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Jé-sus Président ! A défaut, les catholiques passent les candidats sur le grill
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Grill catholique

A deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le blogueur catholique Koz passe quatre candidats (Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou) au crible de la pensée sociale de l'Eglise.

 Koz

Koz

Koz est le pseudonyme d'Erwan Le Morhedec, avocat à la Cour. Il tient le blog koztoujours.fr depuis 2005, sur lequel il partage ses analyses sur l'actualité politique et religieuse

Voir la bio »

Note :Pour une question de longueur, nous ne pouvons pas reproduire ici les 14 tableaux de l’analyse de Koz, vous pouvez en retrouver le détail ici si vous le souhaitez.Les thèmes qu'il aborde sont : La vie naissante, la famille, l'éducation, la jeunesse, les banlieues et cités, l'environnement, l'économie et la justice, la coopération internationale et l'immigration, le handicap, la fin de vie, le patrimoine et la culture, l'Europe, la laïcité et la vie en société, une note de gueule, ou de capacité.

Atlantico vous permet de découvrir son analyse sur les thème de l'éducation (page 2), l'environnement (page 3), l'économie et la justice (page 4), la laïcité et la vie en société (page 5) et la note "de gueule" (page 6). Les résultats finaux apparaissent en page 7.


C’est ballot, Jésus n’est pas dispo. Et à vrai dire, il est très porté sur la laïcité, et n’a eu de cesse de répéter que son « Royaume n’est pas de ce monde ». On lui aurait proposé le job qu’il l’aurait pas voulu, de toutes façons. D’autant plus que le poste se caractérise aussi par un champ de compétences particulièrement réduit comparé à sa position actuelle. Du coup, puisqu’il nous faut être lucide et bien comprendre que Jésus de revenir pour péter la gueule aux Romains actuels pour s’installer à la Présidence, la question se pose : pour qui dois-je voter, en tant que chrétien ?

Enfin, la question se pose, c’est vite dit. Qui donc se pose vraiment cette question ? Les chrétiens pourraient. Mais même parmi les chrétiens et, en leur sein, parmi les catholiques, probablement pas la majorité. Ma main à couper que nombre d’entre eux ont préalablement déterminé leur candidat préféré pour des raisons qui tiennent probablement davantage à leur histoire familiale, culturelle, sociale qu’à leurs convictions religieuses (celles-ci venant toutefois, on l’espère, irriguer le reste). Mais combien sommes-nous, une fois identifié ce favori, à confronter réellement cet a priori favorable à la pensée sociale de l’Eglise ? Et même, pour ceux que la question turlupine, combien d’entre nous s’arrangent avec une pensée sociale suffisamment open pour forcer, si nécessaire, la catho-compatibilité de leur candidat ? En poussant un peu, ça devrait bien finir par passer.

Le travail n’est de toutes façons pas facile : cette catho-compatibilité, comment la définir ? Il y a ceux qui se cantonnent aux fameux « points non-négociables » que seraient « le respect et la défense de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle, la famille fondée sur le mariage entre homme et femme, la liberté d’éducation des enfants ». Ne tournons pas autour du pot : ces points excluent le vote Hollande. Pour autant, comme je l’ai déjà écrit, je suis de ceux (avec Isabelle de Gaulmyn ou encore Monseigneur Vingt-Trois – cf à 17′) qui considèrent que si ces points sont déterminants, ils ne sont pas exclusifs pour autant. Un catholique ne peut pas borner son horizon politique au respect de ces trois points et refuser de réfléchir à l’ensemble restant du champ politique. Il faut, avec le Pape, leur adjoindre « la promotion du bien commun sous toutes ses formes ». Cela complique certes la donne  puisque le bien commun, c’est complexe. Mais la réalité, comme la vie, est complexe et il faut se méfier de la tentation de la réduire à des choix sommaires.

