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Envie de comprendre comment pense votre patron ? Ces chefs d'entreprise disent tout sur ce que leur inspire le débat sur la loi El Khomri
©REUTERS/Vincent Kessler

Paroles de patrons

Depuis l'annonce du projet de loi El-Khomri, syndicats et étudiants ne cessent de faire entendre leur voix par le biais de pétitions ou de manifestations. Découvrez dans cet article ce qu'en pensent également les chefs d'entreprise.

Le mouvement Ethic (Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance) a interrogé de nombreux chefs d'entreprise de son réseau sur le projet de loi El-Khomri. Dans cet article, vous pourrez le lire le témoignage de dix patrons qui répondent aux questions suivantes : 

Dans la loi El Khomri, qu’est-ce qui est de nature à dynamiser votre entreprise en vous incitant à recruter plus facilement ?

Pourquoi ? (concrètement)

Avez-vous une anecdote récente qui vous a dissuadé(e) de recruter en CDI ?

Comment vous adresseriez vous aux jeunes ? Que leur diriez-vous pour les convaincre ?

  • Yann BRILLAT-SAVARIN 

SOCIETE : GROUPE G7 (Membre ETHIC)                             1100 salariés

ACTIVITE : Transport public particulier de personnes

Voici les deux points qui nous paraissent essentiels dans la loi El Khomri pour encourager les entrepreneurs à recruter:

1. Réduire l’incertitude pour le chef d’entreprise concernant les licenciements par l’application d’un barème systématique.

-        La judiciarisation excessive des fins de contrat de travail crée des incertitudes financières et juridiques critiques pour l'entreprise.

-        Aujourd’hui, il n’existe pas de plafond et le juge n’est pas tenu de justifier le chiffre retenu, quel qu’il soit, ce qui se traduit par une grande hétérogénéité des montants versés.

2. Simplifier le licenciement en cas de perte de client (quitte à augmenter les indemnités légales).

-        La difficulté à ajuster l'effectif quand l'entreprise perd un client à l'embauche et au développement est un frein majeur à l'embauche. 

Découvrez d'autres témoignages de chefs d'entreprise dans cet article : "Loi El-Khomri : les chefs d'entreprises ont aussi leur mot à dire"

  • Alain BARTHELMAY

SOCIETE : EURODIEX (Membre ETHIC)                       5 salariés

ACTIVITE : Service de contrôle technique des bâtiments

Nous sommes une TPE de cinq salariés donc nous ne sommes que très peu concerné par ce projet.

Ce n’est pas en fonction de cette loi que nous allons embaucher mais en fonction d’une prévision d’expansion ou d’activités nouvelles.

Au lieu de nous enfermer dans des contraintes inutiles il serait plus utile de nous laisser régler nous-mêmes la marche de l’entreprise.

Nous n’avons pas d’actionnaires à qui verser des dividendes qui obligent à faire des économies non pas pour produire mieux mais pour distribuer plus.

Dans les entreprises de taille humaine et presque familiale, les buts sont d’une part que les collaborateurs se sentent bien en étant bien payés, qu’ils bénéficient d’une formation permanente afin d’être toujours opérationnels et d’autre part qu’ils disposent d’un matériel haut de gamme en permanence.

Concernant la médecine du travail, je trouve honteux que l’on paye un pourcentage sur la masse salariale car cela revient à dire que si j’augmente mes salariés je suis taxé. Pourquoi pas un coût forfaitaire par salarié.

EXEMPLE : il y a trois ans je souhaitais embaucher un jeune pour le former à notre activité (Infiltrométrie et thermographie des bâtiments). Je prends contact avec POLE EMPLOI pour lui transmettre ma demande.

