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La finance, ennemie ou pas : à quelle déclaration de François Hollande se fier ?
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Double discours

Au cours d'une rencontre avec des journalistes britanniques, le candidat PS a cherché à rassurer la City en insistant sur le fait que la gauche "a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation" pendant les 15 ans au cours desquels elle a gouverné. Un discours bien différent de celui tenu au Bourget...

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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«La gauche a été au gouvernement pendant quinze ans, nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n'y a donc pas de craintes à avoir». François Hollande pour «The Guardian» le 14 février 2012.

Serait-ce, enfin, LA bourde qui révèlera à une opinion amorphe le vrai visage de François Hollande, aussi opportuniste que prudent, aussi inconsistant dans ses convictions que manoeuvrier par tactique ?

Pourfendre les marchés au Bourget, les cajoler à Londres : vérité en deçà de la City, mensonge au delà. Cette erreur grossière ne peut désormais être réparée qu’à deux conditions. La première  : que François Hollande continue d’être, comme depuis le début de sa campagne, le «candidat des journalistes», qui lui passent toutes ses approximations et s’extasient devant ses tirades poussives prononcées depuis les tribunes socialistes. La seconde : que Jean-Luc Mélenchon, privilégiant un accord aux législatives avec le PS à une vraie percée à la présidentielle, passe l’éponge et ne revienne pas sur l’aveu très dérangeant du candidat socialiste. On saura bien vite si le champion du Front de gauche joue petit bras ou pas.

Cette bévue «hollandaise» en cache une autre, il y a trois jours, tout aussi monumentale même si elle n’a guère été remarquée. Interrogé dimanche dernier par Anne-Sophie Lapix sur l’antenne de Canal plus, François Hollande nous a livré en effet son extravagante solution aux problèmes de la Grèce. Il eût fallu, selon lui : «un plan massif d’austérité dès le départ, mais accompagné de mesures de solidarité et d’une relance avec des Eurobonds.» Bref, appuyer à la fois sur le frein et l’accélérateur : la voie royale qui conduit un véhicule au fossé ! Heureusement, personne ne lui demande en quoi un candidat de gauche peut se montrer partisan d’une austérité féroce. Ni comment il s’y prendra pour émettre des Eurobonds que le Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe considère comme contraire à la loi fondamentale allemande. Il en a de la chance !

Plutôt gauche qu’à gauche, François Hollande est un mauvais candidat qui n’a en réalité qu’une qualité : il sait exploiter les faiblesses des autres, en l’occurrence l’usure de Sarkozy et de Bayrou. Dans une France en régression, la capacité à tirer parti des problèmes d’autrui est évidemment un atout. Mais le candidat socialiste est à la peine dès qu’il ne lit plus un discours. Il a beau se cacher, les incohérences et les reniements de son projet se multiplient, avant même que l’affrontement présidentiel ne soit entré dans sa phase finale. La réduction de la part de l’énergie nucléaire dans la production électrique n’est plus donnée qu’à titre indicatif, l’âge de départ à la retraite emberlificoté dans des raisonnements abscons, les rodomontades sur la crise syrienne oublient les troubles attitudes passées des socialistes et de François Mitterrand sur le sujet.

Si François Hollande devient président de la République, il est à craindre que les astuces, les pirouettes et les salmigondis soient un peu courts pour tenir cinq ans. 

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