Dans cette optique de discernement, l‘initiative prise par des laïcs catholiques (deux, en fait) a obtenu un certain retentissement : la vidéo qui l’accompagne a été vue près de 55.000 fois (au 6 avril) et  elle a directement provoqué la publication d’un article sur un site pourtant peu calotin. C’est Rue89, qui a  »pensé savoir pour qui les évêques appellent à voter ». L’article suscite des réserves, apportées en commentaires, mais on doit reconnaître à Rue89 d’être l’une des très rares (la seule ?) publication hors du champ catholique à avoir accordé cette attention au document des évêques.

Parmi les réserves, il faut citer nécessairement l’absence de coefficient, alors que chaque électeur attribue une importance personnelle aux critères avancés et que les évêques renvoient explicitement à chacun la responsabilité de « hiérarchiser ces différents points en vue du vote ». C’est la raison pour laquelle je me suis intéressé à ce petit travail : que donnerait cet exercice, avec mes critères, et mes coefficients ?

La méthode elle-même rencontre d’autres limites, qui seront exposées en conclusion. Mais elle a éveillé ma curiosité…

Avant d’entrer dans ce petit jeu, un dernier préliminaire s’impose. Évoquant ce projet de billet avec mon curé, celui-ci m’invitait à réfléchir à cette question : « qu’est-ce qui nous autorise à nous poser en grand législateur, sur la base des évangiles et de nos propres critères éthiques et moraux, quand la majorité de la société ne s’y réfère plus ? »

Que les plus intégristes des catholiques et des bouffeurs de curé se rassurent : se poser la question ne nous interdit pas de parler. Pour ne pas allonger indûment ce billet-fleuve, je ne donne que deux éléments personnels de réponse :
- D’une part, je ne perdrai pas foi en l’Evangile et en la vérité du message qu’il porte, simplement parce que la société s’en écarterait
- D’autre part, notre parole est légitime chaque fois qu’une personne faible, pauvre, sans voix – qu’il s’agisse des sans-terres au Brésil ou des enfants à naître – chaque fois qu’un tiers est impliqué dans une décision de société. Ce n’est pas sans impact sur ce qui va suivre.

Education (coeff. 3)

L’éducation est une des expressions majeures du respect de la personne. Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents, la transmission à tous des savoirs essentiels, l’attention spécifique à ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, le respect de la liberté de conscience, des enseignements respectueux de la dignité et de la beauté de la vie humaine.

L’éducation est l’un des sujets sur lesquels il est malaisé d’attribuer une notation. Les critères énoncés sont peu discriminants et il serait hasardeux de prétendre que l’un ou l’autre porterait moins d’attention que l’un des autres aux critères mentionnés, à quelques nuances près.

Candidat

Position

Note

François Bayrou

Probablement plus enclin à préserver les "humanités", parties prenantes d'un développement intégral de la personne, ainsi qu'un enseignement "respectueux de la dignité et de la beauté de la vie humaine"

"La chronologie doit revenir dans l'enseignement de l'Histoire." (Rouen, 04.04.12)

+ 1,5

François Hollande

Faible confiance dans le "respect de la liberté de conscience" compte tenu de la laïcité combattante avancée et d'une propension de la gauche à se servir de l'Education Nationale pour transmettre des vues idéologiquement marquées.

+ 0,5

Marine
Le Pen

Faible confiance également sur le "respect de la liberté de conscience"... compte tenu du peu d'espoir à placer dans l'ouverture et la tolérance du Front National.

+ 0,5

Nicolas Sarkozy

Inquiétude relative à la transmission des savoirs essentiels : le traitement de certaines disciplines, et notamment la mise en option de l'Histoire-Géographie, laisse craindre une vision trop utilitaire de l'éducation (quand bien même elle se doit, aussi, d'être efficace)

Mise en place des internats d'excellence, proposition de la mise en place d'un uniforme scolaire (propice à l'égalité)

+ 1,5

Environnement (coeff 2)

La terre est un don d’amour fait par le Créateur pour que l’homme soit le gérant de ce bien donné. En l’invitant à dominer la terre, Dieu ne l’a pas invité à l’épuiser ou à la détruire. C’est pourquoi l’Église invite la société à promouvoir des modes de vie respectueux de l’environnement et à intégrer cette préoccupation dans le développement économique et social. Les prouesses techniques dont la société est capable sont à encourager si elles sont respectueuses de l’« écologie humaine » (Benoît XVI).