POLE EMPLOI met l’annonce en ligne. Un jeune prend contact avec moi, je le reçois et nous tombons d’accord. Il m’explique qu’il n’était pas inscrit à POLE EMPLOI mais que venant de terminer ses études il a consulté le site de cet organisme et que c’est comme cela qu’il est entré en contact avec moi. Devant lui faire faire une formation spécifique pour qu’il obtienne la possibilité d’exercer je prends contact avec POLE EMPLOI pour savoir s’il était possible d’avoir une subvention pour cette formation. Il m’est répondu que n’étant pas inscrit à POLE EMPLOI il devait s’inscrire à POLE EMPLOI pendant trois mois pour que je puisse avoir une subvention ridicule et que de ce fait je devais attendre pour l’embaucher (belles économies pour l’État) !!! Bien entendu j’ai renoncé à cette solution aberrante et j’ai donc financé cette formation. J’ai d’ailleurs bien fait car le garçon est parfait.

Alors « loi EL KHOMRI »  ou non, à notre niveau ce qui nous importe c’est d’avoir du travail pour que la société tourne et pour çà il n’y a pas de loi mais seulement de ….l’huile de coude et des gens motivés qui ne comptent pas leurs heures.

  • Philippe GUINCHARD

SOCIETE : TRSB (Membre ETHIC)                                800 salariés

ACTIVITE : Informatique

L’assouplissement du forfait jour est de nature à dynamiser les recrutements pour les PME/ETI. Aujourd’hui le forfait jour peut être contesté et nécessite des rémunérations au-dessus de 115% des minima conventionnels. Ce sont autant de risques de contentieux prud’homaux pour les entreprises.

Le plafonnement des indemnités prud’homales est une excellente mesure permettant de dynamiser les recrutements en CDI car aujourd’hui trop de salariés mal intentionnés voient un contrat en CDI comme une créance sur l’entreprise leur permettant de réclamer presque sans limite des indemnités

L’adoption du projet de loi serait un vrai tournant permettant d’assainir les relations au travail. Il doit être couplé avec une réduction des indemnités chômage et surtout leur plafonnement (à 4 000 € au lieu de 6 000€+)

J’ai même été jusqu’à dire que je voterai Hollande s’il fait passer ce texte sans être trop dénaturé car personne à droite ne l’a fait ou ne le fera !

TRSB Groupe a un effectif de 800 collaborateurs répartis sur différentes entités. Nous sommes une entreprise de services du numérique.

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

Vous n'avez pas l'âge d'avoir peur ou d'être frileux. Ayez confiance en vos capacités et votre potentiel. Construisez votre réussite en aidant vos employeurs successifs à avancer. Grandissez avec eux. Il n'est pas temps pour vous de vous demander combien vous toucheriez si vous étiez licenciés dans un, deux ou dix ans

Dans le monde qui se dessine vous changerez d'entreprise, de métier. Faites que ce soit à votre initiative en pilotant astucieusement votre parcours. 

Faites aussi confiance aux entreprises qui aiment recruter et faire grandir leurs collaborateurs. Elles n'aiment pas licencier. Le montant des indemnités plus faibles ne sera pas une incitation à licencier plus mais à embaucher plus

  • Alain SARFATI

SOCIETE : Sarea Alain Sarfati Architectures (Membre ETHIC)        10 salariés

ACTIVITE : Cabinet d’architecte

Aujourd’hui dans mon entreprise (10 personnes).chaque départ se termine aux Prud’hommes.

Embaucher, c’est prendre un risque dans la mesure où je ne peux pas attendre d’avoir du travail pour le faire ; je dois anticiper pour être prêt.  Pour aller à la recherche de marchés la souplesse est indispensable. Je ne veux pas continuer avec un risque de conflit non maitrisé.

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

Vous avez une espérance de vie qui va encore augmenter. 

Ce qui était valable au siècle dernier ne l'est plus aujourd'hui votre chance sera de pouvoir changer de " métier " cinq fois peut être dix, le changement, la découverte, l'innovation vont être votre culture. 

Bouger va être votre seconde nature. 

Dans ce monde ou tout est de plus en plus en mouvement votre stabilité sera vos valeurs, votre culture au sens large. 

Le monde est de plus en plus beau de plus en plus ouvert préparez vous à le découvrir. 

Faites de votre santé votre patrimoine. ...Le plaisir l'émerveillement sont notre lot ne croyez pas ceux qui veulent vous empêcher de vivre qui ne voient que du noir soyez enthousiaste c'est cette force qui vous aidera à changer ce monde et à le rendre chaque jour meilleur. 

