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Face à l’effondrement du niveau scolaire : Gabriel Attal est-il sur le point de lancer une révolution copernicienne ?
©JULIEN DE ROSA / AFP

Une prise de conscience ?

L’air de rien, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal a proposé plusieurs réformes qui pourraient annoncer un changement radical

Michel Villard

Michel Villard

Michel Villard est universitaire. Il écrit sous pseudonyme.

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La dernière livraison de l’enquête PISA sur les performances des élèves dans les pays de l’OCDE a été une nouvelle douche froide pour la France. Deux chiffres témoignent du désastre : entre 2003 et 2022, la proportion d’élèves en difficulté en mathématiques est passée de 17% à 29% ; dans le même temps, la proportion d’élèves très performants est tombée de 15% à 7%.

Ce déclin n’est pas nouveau, mais il s’est accéléré. Comment l’expliquer ? Des observateurs ont pointé le « tabou de l’immigration ». Ce n’est pas faux, mais cette explication ne saurait exonérer de leur responsabilité les ministres qui, depuis un demi-siècle, ont tous ajouté leur contribution personnelle à ce gâchis collectif. 

Depuis les années 1970, on a en effet rêvé de créer une école débarrassée de l’autorité traditionnelle des enseignants, dans laquelle les élèves et leurs parents auraient des droits et seraient reconnus comme des acteurs à part entière. C’est cette philosophie qui a imprégné les principales réformes : création du collège unique (1975), loi Jospin qui donne des droits aux élèves (1989), loi Fillon qui oblige à intégrer les handicapés (2005), réforme Vallaud-Belkacem contre l’élitisme de l’école (2015), jusqu’à la circulaire Blanquer qui impose aux enseignants d’accepter le prénom choisi par les élèves.

Résultat : les élèves et leurs parents sont devenus tout-puissants. Les profs ont perdu leur pouvoir. Ils ont subi un déclassement inédit dans l’histoire de la République. Le niveau des élèves s’est effondré et les familles qui le peuvent fuient vers le privé où l’Etat limite strictement les places pour éviter un sauve-qui-peut généralisé. Avec la montée de la violence, les enseignants comme les personnels ont peur et ne veulent prendre aucun risque. La simple présentation d’un tableau peut mettre un enseignant en danger. Le harcèlement entre élèves s’est banalisé, ce qui est le signe que l’autorité n’est guère redoutée.

Les mesures annoncées par Gabriel Attal semblent témoigner d’une prise de conscience qui pourraient bien déboucher sur une véritable révolution copernicienne. Le port de l’uniforme, s’il était entériné, mettrait un terme au jeu du chat et de la souris que les islamistes engagent à chaque rentrée scolaire dans le but de contourner la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux. La proposition visant à retirer aux parents le dernier mot en matière de redoublement permettrait de rendre aux profs une partie du pouvoir qu’ils ont perdu. Quant à la question des groupes de niveau, elle prendrait acte de l’existence de disparités considérables entre les élèves et de l’impossibilité de continuer sur cette voie. 

Cette dernière mesure laisse toutefois sceptique. Sa mise en œuvre paraît compliquée et son coût risque d’être élevé. D’où une question : pourquoi le ministre ne se contente-t-il pas de revenir sur la désastreuse réforme de Najat Vallaud-Belkacem, qui avait notamment supprimé les classes bilingues en latin et en allemand ? Restaurer ces classes serait une mesure simple, rapide, peu coûteuse, qui aurait pour effet de regrouper les bons élèves et de leur garantir un cursus de haut niveau. Ce serait déjà un bon début, avant d’espérer aller plus loin.

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