Le G8, une réunion pour rien depuis l'apparition du G20 ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Ce vendredi, débutera le sommet international du G8 pour 2 jours à Camp David près de Washington.
Ce vendredi, débutera le sommet international du G8 pour 2 jours à Camp David près de Washington.
©Reuters

Pouvoirs émergents

Ce vendredi, débutera le sommet international du G8 pour 2 jours à Camp David près de Washington. Au menu : crise européenne, syrienne et iranienne. Un sommet qui ne devrait pourtant pas voir émerger de décisions majeures.

Dominique  Carreau

Dominique Carreau

Dominique Carreau est professeur émérite de droit international économique.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le Fonds monétaire international : FMI (Pedone, 2009).

 

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Atlantico : Ce G8 survient dans une situation particulière. Plusieurs des participants sont fraîchement élus, d'autres, approchent d'un scrutin majeur dans leurs pays. Peut-on attendre des décisions significatives ou ce sommet va-t-il surtout être un affichage médiatique ?

Dominique Carreau : Le G8 vous savez, c'est d'abord l'idée que ce sont les pays les plus importants sur les plans économique et politique qui gouvernent. Ce schéma remonte à 1975, plus exactement sous le mandat du président Giscard d'Estaing. A l'époque on parlait du groupe des 5 puis, il s'est élargi à 7 avec le Canada et enfin à8 avec la Russie.Ce sont des réunions informelles où les chefs d'Etats et membres de gouvernements se mettent d'accord. Ils peuvent échanger leurs points de vue et poser de grands principes qui vont guider leurs politiques.

Il n'y a pas de décisions concrètes à attendre mais simplement des orientations à suivre dans chaque pays membre ou à l'intérieur des organismes internationaux comme le Front monétaire international (FMI).

Il ne faut pas oublier que le G8 n'est qu'une émanation d'une gouvernance internationale. Or s'en est une nouvelle qui est en train de naître et qui est, de fait,  plus représentative. Le G8 se compose essentiellement, en dehors de la Russie, de pays développés et soumis à une économie libérale. Sous l'initiative du président Nicolas Sarkozy, il y a eu un élargissement, le fameux G20 dans lequel vous avez des pays nouveaux, notamment les fameux BRICS. Ces pays doivent être considérés en fonction de leurs économies, leurs poids géographiques, leurs poids humains. Ces pays ont leur mot à dire du fait que la croissance mondiale repose finalement sur eux. Contrairement à ce qui se passait il y a 5 ou6 ans, le G8 n'est plus le forum qui prend des décisions, il ne peut plus dicter sa loi.

Ce G8 a un parfum particulier. Il sera le premier pour le président français François Hollande, le premier pour le ministre italien Mario Monti. Le président Barack Obama prépare lui sa campagne présidentielle. Que peut-on réellement attendre de ce G8 ?

François Hollande et Barack Obama ont finalement la même préoccupation, la recherche de la croissance. Pourtant, malgré cette volonté commune, je ne pense pas que ce G8 aura un grand impact. Il ne faut pas attendre beaucoup de cette réunion car tout se fera lors du G20. La défaite de Nicolas Sarkozy va faire réfléchir les autres dirigeants. David Cameron, Mario Monti, Barack Obama, Angela Merkel vont devoir arriver à des résultats de croissance s'ils ne veulent se retrouver à leurs tour au tapis. 

Il y a une crise financière qu'il faut résoudre. Pour cela, deux optiques se font face. La réduction des déficits d'une part : tous ces Etats ont en commun d'être endettés parce qu'ils ont dépensé plus qu'ils n'ont encaissé de recettes depuis de longues années. Par exemple, la France n'a pas eu d'équilibre budgétaire depuis 40 ans. Cette situation d'endettement ne peut plus durer. En même temps, on sait très bien que la réduction de ces déficits passe par des politiques de rigueur et de discipline. Il faut pouvoir relancer la machine. Cela passe par une recherche de la croissance que veut notre nouveau président. Il est essentiel de rassurer les marchés. 

La question est de savoir quels types de croissance. Il y a deux approches, une classique Keynésienne. La croissance est obtenue par une augmentation du déficit public, autrement dit, on augmente les dépenses (mais cela n'est plus possible). Il est donc nécessaire de partir vers un modèle de croissance différent basé sur un modèle de structures qui permettent de débrider l'économie. C'est un petit peu ce qui a été fait en Allemagne avec le chancelier social démocrate Gerhard Schröder au début des années 2000. C'est aussi ce qui est fait par le gouvernement Monti en Italie, comme l'a souligné le FMI récemment. Enfin, je crois que nous pouvons attendre deux choses de ce G8 : une décision collective de réduire les déficits et une décision de poursuivre une politique de croissance sans passer par l'endettement et l'augmentation des dépenses publiques.

Finalement, ce G8 est-il réellement nécessaire ?

Oui, les pays développés avec une vieille économie de marché ont quand même leurs mots à dire. Il est essentiel pour ceux-ci de prendre des décisions. Je pense clairement que c'est la voie à suivre. De cette façon, les pays en développement peuvent connaître les positions des membres du G8.

Comme tous les groupements régionaux, je pense clairement qu'il a un avenir. Il est normal que les pays du G8 fasse connaitre leurs décisions. Néanmoins, je pense qu'il est nécessaire d'avoir une approche collective. Le G20 est plus représentatif que le G8.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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