  • Didier PITELET

SOCIETE: ONTHEMOON (Membre ETHIC)   22 salariés

ACTIVITE: Agence digitale

Onthemoon est une agence dans le domaine du conseil aux entreprises: ces dernières années de par la conjoncture économique notre entreprise à souffert d'un prudhomme important préjudiciable à sa trésorerie. La norme dans l'esprit des salariés est simple aujourd'hui: aller aux prudhommes c'est 6 mois de salaires assurés! 

De plus le coût du travail exorbitant aujourd'hui est un frein réel aux embauches, précisant que nous ne recrutons qu'en Cdi...pour un effectif de 22 salariés.

Charges+ rigidités de rupture= freins à l’embauche, mais tout cela est depuis longtemps intégré par les politiques qui ne bougent pas pour préservé un équilibre d'un autre temps!

L’entreprise est depuis toujours le vrai intégrateur de toutes les jeunesses, le lieu par excellence de liberté et de réalisation de soi !

L’entreprise du XXIème siècle n’est ni un carcan ni un espace fermé mais bien un lieu où se réaliser dépend directement de sa personnalité. L’emploi n’est pas un du mais une opportunité d’être en phase avec ses envies.

La majeure partie des entreprises font de l’humain leur priorité mais dans notre pays les caricatures font loi et les clichés ont la vie dure…

Croire en ses rêves réclame de se donner les moyens de ses ambitions ; aucun jeune, quelle que soit sa formation ne doit les sacrifier.

Se donner à fond pour impulser sa vie professionnelle commence par se faire confiance et faire confiance aux autres.

Plus que jamais l’entreprise à besoin de la jeunesse, de sa créativité et de sa vision d’un vivre ensemble ouvert ; ils vont avoir un rôle majeur à jouer dans la transformation des systèmes, encore faut-il qu’ils y croient !

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

Être Maitre de leur vie est le postulat à assumer : pour cela il faut sortir de la tartufferie du CDI comme graal de la réalisation de soi : changer de métier, d’employeur est une donnée  qu’ils ont bien mieux intégrer que les donneurs de leçon du dialogue social périmé à la française ; le seul objectif important  est d’acquérir de l’expérience, du vécu qui permettent d’affiner ses objectifs et ses choix ; une entreprise qui fait confiance à un jeune par définition lui apporte l’essentiel à savoir de l’apprentissage. La réciprocité doit exister et le jeune ne doit pas se contenter de recevoir, il doit aussi apprendre à donner en comprenant des règles que par définition on n’apprend pas à l’école.

La vraie vie ce n’est pas d’un côté la vie privée, de l’autre la vie pro, les deux s’opposant, c’est au contraire un tout qui doit se vivre à 100% pour éviter les frustrations et par définition les petites vies.

  • Claude GOUDRON

SOCIETE : ACCELERATION 3G                                      4 salariés

ACTIVITE : Recherche et développement

En préalable je voudrais attirer l’attention sur un point juridique que cette loi va  combler (si elle est maintenue en l’état), en effet dans le code pénal qui touche tous les Français, la loi donne bien une fourchette concernant les amendes encourues en fonction de la gravité de l’infraction.

Je ne comprends pas pourquoi il n’en serait pas de même pour les sanctions liées au code du travail, d’autant plus que la notion de « faute inexcusable » est difficile à appréhender pour les juges des prudhommes et la décision politisés pour les juges en appel. Quand on sait également que 30% des décisions de justice ne sont pas jugées sur le fond mais sur la forme (majoritairement PME  TPE), d’où l’impératif absolue de limiter les sanctions financières au niveau prévu dans le projet qui est, pour une PME, déjà limite à accepter.

C’est navrant de constater que, comme pour les syndicats salariés, les représentants patronaux ne sont pas en phase avec leurs adhérents !

Il est donc évident que pour embaucher doit-être impérativement levée l’insécurité financière en cas de prudhomme, nous ne pouvons jouer la pérennité de notre entreprise à « pile ou face «, surtout avec des dés truqués !

