qui prive le pays de toute éthique véritable dès que se profile un débat politique, social, religieux ou culturel. A quand la prochaine Jacquerie ?

Une phrase

Ou plutôt deux extraits:

- "Ce qui ne laisse pas de surprendre et d’inquiéter, c’est de voir …des intellectuels qui, confondant la position du savant avec la posture du militant, inscrivent leur discours dans une logique de l’action, traitent leurs interlocuteurs comme des ennemis et s’emploient par divers moyens à rendre impossible un véritable débat.

-"Une autre façon de rendre impossible le débat intellectuel …consiste à disqualifier les mots qui sont utilisés par ceux dont on conteste les thèses et à chercher à en proscrire l’usage, ou inversement parfois à en prescrire d’autres, dont l’usage serait, lui, obligatoire…Il s’agit là d’imposer une « novlangue », ce qui peut se faire par voie législative ou, plus simplement et plus couramment, par la criminalisation médiatique des vocables jugés nocifs."

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