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Livre de Richard Millet : ces professionnels des faux scandales qui oublient que les carnages idéologiques ont toujours été des objets de fascination littéraire
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Dans la collection Chair de poule

En publiant "Eloge littéraire d'Anders Breivik", l'auteur à succès Richard Millet crée le scandale. Cette fascination pour les plus grands meurtriers de l'Histoire n'a pourtant rien de nouveau...

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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La mésaventure subie par Richard Millet depuis la sortie de son livre provocant sur l'exterminateur norvégien Breivik, rappelle, à ceux qui ont gardé un peu de mémoire et de morale, que le monde littéraire et artistique français s'est littéralement pâmé d'aise en toute impunité pendant une génération à la seule évocation de Florence Rey, qui a tué cinq personnes à bout portant à dix-neuf ans porte de Vincennes, au nom des idéaux anarchistes et du dégoût de la France de Pasqua.

Ce ne sont pas moins d'une trentaine d'oeuvres, toutes fascinées, certaines mêmes composées à la gloire de la jeune criminelle, qui ont envahi le marché, l'une des dernières manifestations de ce penchant morbide étant l'installation d'un artiste contemporain nommé Lévêque qui a osé représenter la France à la Biennale de Venise en 2009 avec une Ode à Florence Rey, laquelle faisait suite à un sonnet en son honneur publié par Patrick Besson dans les années 2000, où il avouait carrément son penchant pour la radicalité de la demoiselle, au mépris du sang versé et au milieu de la bienveillance générale.

Inutile de paraphraser l'ampleur de cette mobilisation artistique, on en trouvera la description circonstanciée dans un article de Wikipédia sous le titre affaire Rey-Maupin, mais il est tout de même utile d'apporter plusieurs précisions : la première est que Richard Millet s'inscrit dans une longue tradition de l'imagination littéraire qui consiste à fantasmer les mobiles de son modèle jusqu'à s'infliger le vertige à son sujet, ce qui est parfaitement légitime. Même dans la chansonSympathy for the Devil des Rolling Stones ce procédé est à l'oeuvre. La deuxième précision est que la jeune Florence Rey non seulement n'est plus très jeune, mais a vu cette effervescence de l'imagination révolutionnaire parisienne la dépasser jusqu'au grotesque . Visiblement elle n'est plus dans le même bateau que Saint-Germain-des-Prés au sujet de sa propre légende. Elle a passé un BTS de comptabilité et elle est sortie de prison pour accomplir des stages rémunérés, c'est dire qu'elle n'est plus tellement nostalgique de sa période rouge.

Enfin et surtout cette disparité dans l'indignation devant le crime idéologique, celui de Breivik étant réputé imprescriptible, et celui de Florence Rey à peine constitué, tend à prouver que dans notre pays la morale n'est plus symétrique. Nous nous proposons d'appliquer notre mètre-ruban partout où la chose semblera nécessaire. Par exemple dans quelques jours l'écrivain Renaud Camus sera traîné par le MRAP en correctionnelle pour avoir appelé à refuser l'islamisation de la France, mais le groupe Sexion de rap d'Assaut a pu déclarer il y a deux ans que les homosexuels n'étaient pas halal, a appelé à les mutiler, à les tuer et abandonner leur cadavres au bord des routes, sans jamais être inquiétés par la justice. Il faut revenir d'urgence au mètre-étalon et saisir le bureau des poids et mesures. L'indignation médiatique à la tête du client c'est le début de la tyrannie.

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