Juste avant la vente de mon entreprise, j’ai préféré renoncé à une grosse commande (j’ai intentionnellement répondu avec un prix élevé afin d’être sûr de ne pas être retenu) car cela nécessitait plusieurs embauche, je sortais tout juste d’un licenciement économique (2010 suite à la crise de 2008) qui m’avait déjà coûté, pour 4 personnes, 36 000 € de CTP (pour une formation qu’ils ont refusé de faire).

ULTRALU, à l’époque, avait un effectif d’une trentaine de personnes.

LETTRE  OUVERTE  A  NOTRE  JEUNESSE

A toi qui a aujourd’hui entre 15 & 25 ans je ne veux surtout pas te faire la morale comme je ne l’aurais pas accepté à ton âge je veux simplement t’aider à avoir un jugement qui intègre l’expérience de toute une vie et voici quelques réflexions :

- N’oublie pas que nous aussi avons été jeune et que toi tu seras aussi, dans quelques années, un » vieux ». Ce que je te demande c’est de ne pas être aujourd’hui plus vieux d’esprit que moi qui ai 68 ans.

- Ton modèle, comme pour beaucoup, c’est mai 68, tu veux ta révolution et marquer ton époque en refaisant la société et c’est compréhensible, mais il se trouve que moi en 68 j’avais 20 ans. Je n’ai pas participé à ces évènements mais je comprends l’euphorie de certains et peut-être l’aurais-je fait si mon père, patron d’une petite entreprise de 30 personnes, n’avait pas été détruit par ce soulèvement. Je ne te donnerai qu’un témoignage, c’est celui de Coco Orgeval 20 ans comme moi à l’époque qui, la veille de la fermeture de l’entreprise, a dit à  mon père « Tu sais Roger (oui mon père tenait à ce que tous ses employés le tutoie) même si tu ne peux plus me payer je resterai jusqu’à la dernière minute »… Coco est mort quelques jours après la fermeture suite à une  « cuite «  mémorable… 68 a fait de nombreux dégâts collatéraux je les ai vécus !

-  Pourquoi mai 68 ? Le slogan était, ne l’oublie jamais, «  il est interdit d’interdire » et ceux-là même qui étaient sur les barricades sont ceux qui aujourd’hui veulent nous priver de liberté dans la gestion de nos entreprises, pire nous priver du doit à penser différemment (ce que malheureusement vous reprenez vous-même en bloquant les lycées). Vous êtes MANIPULE et vous le savez, j’ai vécu une période plus contestataire qu’à ce jour et je n’ai pas oublié la pression sournoise de nos profs pour « nous mettre en grève », défiler et même casser.

- Je suis tout de même rassuré en entendant, lorsque les médiats leur laisse la parole, une partie importante de la jeunesse réagir en  ne se laissant pas manipuler parce que cette loi va défendre encore plus votre avenir que notre présent… Mais ce n’est évidemment pas l’intérêt de nos gauchistes.

-  Profite donc de ta jeunesse pour apprendre, rencontrer des étudiants d’autres pays, former ton esprit à l’entreprenariat tu auras l’avenir que toi seul prépareras et arrête de focaliser ta pensée et ton action sur un avenir que tu ne maîtriseras pas, tu as toute une vie entre aujourd’hui et ta retraite, ne la gâche pas en te posant prématurément les questions de savoir quand et comment tu vivras ta retraite car ni toi ni moi ni personne ne peut savoir ce qu’elle sera dans 40 ans.

Un patron en mal d’existence qui se désole de voir son pays et pire, sa jeunesse, partir à la dérive.

  • Eymeric BERNARD

SOCIETE : VALDRONNE (Membre ETHIC)                            6 salariés

ACTIVITE : Spiritueux

Je suis Eymeric BERNARD, PDG de la société Valdronne, filiale de notre holding familiale le Groupe Bernard. Effectif 6 personnes, CA : 3 millions d’euros. La société Valdronne est dans le secteur des spiritueux : producteur, assembleur, développeur de marques de spiritueux.

La société a été reprise il y a 8 ans par le Groupe Bernard. Elle est globalement déficitaire. Nous aurions pourtant besoin de recruter un contrôleur qualité mais nous n’arrivons pas à faire le pas. Nous aimerions en effet pouvoir consolider ce poste à terme. Mais dans l’incertitude qui est la nôtre, il est difficile de confirmer ce recrutement qui, comme on le sait, engage de manière forte la société.

