Guerre Obama/Romney : l'élection plus indécise que jamais<!-- --> | Atlantico.fr
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Au-delà des hommes, c’est à un choix de société que sont confrontés les Américains. Entre Obama et Romney l’opposition ne saurait être plus radicale.
Au-delà des hommes, c’est à un choix de société que sont confrontés les Américains. Entre Obama et Romney l’opposition ne saurait être plus radicale.
©Reuters

Trans Amérique Express

Qui sera le prochain président américain ? Impossible de le dire aujourd'hui. A 61 jours du scrutin, Obama et Romney sont à égalité parfaite. Même si le président sortant dispose d’un avantage au sein du Collège électoral.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Fascinante et indécise ! Telle est la campagne présidentielle américaine, désormais entrée dans son troisième temps. Après les primaires de l’hiver et du printemps, après les conventions de l’été, qui s’achèvent, voici le grand face à face de l’automne. Celui qui mène au scrutin du 6 novembre.

Fascinante, cette campagne l’est par son débat d’idées. La succession rapide des deux conventions, celle des républicains du 28 au 30 août et celle des démocrates du 4 au 6 septembre, vient de souligner des différences fondamentales entre les deux candidats dans la façon d’envisager l’avenir des Etats-Unis.

Indécise, parce que son issue demeure imprévisible ! A 61 jours du scrutin, personne ne peut dire avec certitude lequel des deux candidats va l’emporter. Les pronostics vont bon train. Mais ils sont aussi nombreux que contradictoires.

Pourtant le choix est clair. Au-delà des hommes, c’est à un choix de société que sont confrontés les Américains. Entre Obama et Romney l’opposition ne saurait être plus radicale. Il s’agit de choisir entre la consolidation de  « l’Etat Providence » mis en place dans les années trente par Franklin Roosevelt avec sa « nouvelle donne » ( New Deal, en anglais), et qui n’a cessé de s’étendre depuis, et son démantèlement, au moins partiel, au nom de la raison budgétaire et de l’intérêt économique…

Sur cette question l’Amérique est divisée en deux camps dont les forces sont comparables. Les « sociaux-démocrates » favorables à Barack Obama d’un côté et les « radicaux-républicains » soutenant Mitt Romney de l’autre. Reste un large groupe d’indécis au centre qui va des démocrates conservateurs aux républicains modérés en passant par les indépendants, et dont on ne sait s’ils choisiront de sanctionner Obama pour son mandat décevant, ou de rejeter Romney pour son plan de réforme trop radical…

Le 6 novembre les Américains se retrouveront dans une situation familière. Il s’agira d’accorder, ou de refuser, « quatre années de plus » (« four more years », comme le scandent les démocrates réunis en convention, à Charlotte, en Caroline du Nord) au président en exercice, Barack Obama. Une situation qu’ils ont connue sept fois déjà depuis 1950: en 2004 avec George W. Bush, en 1996 avec Bill Clinton,
en 1992 avec George Bush, en 1984 avec Ronald Reagan, en 1980 avec Jimmy Carter, en 1972 avec Richard Nixon et en 1956 avec Dwight Eisenhower.

Dans ce cas de figure, mettant un président sortant face à un challenger, il est habituellement possible, à ce stade de la campagne, de déceler une tendance. De sentir dans quel sens les débats vont pencher et de prédire, avec une relative confiance, l’issue du scrutin. Le bilan du président sortant est en effet connu et selon qu’il est positif, ou pas, on peut déterminer à l’avance le vote des électeurs. Grâce aux conventions, le challenger est lui aussi connu du pays entier. On sait si sa personnalité « accroche ». S’il séduit. Bref s’il a une chance !

