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Estivales seniors : ce pari du 5e arrondissement de Paris dont la réussite souligne la soif de lien social pendant l’été
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Solidarité

De nombreuses initiatives devraient être mise en place pour soulager les personnes âgées de l'isolement. C'est ce que fait Florence Berthout, maire du 5e arrondissement de Paris, qui organise les Estivales Seniors voués à rompre avec cette solitude des retraités.

Florence Berthout

Florence Berthout

Florence Berthout est maire divers droite du 5e arrondissement de Paris.

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Atlantico : Pourquoi la vie est-elle si dure pour les personnes âgées, en particulier dans les grandes métropoles ?

Florence Berthout : Il y a plusieurs facteurs. La première est d'ordre psychanalytique : vieillir fait peur à tout le monde. On a sans doute l'impression en communication que c'est évidemment moins attractif de réaliser des opérations envers les seniors. Par ailleurs il y a une espèce de déni sur la vieillesse. On ne met pas de mots sur les maux.  Lorsque j'ai monté les Estivales Seniors, beaucoup de mes proches m'ont reproché d'inscrire le mot "senior" car les personnes âgées n'aiment pas qu'on les qualifie de la sorte. J'ai répondu que je souhaitais justement dédier un événement aux seniors et que je n'avais pas les moyens d'organiser un immense festival qui va aller de 5 ans à 100 ans.

Les opérations dédiées aux seniors et ceux à en devenir, fonctionnent comme si on opérait pour une minorité invisible. Tout ce qui concerne les personnes âgées est souvent caché. On ne veut pas assumer le fait que l'on veuille montrer des choses novatrices et branchées car dans l'imaginaire collectif, la vieillesse est la dépendance, la perte d'autonomie et le renfermement. La société met souvent beaucoup de temps à s'adapter et à s'adresser aux plus âgés et à ceux en perte d'autonomie. On considère que ce n'est pas positif et je pense que cela joue beaucoup. J'assume donc de faire des Estivales Seniors.

Concernant le deuxième facteur, tout n'est pas question de moyens. J'organise cet événement avec zéro moyen mais mes équipes, mes bénévoles, sont mobilisées toute l'année pour préparer les Estivales Seniors. L'année dernière, un groupe de jeunes graffeurs est venu et les seniors ont adoré.

Est-ce que c'est une question de manque de moyens ou de pauvreté des retraités ou bien est-ce que cela touche toutes les catégories de la population âgée ? Quelles sont les autres facteurs ?

Il y a certes une question de moyens mais deux objectifs en sont la clé avec les Estivales Seniors : permettre à ceux qui n'ont pas les moyens de partir deux mois en vacances et voir des propositions ludiques et culturelles mais aussi un second aspect dont on ne parle jamais ou très peu, l'extrême isolement et la solitude du senior. Si on y réfléchit bien, peu d'offres, surtout celles attractives lui sont dédiées. On est très vite dans "l'atelier tricot", qui peut être par ailleurs très bien.

Si la pauvreté et l'isolement sont deux facteurs majeurs,  la maladie est évidemment aussi pointée du doigt. La société se polarise sur la maladie et la perte d'autonomie. Des médecins ont d'ailleurs prouvé que le fait d'être isolé accélère la maladie et la perte d'autonomie. Plus on bouge, plus on retarde ou évite la perte d'autonomie.   

En quoi vos Estivales Seniors répondent à ces questions ? Faudra-t-il davantage développer ces événements ?

Le sujet est de ne pas faire des événements seulement pour les retraités pauvres. L'objet numéro un est de rompre l'isolement. Quand on est un retraité avec de petits moyens, il ne faut l'ostraciser pour ceux qui ont peu de moyens. C'est le double piège. Des retraités qui ont peu de moyens sont davantage isolés car il y a une espèce de déclassement par rapport au moment où ils travaillaient et maintenant. Ils vivent mal ce déclassement et n'ont pas envie de faire l'aumône. Ils ne supportent pas le statut d'assisté y compris ceux qui sont pauvres.

Nous proposons un grand nombre d'activités pour rompre avec l'isolement des seniors : ateliers culinaires avec un établissement franco-vietnamien réputé du 5e arrondissement, des visites diverses à peu près une fois par semaine, des conférences, des ateliers formes et zen comme avec un sophrologue, ou un atelier d'expressions corporelles avec une troupe de théâtre, un atelier danse, un atelier bricolage…

Il faudrait évidemment développer davantage ces événements. Je suis obligé maintenant de recruter des dizaines et des dizaines de personnes. Il faudrait que je doublonne une partie des ateliers mais j'ai malheureusement un fort manque de moyens ; j'ai 30 dates avec zéro euros de budget. Il y a beaucoup de bénévolat et de travail à fournir. 

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