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Des écoliers se lavent les mains au gel hydroalcoolique avant un test salivaire pour le Covid-19 dans une école primaire à la périphérie de Bordeaux en février 2021.
Des écoliers se lavent les mains au gel hydroalcoolique avant un test salivaire pour le Covid-19 dans une école primaire à la périphérie de Bordeaux en février 2021.
©Philippe LOPEZ / AFP

Population non vaccinée

70% des enfants atteints asymptomatiques, moins de 1% faisant preuve de symptômes graves, une mortalité de moins de 0,05% : rien de grave ? Ces chiffres sont pourtant ceux de la poliomyélite dans les années 50. Et ils avaient amené à de sérieuses mesures de protection des plus jeunes.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

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Atlantico : Quelle est la place des enfants dans la pandémie ? Même si les enfants ne sont pas les plus à risques, le fait qu'ils soient peu ciblés par les politiques ne va-t-il pas à terme en faire un public touché par la crise sanitaire ?

Docteur Jérôme Marty : C'est une question qu'il faut se poser. D'abord on voit qu'il peut y avoir une pression de sélection sur une génération qui n'est donc pas vaccinée prioritairement et peut donc faire l'objet d'une circulation virale plus importante dans cette population-là. D'autre part, on a le problème d'arriver oui ou non à l'immunité populationnelle et pour cela, il faudra bien se poser la question des plus jeunes. Si on vise 90% de la population pour la couverture vaccinale, alors on ne pourra pas complètement exclure de définir un âge bas pour la vaccination. Sans parler des variants qui pourraient devenir plus agressifs vis-à-vis des enfants.

Ce qui est sûr, c'est que se poser la question de la vaccination des enfants est intéressant à terme. On aura plus de recul d'ici quatre ou cinq mois. On a bien vu que les écoles étaient un lieu de circulation virale ; c'est tout aussi vrai que cette maladie est très peu symptomatique chez les enfants, eux-mêmes étant un peu moins contaminants que les adultes.

Chez les enfants, on trouve aussi quelques cas graves ?

Oui, c'est vrai ; il y a des décès d'enfants et des enfants en réanimation. C'est très rare mais cela arrive malheureusement. L'enjeu central est populationnel : on va devoir se vacciner régulièrement avec des rappels et des boosters d'immunité, et cela selon les variants. Pour éviter que ceux-ci deviennent ingérables, le mieux est de viser l'immunité collective tout en bloquant la circulation virale.

Peut-on faire la comparaison entre l'épidémie de Coronavirus et la poliomyélite dans les années 60 ?

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La poliomyélite, on a choisi sur le plan de la politique vaccinale internationale de l'éliminer. Il fallait vacciner au maximum pour atteindre l'immunité populationnelle et donc bien-entendu vacciner les jeunes et les plus jeunes. Pour la poliomyélite, on a pris aussi des mesures très importantes pour protéger les plus jeunes. C'est un bon exemple d'une maladie qu'on a su éradiquer complètement. Il faut aussi bien voir que les enfants c'est un sujet tabou dans notre société. On a un gouvernement qui au début a nié que le coronavirus soit un problème dans les écoles ; puis on a le problème du statut sacré de l'enfant. Quand on demande de vacciner les enfants, on fait forcément face à une levée de boucliers ; il va falloir expliquer et bien expliquer. D'autant plus qu'on a déjà 11 vaccinations obligatoires chez les enfants et cela a donné lieu à quelques conflits. Le problème c'est le recul : l'adulte prend la responsabilité de vacciner l'enfant ; alors que lorsqu'il se vaccine lui-même, c'est son choix propre qu'il n'impose pas à un tiers. Cela joue au niveau psychologique. 

Un facteur important est d'avancer pas à pas, en fonction de l'évolution de l'épidémie.

Concernant les réouvertures, on voit qu'elles concernent en grande partie les activités des enfants. Est-ce que l'on ne prend pas un risque ?

Si ce sont des sports en intérieur, sans masque, non ce n'est pas raisonnable ; si c'est en extérieur, il faut bien que la vie reprenne son cours, avec prudence. Ce qui est regrettable c'est qu'il y ait peu de communication sur le rôle de la contamination par aérosol, ni sur les dispositifs à prendre pour mesurer les taux de CO2 en intérieur, surveiller l'aération, etc... Il n'y a rien à ce niveau. On va donc avoir probablement un relâchement de la population sans comprendre ce facteur clé des normes d'aération pour les lieux recevant du public.

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