Ainsi, en 1956, en 1972, en 1984 et en 1996, les observateurs savaient dès le début septembre que les présidents sortants seraient réélus. Sauf incident majeur. Tous avaient des bilans, économiques et politiques favorables. En 2004, les observateurs pressentaient aussi une victoire de George W. Bush. Malgré une marge plus mince entre lui et John Kerry. Non que son bilan fût particulièrement positif, mais la blessure du 11 septembre n’était pas cicatrisée, et une majorité d’Américains étaient encore rassemblés derrière leur président en guerre.


De même les observateurs savaient, en 1992, que George Bush serait battu. Parce que la tierce candidature de Ross Perot divisait le vote républicain. Et en 1980 ils savaient aussi que Jimmy Carter serait défait. Parce que son bilan économique et international était désastreux. Sa seule chance aurait été de dénouer miraculeusement la crise des otages américains de Téhéran qui tenait alors l’Amérique en haleine.

Cette année cependant rien de cela. Les pronostics de tous bords fleurissent. Mais ils sont discordants. Fin juillet, Michael Tomasky, un journaliste de Newsweek annonçait « une victoire triomphale d’Obama ». Début août Dick Morris, l’ancien conseiller de Bill Clinton criait fort de ne pas croire les sondages, ses propres sources lui indiquaient une victoire de Mitt Romney, parce que les « swing states » penchaient en sa faveur. Aujourd’hui le site Pollyvote, spécialisé dans les pronostics électoraux, annonce « un virtuel match nul » entre les candidats. Le 3 septembre un sondage du site Internet Real Clear Politics donnait en effet Mitt Romney et Barack Obama ex- æquo à 46% des intentions de vote !

Alan Lichtman, professeur d’histoire à l’American University de Washington D.C., se dit toutefois convaincu d’une victoire d’Obama. Il a établi un modèle à partir de treize critères, allant de la personnalité des candidats aux résultats des élections intermédiaires. Ce modèle, éprouvé à toutes les élections présidentielles depuis 1980, donne une victoire confortable au président sortant.

Au contraire un modèle économétrique mis au point par deux professeurs de sciences politiques de l’Université du Colorado, Michael Berry et Kenneth Bickers, et également infaillible depuis 1980, prévoit une victoire tout aussi large de Romney, avec 52,9% du vote populaire et plus de trois cents voix au Collège électoral !

Bref, difficile à ce jour de formuler un pronostic sûr.

Toutefois, si les candidats se partagent le vote populaire, le président sortant possède un avantage au sein du très déterminant Collège électoral.

Le scrutin présidentiel américain est un scrutin indirect. Le président n’est pas élu à la majorité du vote populaire. Mais par un Collège de « grands électeurs » désignés au sein de chaque Etat. Le candidat qui arrive premier dans un Etat s’adjuge les voix de tous les grands électeurs de cet Etat. Soit 55 en Californie, 38 au Texas, 29 en Floride, et seulement 3 au Wyoming, etc. Le nombre de grands électeurs d’un Etat étant proportionnel à sa population et identique à celui de sa délégation parlementaire. Il faut 270 voix au Collège électoral, sur un total de 538, pour être élu.

Sur la base des scrutins présidentiels de 2004 (Bush contre Kerry) et 2008 (Mc Cain contre Obama), ainsi que des sondages effectués depuis le début de l’année, Barack Obama peut compter sur les voix d’au moins 220 grands électeurs. Romney ne peut compter que sur un plancher de 190. Reste une centaine de voix à attribuer, celles d’une dizaine d’Etats dont le vote est indécis. Les fameux « swing states », ces Etats dont le cœur balance et qui feront pencher le curseur dans un sens ou dans l’autre. Romney doit donc emporter sept ou huit « swing states » pour être élu, quand Obama peut se contenter de l’emporter dans seulement trois ou quatre. Une tâche plus facile qui lui donne un avantage.

Parmi les cas de figure possibles, une victoire de Romney avec 270 voix contre 268 pour Obama! Ce serait la plus courte victoire de l’histoire américaine  depuis celle de Rutheford B. Hayes en 1876, qui l’avait emporté d’une voix au Collège électoral, 185 contre 184, à l’époque !

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