La question de l’environnement est généralement bornée, dans les comparateurs de programme, à la question de la sortie du nucléaire, ce qui paraît singulièrement réducteur.

Candidat

Position

Note

François Bayrou

«Le nucléaire, énergie de transition, constitue la solution pour encore trois à quatre décennies». Veut voter «une loi-cadre sur l’énergie qui pourra définir le mix énergétique qui aboutira à son terme à des énergies sans nuisances». (26.10.2011, Présentation de son agenda 2012-2020)

Soutien à une agence mondiale de l'environnement

+ 0,5

François Hollande

Réduire la part du nucléaire de 75 à 50%, fermeture de Fessenheim, poursuite du chantier de Flamanville

Taxe carbone aux frontières de l'Europe

Soutien à une agence mondiale de l'environnement

+ 0,5

Marine
Le Pen

Garder en vue une sortie du nucléaire, impossible aujourd'hui

Relocalisation sur le territoire national des forces de production des entreprises, dans le cadre de la politique de réindustrialisation de la France.

"Concernant le développement de nos PME, il s’agira de favoriser l’innovation écologique dans le cadre de la réorganisation de la production agricole et industrielle."

+ 0,5

Nicolas Sarkozy

Contre la sortie du nucléaire

Taxe carbone aux frontières de l'Europe

Soutien à une agence mondiale de l'environnement

Grenelle de l'environnement

+ 0,5

Economie et Justice (coeff 4)

Le travail demeure une nécessité fondamentale pour la structuration de la personne. C’est pourquoi l’objectif de toute politique économique doit être d’offrir à tous ceux qui se présentent, et en particulier aux jeunes, une perspective de travail et une véritable préparation à l’emploi. Une politique économique qui se résoudrait au maintien dans la dépendance vis-à-vis de l’État serait contraire à cet impératif. Les autorités publiques doivent créer les conditions d’une plus grande justice dans la vie économique en veillant à l’équité des salaires, des prix et des échanges. L’équilibre de la société exige la correction des écarts disproportionnés de richesse. Mais la société ne se limite pas aux échanges économiques. La gratuité qui est à l’œuvre dans la vie associative et culturelle est une des conditions de sa vitalité. L’État doit encourager et faciliter les citoyens à s’engager financièrement et personnellement dans des associations de tous ordres qui renforcent le tissu social.

Après de nombreuses tentatives, l’idée de neutraliser sauvagement cette rubrique m’a effleuré l’esprit. Est-il seulement envisageable de jauger de la compatibilité des programmes avec de tels critères ? Il est en outre difficilement envisageable de reproduire ici les prises de position de chacun de ces quatre candidats sur l’économie. Le tableau qui suit est donc constitué à gros traits et, plutôt que de ne donner de points à personne, je vais en donner un petit à tous, parce que c’est Pâques.

Candidat

Position

Note

François Bayrou

"Soutenir l’économie sociale et solidaire en leur facilitant l’accès à la commande publique et en promouvant l’innovation sociale.

Promouvoir toutes les forces de distribution en circuit court du producteur au consommateur, favoriser les coopératives de production et de distribution, créer un nouveau type d’entreprise, « l’OSEE » (entreprises à Objet Social Environnemental et Economique). Ces entreprises OSEE verront leur taux d’impôt sur les sociétés minoré.

Moduler la fiscalité des entreprises en fonction des résultats et des efforts fournis en matière de responsabilité sociale, sur la base de normes européennes communes."

Mettre la finance au service de l'économie réelle.

