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Eurogroupe et dette grecque : pourquoi Athènes pourrait bien avoir entamé un retournement du rapport de forces en sa faveur
©Reuters

David contre Goliath

Les sommets de la dernière chance se suivent et se ressemblent, sur fond de tensions toujours plus vives entres les parties en présence. Le gouvernement grec joue la montre dans un scénario qui pourrait s’annoncer comme dévastateur pour tous, et dont la perspective aurait pour effet de faire plier la Troïka.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Pour l’Eurogroupe, les sommets de la dernière chance se suivent de la façon la plus routinière qui soit. Lors de cette dernière réunion, qui se tenait ce 24 avril à Riga, en Lettonie, les dés étaient pourtant jetés quelques heures avant le début des hostilités. Plusieurs ministres des finances européens, dont l’allemand Wolfgang Schäuble, avaient déjà vendu la mèche ; la probabilité d’obtenir un accord à Riga est quasi inexistante. Pire encore, le Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, indiquait qu’il ne s’agissait plus que de "faire le point". Mais cette fois-ci, et en plus de l’absence de décision, la tension est montée de quelques crans.

Depuis près d’un mois, les échanges continus entre la Grèce et les membres du "groupe de Bruxelles", nouveau nom officiel de la Troïka, n’avaient pu donner satisfaction. Dans une logique de donnant-donnant, les réformes économiques proposées par Syriza étaient encore jugées insuffisantes aux yeux des interlocuteurs européens, pour que ces derniers puissent consentir à livrer la dernière tranche d’aide à la Grèce. C’est-à-dire un nouveau prêt d’un montant de 7.2 milliards d’euros. Un prêt dont l’affectation ne fait d’ailleurs aucun doute, car il s’agit de rembourser la dette antérieure du pays. Et notamment, de rembourser un prêt consenti par la Banque centrale européenne pour une somme de 3.5 milliards d’euros en juillet prochain.  Voilà pourquoi le sommet de Riga était jugé comme particulièrement décisif, car il devait être le lieu de l’acceptation par Syriza, des conditions européennes.

Face à ces demandes, le gouvernement grec a continué de critiquer la logique même du programme d’austérité, et son inefficacité. Il ne s’agit donc pas, pour Syriza, d’accéder aux demandes de Bruxelles, mais de modifier la logique même du plan. Ce qui est inconcevable pour la plupart des dirigeants européens. C’est d’ailleurs ce que le ministre des finances belge, Johan Van Overtveldt confirmera fermement : "le programme actuel doit être maintenu tel quel, sans rétropédalage".

Le résultat n’aura donc pas été à la hauteur des attentes des 18 ministres des finances venus s’opposer à Yanis Varoufakis, leur homologue grec, pour le faire céder. Et ce, dans une ambiance décrite comme délétère : "il y a eu un débat très vif" admet Jeroen Dijsselbleom, en guise de résumé diplomatique. Moins feutré, le ministre maltais déclare "Je décrirais la réunion d’aujourd’hui comme la décomposition complète de notre communication avec la Grèce". Désormais, ce sont les attaques directes voire les insultes qui vont rythmer les rencontres avec le ministre grec, successivement traité de "parieur", ou "d’amateur" et accuser de faire perdre le temps des différents protagonistes. Une sorte de vengeance froide de ces 18 ministres dont Varoufakis n’a eu de cesse de pointer l’incompétence économique depuis son arrivée au gouvernement. A la sortie de la réunion, le ministre grec déclara en effet que les discussions étaient "intenses".

Pour le moment, la pression européenne n’aura pas suffi à faire céder les membres de Syriza. Car le gouvernement grec joue bien la montre dans un scénario qui pourrait s’annoncer comme dévastateur pour tous. Les échéances réelles sont connues. Le 30 juin marque la fin du plan d’aide à la Grèce. Et le mois de juillet est synonyme du remboursement du prêt de 3.5 milliards d’euros à la BCE. Sans renouvellement du plan d’aide, Syriza ne pourra faire face au remboursement du prêt, ce qui scellera le destin du défaut de paiement. Puis de la probable sortie de la Grèce de la zone euro. Un scénario qui devrait inquiéter un peu plus les européens, car comme l’indiquait Eric Rosengren, membre de la Réserve fédérale des Etats Unis ; "je voudrais dire à certains analystes européens qui pensent qu’une sortie de la Grèce de la zone euro ne sera pas un problème, que certains pensaient que Lehman Brothers ne serait pas un problème". Une formule qui fait écho à la menace faite par Yanis Varoufakis : "Le prix à payer pour une absence de solution sera énorme, pas seulement pour nous, mais pour tous". Rendez-vous est donc donné au prochain sommet de la dernière chance, avant le suivant.

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