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L'arrivée de Free dans le secteur de la téléphonie mobile pourrait marquer une révolution.
L'arrivée de Free dans le secteur de la téléphonie mobile pourrait marquer une révolution.
©Reuters

Libérateur de mobiles

L'arrivée de Free dans le secteur de la téléphonie mobile pourrait marquer une révolution. Le buzz est au rendez-vous. Sa maison-mère Iliad au plus haut en Bourse. Faut-il pour autant tomber dans l'euphorie inconsidérée ?

Fabien Grenier

Fabien Grenier

Fabien Grenier a co-fondé Forfaits-Sans-Engagement.fr, le comparateur des nouveaux forfaits mobiles Low Cost et sans aucun engagement.

Actuellement co-fondateur d'une société de marketing à la performance, il a aussi travaillé chez Time Warner et Publicis.

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Lire aussi sur ce sujet notre article : 
Petit papa NoNiel ? Free Mobile  ou les bienfaits de la concurrence

Après des semaines et des semaines, pour ne pas dire des mois, de suspens et de dramaturgie 2.0, les forfaits Free Mobile ont enfin été présentés par le vice-président du groupe Iliad, à savoir Xavier Niel ce mardi. Pour résumer, il y a deux offres, l’une où le tout-illimité règne en maître absolu pour 19,99 euros par mois (15,99 euros pour les clients Freebox), et l’autre qui met à disposition de ses clients une heure de communication et 60 SMS pour 2 euros (gratuit pour les FreeNautes). Bien entendu, il s’agit de forfaits sans engagement.

Autrement dit, face aux offres de la concurrence qui ont été mises en place à la rentrée 2011 pour amortir ce lancement, comme Sosh (Orange) et B&YOU (Bouygues Telecom), le pari de Xavier Niel est réussi puisque la facture est quasiment divisée par deux concernant l’illimité (37,90 euros chez B&YOU et 39,90 euros chez Orange).

Des réactions nombreuses et positives

Suite à cette annonce suivie par plus de 600 000 internautes, les commentaires ont littéralement jailli de toutes parts, que ce soit sur les blogs ou les réseaux sociaux, et notamment Twitter. Ces derniers sont naturellement très positifs puisque les prix sont bas. Voilà l’ingrédient miracle pour être adoubé par les consommateurs.

En bourse, Free est au sommet

Les investisseurs ont anticipé l’arrivée du 4ème opérateur français qui fait le buzz depuis des semaines. Même si du côté des concurrents on joue la carte de l’apaisement et de la sérénité, ce n’est qu’une façade. Mardi après-midi, l’action Iliad a atteint son niveau record à 97,67 euros. Alors que le CAC 40 a progressé hier de 2,66%, France Telecom n’a pris que 1,58% ; Bouygues Telecom a perdu 1.53% et Vivendi 0,25%. Bouygues, qui bénéficie de moins de clients qu’Orange et SFR, semble être celui qui a le plus de souci à se faire.

Comment vont réagir les concurrents ?

C’est la grande question. Car si le lancement de l’offre mobile de Free est anticipé depuis des mois, le coup est terrible pour les concurrents. Ajoutons à cela le ton qu’a choisi Xavier Niel pour présenter ses forfaits, une attaque virulente face aux opérateurs qui « nous arnaquent depuis des années ».

Plusieurs solutions s’offrent aux adversaires. Si certains évoquent la piste d’une baisse généralisée des tarifs, rien n’est moins sûr. Cela donnerait du poids à l’argument de Niel qui est de dire que les consommateurs sont arnaqués depuis des années. Le plus probable semble une multiplication des services innovants et une meilleure qualité de services (en ligne et dans les boutiques physiques).

Des prix très bas…

Au-delà du facteur prix, même si ce paramètre guide des millions de consommateurs pseudo-avertis (sic), il est naturel de se demander quel sera, le, voire les, revers de la médaille de cette chute des prix. « Le tremblement de terre » tant désiré par Free a eu lieu, et après ? Evidemment, Free Mobile peut aspirer à glaner des parts de marché rapidement, même si l’objectif public de la part d’Iliad est de 5%, nul doute qu’en coulisse ne soit évoqué 15 à 20%. Toutefois, le « Système Niel » dispose de certaines limites, à court terme comme à moyen terme.