+ 2

François Hollande

Probablement soucieux de l'équité des salaires et des prix. L'une de ses mesures phares - la tranche d'imposition à 75% - est dite à finalité pédagogique.

A l'inverse, François Hollande, comme traditionnellement le PS, développe une tendance affirmée au maintien dans la dépendance vis-à-vis de l'Etat, notamment via le développement de contrats aidés.

0

Marine
Le Pen

0

Nicolas Sarkozy

A l'exception de quelques déclarations, il paraît difficile de placer Nicolas Sarkozy en champion de l'équité entre les salaires et de la "correction des écarts disproportionnés des richesses".

On peut en revanche lui faire crédit d'un vrai rejet de la dépendance vis-à-vis de l'Etat et d'une volonté de préparer les jeunes à l'emploi, à travers plusieurs mesures proposées.

+ 1

Laïcité et vie en société (coeff 4)

Dans notre pays, la relation entre l’Église catholique et l’État a été marquée par une histoire difficile et souvent conflictuelle. Cette relation est aujourd’hui largement apaisée et c’est une bonne chose pour l’équilibre de notre société. Nous vivons dans un régime de séparation – depuis la loi de 1905 – et la laïcité est un principe constitutionnel de la République française. À plusieurs reprises et notamment lors du centenaire de la loi de 1905, l’Église a affirmé accepter le cadre dans lequel nous nous situons. Séparation ne signifie pas ignorance réciproque ; nombreux sont les lieux et les occasions de rencontre, de dialogue, tant au plan local que national.
Si l’État ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte (art. 2 de la loi de 1905), il se doit d’assurer la liberté  de conscience et de garantir le libre exercice des cultes (art. 1). C’est dans le sens de la liberté que la jurisprudence a de façon constante interprété la loi. 
Récemment le débat sur la laïcité est revenu sur le devant de la scène, en raison de la présence plus nombreuse de citoyens de religion musulmane et des questions posées par certaines pratiques minoritaires.
Ces débats ne doivent pas stigmatiser les religions dans notre pays au risque d’aboutir à la laïcité la plus fermée, c’est-à-dire celle du refus de toute expression religieuse publique. Certaines pratiques administratives ont montré que ce risque n’est pas illusoire. De même, certaines réactions excessives, dans des débats récents, ont montré que l’intolérance à l’égard de l’Église catholique (et des religions en général) ne constituait pas uniquement des vestiges du passé. 
Les catholiques n’entendent pas être des citoyens interdits de parole dans la société démocratique. En exprimant ce qu’ils pensent, ils ne vont pas à l’encontre de l’intelligence et de la liberté de jugement de ceux qui ne partagent pas leur foi. Ils souhaitent une application apaisée et ouverte des lois et des règlements qui définissent le pacte laïc de notre commune République.

Candidat

Position

Note

François Bayrou

"Il ne faut pas ébranler ce pilier de ce qui fait le modèle républicain français. Il y a un pays dans le monde qui avait construit un modèle qui rendait le risque impossible, c'est le nôtre. (...) Nous sommes citoyens parce que nous relevons de l'autorité de la Loi et parce que nous contribuons à faire la Loi. C'est une double libération. C'est la libération de l'Homme par rapport à la société dans laquelle il vit et la libération du croyant qui n'est pas obligé de soutenir le trône simplement parce qu'il aime l'autel. Ceci est une libération de l'adhésion profonde qu'une femme ou un homme peut avoir à l'égard d'une réalité spirituelle."

Positionnement laïc parfois inutilement défavorable à l'Eglise.

+ 1

François Hollande

François Hollande propose "d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle. »"

Il a célébré, dans son discours du Bourget, « la démocratie plus forte que les marchés, plus forte que l’argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions »

- 2

Marine
Le Pen

Il sera inscrit dans la Constitution que « La République ne reconnaît aucune communauté ».

