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Et si on sélectionnait nos politiques comme les investisseurs choisissent leurs projets ?
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Sous le soleil de Nice est née une idée : appliquer au monde politique les recettes des « elevator pitch », 1 minute 30 pour présenter son projet à un investisseur.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Cette semaine mon compas m’a dirigé vers le sud.  Vous savez là où la plupart d’entre nous pensent descendre uniquement pour des raisons touristiques.

J’y suis descendu, et pas seulement parce qu’il est plus doux de mourir au soleil, ou d’y être pauvre comme dirait Aznavour.

Pas seulement pour quitter de temps à autre cet étouffant microcosme parisien qui se persuade d’être le centre de l’univers et « glause » savamment avec son propre verbiage et ramage.

Pas seulement, parce que Nice est le second aéroport de France et l’une des fédérations patronales les plus actives et les plus puissantes.

Pas seulement, parce qu’il y avait trop de particules fines dans l’air à Paris et pas assez chez les politiques nationaux, qui eux s’envoient du matériel polluant au visage depuis 3 semaines, sans que personne ne pense à leur imposer un passage télévisuel alterné !

Non je suis descendu à Nice, parce que les réseaux de cette ville magnifiquement rénovée par son maire actuel, se sont mobilisés pour donner vie à l’Accélérateur de Croissance de Parrainer la Croissance, et faire de l’intergénérationnel, la clé du succès de leurs start-up et PME.

Je suis descendu, pour porter l’estocade finale à un stéréotype têtu, qui assigne à chaque homme et chaque structure, à chaque entité et culture, une fonction fantasmée qui finit par devenir, de façon désespérante, la réalité. Le stéréotype du Sud est clair, il consiste à ce qu’un humain, vivant dans le sud, ne vit que des allocations ou du tourisme, est alangui par le soleil et n’entreprend pas, dans une société figée, machiste et patriarcale.  Le tout dans un univers toujours coloré d’une forme de magouille, version salade niçoise !

Avec un sticker pareil sur le pare-brise, personne n’a même envie d’y poser un PV !

Je suis descendu, j’ai vu et j’ai vaincu les préjugés, en voyant à quel point l’écosystème local était puissant, animé, ambitieux. Il était surtout réuni, en ce que les réseaux locaux de business angels, investisseurs, donneurs d’ordre, incubateurs, publics et privés, fonctionnaient en totale osmose, comme unis par une même histoire d’amour. J’y ai vu des projets superbes, et notamment des ingénieurs de Sophia-Antipolis, lancer des entreprises devenues ETI en moins de 5 ans, dont on rêverait à Paris. En clair, le vieux Nice à toujours son charme, mais le nouveau fonctionne à plein, animé par un réseau de business angels remarquable, dirigé par Georges Dao, avec le soutien des réseaux liés à la french tech, à Nice Start-up, aux incubateurs de la ville, et même, main dans la main, la CCI et l’UPE06. Le rêve !

Mais surtout cette journée magnifique, sous le soleil de Nice, m’a donné, l’idée d’appliquer au monde politique les recettes des "elevator pitch" (1.30mn pour présenter votre projet à un investisseur) auxquels j’ai assisté avec 4 autres entrepreneur qui m’accompagnaient (fondateurs et dirigeants d’Oscaro, la Fourchette, Qwant et Kaporal).

Si vous voulez convaincre un investisseur de puiser dans ses économies et vider une partie de sa bourse pour doter votre capital, il faut avoir un projet. Un business plan. Les politiques, dont la plupart n’en ont pas eu depuis longtemps, appellent cela un programme. Il faut que ce business plan soit à la fois, cohérent, impactant, résiste à l’analyse des besoins du marché et de sa réalité. Il faut surtout qu’il démontre en quoi il apporte un plus, par rapport à la concurrence. Enfin, il prouve comment il se développe, se finance et devient rentable.

Si nous devions faire pitcher les politiques selon ce modèle, les business angels conserveraient leurs économies, faute du moindre projet dans lequel investir. On nous a expliqué pourquoi il ne fallait pas voter pour un des « pitcheurs » mais en aucun cas pourquoi il fallait investir dans les autres. On ne nous a présenté aucune solution, aucun marché, aucune vision, aucune perspective, sinon le désastre, en agitant les peurs et jamais les espoirs ou les solutions. Ces élections auraient plu, si elles avaient été faites avec talent, au mime marceau. Beaucoup de gestes et de postures, mais totalement muet au niveau des idées. Avec ou sans le son, le spectacle aurait été le même.  Le bal du pitoyable nous a été joué par une fanfare sans chef d’orchestre.

Alors je propose à la télé, aux radios de France, de soumettre aux politiques une règle simple, si ils veulent mériter que nous les regardions à nouveau. 1.30mns. Un programme, une vision, une manière claire de l’éxécuter et une ambition positive qui démontre l’avantage sur la concurrence. Remporter les suffrages par le positivisme et l’avantage concurrentiel ou rentrer à l’écurie, ou plutôt l’abattoir, où l’on devrait remiser moultes vieux chevaux de la politique actuelle.

Encadré par cette règle stricte, ils auraient dès lors le droit d’atteindre le second tour et d’apparaître sur les plateaux TV, en ayant uniquement l’obligation de développer en détail, ce qu’ils auront "pitché" lors de l’étape précédente, et sans pouvoir faire du fait de crier plus fort que son voisin ou couvrir ses mots, un programme.

Français, vous qui êtes les "business angels" de la vie politique et avez le pouvoir d’investir sur ces têtes blondes, brunes, grises ou marine, obligez-les à se soumettre à votre décision d’investissement, en vous prenant, enfin, pour autre chose que des imbéciles. Et pour paraphraser notre hymne national « pitchons, pitchons, qu’une politique pure, abreuve enfin nos sillons » !!

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