…qui augmenteront bientôt ?

Il n’est pas incertain que Free Mobile réévalue ses tarifs avec le temps s’ils ne sont pas rentables. C’est souvent le cas lorsqu’une marque low cost attaque de façon si virulente un marché. Par exemple, si EasyJet séduit beaucoup de consommateurs, que dire de ses services surfacturés (poids des bagages, alimentation en vol…) qui ne le sont pas chez les compagnies classiques ?

Des limites techniques

Tout d’abord, Free Mobile ne possède que 30% de son réseau. Les 70% restants appartiennent à Orange. Même si un contrat encadre le partenariat entre les deux entités, Orange pourrait voir d’un mauvais œil l’offre illimitée proposée par Free Mobile, notamment concernant les 3 Go de données proposés. Pour faire simple, ces « Datas » représentent le foyer de coût pour l’opérateur le plus élevé, et comme les FreeNautes sont réputés pour être des gros consommateurs de ce type de prestation, Orange pourrait rapidement déchanter. A ce titre, cet opérateur n’avait pas hésité à couper les robinets en privilégiant ses propres clients lors d’un partenariat du même acabit avec Virgin Mobile, il y a quelques mois. Cela pourrait être un premier coup porté au justicier social Xavier Niel.

Egalement, Iliad ne possède pas de licence 4G sur les fréquences de la bande 800 MHz là où les heureux possesseurs (dont Orange) vont réaliser leurs premiers essais dans les mois à venir (Free a toutefois obtenu des fréquences sur la bande des 2,6 GHz). En résumé, la 4G permet d’obtenir un débit de donnée très important sur le réseau de la téléphonie, ce qui permettrait aux consommateurs d’élargir les possibilités d’utilisation de leur Smartphone (visionnage de film, musique en ligne, téléchargement, etc…). Autrement dit, un Graal concernant les évolutions des prochains semestres. Dans ce cadre, Free Mobile ne pourra pas s’aligner avant quelques temps alors que leurs clients en seront forcément demandeurs.

Des limites commerciales

Des interrogations peuvent également intervenir concernant la dimension commerciale de ces offres. A ce jour, le service client de chez Free est loin d’être considéré comme l’un des meilleurs. Est-ce que Free va proposer une hotline de qualité tout en pratiquant des prix aussi intéressants ? On se souvient des problèmes rencontrés par certains consommateurs au début de la Freebox… Les exemples ne manquent pas, entre les retards de livraison (Box internet) et les surfacturations nombreuses, on peut se demander si les prix de vente ne sont pas de la poudre aux yeux de clients toujours désireux d’avoir plus pour moins cher (en tout cas, ils le croient). Hier déjà, Free était dépassé par la demande et les opérateurs du 1044 ont cessé, dans la journée, de prendre les inscriptions.

Le facteur qualité est à soupeser avec pertinence et recul car, en ce bas monde, il semble difficile d’obtenir des services de qualité à des tarifs peu onéreux, même si le client français veut « tout pour rien ».

Ensuite, si les forfaits sont à des prix très compétitifs, la question du prix des mobiles est toute autre. Le paiement du téléphone peut, certes, être réparti sur plusieurs mensualités, mais, force est de constater, pour prendre l'exemple de l'Iphone 4S, que le prix est plus élevé sur le site de Free (échelonnement du paiement sur 36 mois à 720 euros), qu'avec un achat direct sur l'Apple Store (629 euros). Il est alors nécessaire que le consommateur, malgré un prix à la commande du téléphone dérisoire (1 euro pour l'Iphone 4S), ne néglige pas cette différence de prix et prenne en compte le coût réel du téléphone.

On peut se demander si la machine Free est prête pour son pari. En somme, entre un réseau loué à 70%, et, un service après-vente médiocre, la mariée Free Mobile ne serait-elle pas trop belle ?

Vice-président du groupe Iliad, Xavier Niel est aussi actionnaire d'Atlantico.

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