Seront interdites dans la législation nationale et au niveau local toutes les dispositions racistes, sexistes et discriminatoires, quelles que soient les intentions de ceux qui les proposent. Un terme sera mis à toutes les pratiques discriminatoires existantes dans toutes les structures recevant du public et financées au moins pour partie par l’argent public, comme les piscines, les établissements de santé ou les restaurants scolaires.

La discrimination positive à l’embauche sera interdite.

Les fidèles devront construire leurs lieux de culte avec leur propre argent, quelle que soit la religion concernée. Afin de limiter toute infiltration d’une idéologie politico-religieuse, il ne sera pas possible non plus de faire appel à de l’argent provenant de l’étranger.

Les subventions publiques, y compris celles des collectivités locales, ne pourront être accordées qu’aux associations respectant scrupuleusement l’esprit et la lettre de la loi de 1905.

Les subventions publiques aux associations communautaristes seront interdites.

Les services publics administratifs dépendant de l’Etat ou des collectivités territoriales doivent être les garants des principes républicains et de la laïcité. Dès lors, à l’instar de ce qui s’applique aujourd’hui pour les agents de ces services publics, toute manifestation communautaire y sera proscrite pour l’ensemble des usagers, notamment le port du voile ou de tout autre signe religieux ostentatoire. Une réflexion sera engagée pour étendre cette disposition aux transports publics.

Habitude de stigmatisation

- 3

Nicolas Sarkozy

Distinguer l'espace public et privé.

Pour la construction de mosquées mais pas avec l'argent public.

Assumer l'héritage chrétien de la France.

Positions connues sur une laïcité positive

Débats connus sur la laïcité, l'islam, la burqa, les minarets...

+ 1

Note de gueule, ou de capacité (coeff. 5)

C’est la partie la plus subjective de l’analyse, d’où cette dénomination qui ne trompera personne : il s’agit d’une « note de gueule », un ressenti général, mais mâtiné toutefois d’une appréciation au doigt mouillé de la capacité politique de la personne, capacité personnelle et capacité de mobilisation.

Candidat

Position

Note

François Bayrou

François Bayrou bénéficie du caractère apaisé qui fait cruellement défaut à Nicolas Sarkozy. On peut aussi lui faire crédit d'une méthode politique qui prônera davantage le dialogue.

Son évocation d'une "république du respect" est également intéressante.

Il garde le bénéfice d'avoir été lucide sur la dette dès 2007.

Mais, parallèlement, son expérience au Ministère de l'Education Nationale n'a guère laissé de souvenirs, et il a peu d'expérience exécutive. Il donne le sentiment d'être un commentateur pertinent mais un décideur incertain.

En outre, même si l'attrait du plat de lentilles a certainement eu son influence, son incapacité à maintenir un réseau de cadres et d'élus autour de lui laisse songeur.

Enfin, l'inconnu persiste sur sa capacité à réunir une majorité parlementaire.

+ 1

François Hollande

François Hollande ne sera semble-t-il pas un président clivant mais on peut craindre qu'il soit ce qu'il a été au parti socialiste, à savoir un président de la synthèse molle, et qu'il laisse le pays dans le même état qu'il a laissé le parti.

En outre, s'il a fréquenté des hommes de pouvoir, sa plus haute fonction exécutive en trente ans de vie politique reste la présidence du Conseil Général de Corrèze.

Ces derniers mois de campagne laissent également une impression de bricolage sur nombre de sujets et de revirements qui n'augurent rien de bon s'il parvient aux responsabilités.

Dans une période qui voit se succéder des crises graves qui nécessitent un esprit de décision et une réactivité importantes, sa personnalité n'est pas rassurante.

- 2

Marine
Le Pen

Si Marine Le Pen respire les valeurs évangéliques, alors ma tante s'appelle mon oncle.

L'agressivité de principe dont elle fait preuve en interview, et même en meetings, nous éloigne déjà suffisamment d'un état d'esprit évangélique, mais ses liens persistants quoique masqués avec l'extrême-droite la plus dure achèvent d'exclure l'hypothèse d'un tel vote.

