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Envolée des actifs financiers (et du patrimoine des très riches) : alerte à la bulle ?
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Danger

L’augmentation de l’endettement engendré par la crise sanitaire et économique conduit à un accroissement sans précédent des liquidités favorisant la constitution de bulles d’actifs. L'onde de choc pourrait être violente.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Depuis le début de la crise, les actifs patrimoniaux des plus fortunés ont-t-ils augmenté de façon importante en France et en Europe ? Cette manne a-t-elle profité aux banques ? 

Philippe Crevel : Les actifs patrimoniaux ont plutôt bien résisté depuis le début de la crise. Si aux mois de mars et avril, le cours des actions a chuté de 30 %, cette chute a été, depuis, compensée surtout en ce qui concerne le marché américain. L’indice Dow Jones a gagné 5 % en un an et celui des valeurs technologiques, le Nasdaq, plus de 40 %. La crise s’accompagne d’un renforcement des entreprises du digital qu’elles soient américaines ou chinoises. Les actions françaises sont toujours en retrait, d’environ 8 %. La France compte peu d’entreprises technologiques. En revanche, le pays est exposé au tourisme international qui est à l’arrêt depuis dix mois. Les valeurs du luxe surmontent néanmoins la crise en ayant développé la vente en ligne et grâce à la reprise en Asie. L’immobilier, qui constitue une part importante du patrimoine des ménages en France, résiste pour le moment assez bien même si des évolutions se dessinent avec une perte d’attractivité pour la capitale. Les personnes qui ont investi fortement dans les valeurs européennes sur des secteurs traditionnels ont vu leur patrimoine s’éroder en 2020 ; celles qui ont un patrimoine diversifié avec des valeurs asiatiques, américaines et liées au luxe ont profité de l’appréciation des cours. Si le patrimoine n’a pas chuté, cela est la conséquence indirecte des taux d’intérêt très bas générés par la politique monétaire des banques centrales. Les gestionnaires d’actifs recherchent des placements pouvant offrir un minimum de rendement, ce qui favorise les actions et l'immobilier. Enfin, les investisseurs ont anticipé la reprise qui devrait intervenir avec la vaccination d’une part croissante de la population, reprise également favorisée par les plans de relance décidés ces derniers mois.

La dynamique des transactions des titres semble se faire à un rythme soutenu. Cette course aux transactions pourra-t-elle mener à la création de nouvelles bulles financières ? 

L’augmentation de l’endettement à grande vitesse conduit à un accroissement sans précédent des liquidités favorisant la constitution de bulles d’actifs. Si l’inflation est absente au niveau des biens et services, elle est présente sur le marché des valeurs. Il y a une règle qui se vérifie actuellement. La proportion entre les différentes classes d’actifs, actions, obligations, immobilier, reste constante dans le temps. Comme la classe d’obligations augmente avec les émissions des Etats, cela amène à une valorisation des autres classes d’actifs afin de maintenir constants les ratios. Cela pourrait expliquer pourquoi ce mouvement est en cours depuis une dizaine d’années sans donner lieu à une explosion. Néanmoins, si la valeur des actifs, actions ou immobiliers, perdait à un moment tout lien avec leur rentabilité intrinsèque, il pourrait y avoir une correction. Si la reprise attendue était remise en cause par une succession d’épidémies, par des crises politiques ou sociales, les investisseurs pourraient revoir leur analyse. En cas d’absence de croissance et de problèmes de solvabilité de la part d’un Etat important comme la France ou l’Italie, l’onde de choc pourrait être violente. Les banques centrales suivent de près l’évolution des cours et veillent à maintenir des taux bas pour éviter la survenue d’une crise financière. L’exercice est délicat car pour garantir la solvabilité il faut maintenir des taux bas qui favorise l’appréciation des actions et de l’immobilier.

Que se passe-t-il si la bulle éclate ? Que doivent faire les investisseurs pour éviter de se trouver dans cette situation ?

L’éclatement se traduira par une correction du cours des actions et peut être également du prix de l’immobilier. Une baisse de 20 à 50 % des cours pourraient intervenir. Au niveau de l’immobilier, entre 1992 et 1997, les prix de l’immobilier à Paris avait perdu près de 50 % de leur valeur. Face à des menaces de krach, des couvertures peuvent être prises par les investisseurs mais évidemment leur coût croit avec les risques. Sinon, il faut évidemment diversifier son portefeuille et le cas échéant sortir et se placer en liquidités pour pouvoir racheter quand les cours seront bas. Le problème est évidemment d’opérer à temps.

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