- 3

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy fait preuve d'un activisme excessif et d'une propension horripilante à cliver la France.

Il dispose en revanche d'une capacité à réformer qui ne caractérise pas ses adversaires et d'une énergie mobilisatrice indispensables pour mener à bien une adaptation de la France et réagir en période de crises.

Son bilan, et notamment le travail dominical et la légalisation des paris en ligne, ne plaident pas toutefois pour une vision de la société qui "privilégie l'être plus que l'avoir".

Enfin, il n'a eu de cesse de se gâcher dans une droitisation permanente qui ne lui a pourtant ouvert aucun succès électoral depuis 2007 et à ce jour. Sa focalisation sur les étrangers et l'immigration (cf. la "lettre aux Français") relève du repli frileux trop classiquement observé en temps de crise alors que l'on attendrait de lui une capacité à projeter la France dans l'avenir.

+ 1

Résultat et conclusion : des limites mais un guide utile

Sur un total de 141 points, tout ronds, les candidats ont obtenu les scores suivants :

Candidat

Score

Candidat

Score

François Bayrou

+ 59

François Hollande

- 54.5

Marine Le Pen

- 9.5

Nicolas Sarkozy

+ 48.5



Vous êtes-vous déjà engagés dans une entreprise de longue haleine, laborieuse, complexe, incomplète, insatisfaisante, dont l’issue ne pourra vous valoir que de lourds griefs, et dont le bien-fondé vous apparaît incertain ? Alors, vous me comprenez.

Ajoutez à cela que, alors même que j’étais engagé dans cette entreprise depuis plusieurs jours, Isabelle de Gaulmyn, qui n’est pas la moins qualifiée des observatrices, a qualifié la démarche d’ »absurde ». Ça casse.

Et c’est vrai, la démarche est limitée.

Elle offre en effet une apparence trompeuse de neutralité. La présence de chiffres ne suffit pas à lui conférer une rigueur arithmétique. Chaque composant de cette analyse est subjectif et personnel (la compréhension des éléments de discernement, la sélection des mesures confrontées à ces éléments, la note attribuée et le coefficient appliqué). Ceci est donc mon analyse – que je vous soumets, néanmoins – et aucunement une appréciation impartiale de la catho-compatibilité des candidats et de leurs programmes.

En outre, les « éléments de discernement », parce qu’ils ne sont volontairement pas un programme politique, se prêtent peu à une telle démarche. Si des points éthiques et sociétaux (tels que l’euthanasie) sont évaluables assez facilement, à l’inverse, allez évaluer la compatibilité des positions sur la thématique « Economie et Justice »…

Il est également quelque peu oiseux de tronçonner les candidats en autant de thématiques, et d’attribuer benoîtement des points à des candidats dont la candidature s’oppose pourtant à des objections déterminantes. Un candidat n’est pas, non plus, l’addition des propositions faites, et l’on sait en outre le crédit relatif qu’il convient d’apporter aux propositions de campagne. C’est la raison pour laquelle j’ai introduit une « note de gueule ou de capacité », qui vient compenser marginalement ce tronçonnage.

Il reste encore les considérations stratégiques : si voter pour le candidat qui me paraît le plus indiqué risque de barrer la route du deuxième sur la route, que faut-il faire ?

Mais cette démarche est également une incitation à dépasser une idée préconçue, sur un candidat pour entrer dans le détail des programmes de chacun et y découvrir parfois des mesures passées sous silence. Se cantonner à une impression d’ensemble est peut également être un très bon moyen  de s’accommoder de ses contradictions, en poussant la poussière sous le tapis. Elle nous invite à mener une analyse plus complète des candidatures

Elle permet aussi d’introduire une référence plus haute que nos propres critères rapides dans notre appréciation des candidats.

A chacun de la mener, pour le plus grand bien de son discernement personnel.

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