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

J’entends la jeunesse qui cherche à garantir son emploi. Est-il nécessaire de dire que la pérennité d’un emploi dépend de la pérennité de l’entreprise concernée ? Est-il nécessaire de rappeler que la situation économique de la France est dégradée principalement à cause du manque de compétitivité de nos entreprises, de leur rigidité, des coûts fixes extrêmement élevés ? Faut-il poursuivre dans cette voie ? Est-ce sur des bateaux qui s’enfoncent progressivement dans la mer que nos travailleurs ont envie d’embarquer ? Sans sursaut pour la redynamisation de nos entreprises, il n’y a pas de reprise économique possible ? Et cela passe par plus de souplesse à l’embauche pour nos entreprises. Seule voie pour pérenniser l’emploi.

  • Cédric ALLOUCHE

SOCIETE : CAPITAL RESSOURCES (Membre ETHIC)             15 salariés

ACTIVITE : Recrutement

La loi est très mal présentée. La communication mise en place autour d’elle est bridée. Les aspects concernant les licenciements ont été mis en avant alors qu’elle touche, avec ses 131 pages, tous les aspects du code du travail.

L’aide à l’embauche ne touche que les bas salaires. Le nivellement des salaires bride un système méritocrate.

Certains articles tels que la durée du temps de travail passant sur … semaines permettront d’augmenter le rendement du travail.

En contrepartie, les heures supplémentaires pourront être comptabilisées sur 3 ans et risquent la démotivation des salariés.

  • Michel ROUGER

SOCIETE : MICHEL ROUGER CONSEIL (Membre ETHIC)      12 salariés

ACTIVITE : Conseil gestion d’affaires

L’entrepreneur qui « offre le travail » en trouvant le client a tout autant besoin de sécurité que le salarié qui en reçoit les revenus ! La lutte des classes dominante, en France, au sein des rapports entre l’offreur  et le demandeur de travail fait porter l’insécurité sur le seul entrepreneur au moment où la révolution  numérique transfère vers l’entrepreneur individuel à risque la charge de créer le travail que ni l’État ni les multinationales ne peuvent ou ne veulent créer.   Le gouvernement l’a compris avec un projet qui  rééquilibre cette insécurité, il risque de se faire broyer dans la guerre civile de la lutte des classes

Témoignage :

J’ai fait mes premières embauches, fin 1949, dans une entreprise crée pour gérer un contrat de  privatisation de petites lignes de chemin de fer dont la SNCF  ne voulait pas. 4 ans plus tard, la même,  toujours fer de lance de la lutte des classes en politique, a tué l’entreprise à grands coups de grèves

(Comme je n’ai jamais voulu déposer le bilan j’ai payé avec mes salaires ultérieurs d’employé)  

En février 2016, j’ai besoin de recruter 2 spécialiste du numérique dans une entreprise à risques créée en 2012.

L’insécurité m’interdit d’embauche en CDI, je le fais avec un CDD et un travailleur indépendant à temps partiel

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

 « La vie que vous ont fait vos parents, héritiers du bonheur des 30 glorieuses de vos grands parents, est bouleversée par le grand vent de  l’ouverture du monde telle que vous la vivez, dans une liberté sans limites. Elle est incompatible avec le besoin d’hyper sécurité dans le travail, propre à la culture de vos grands parents qui en avaient besoin pour reconstruire la France après son effondrement des années 40. Si vous ne voulez pas les vivre à votre tour respectez la liberté de ceux qui prennent des risques »

  • Jean-Louis MULLENBACH

SOCIETE : OPSIONE (Membre ETHIC)                         2 salariés

ACTIVITE : Audit-Expertise-Conseil

Nous sommes une PME en croissance dans le domaine des services aux entreprises, avec un effectif qui est passé de 10 à 20 salariés en 12 mois : 8 personnes recrutées en CDI, 1 en apprentissage, 1 en CDD sur un projet limité dans le temps.

Nous regrettons la césure en matière d’apprentissage (apprentie présente 3 jours par semaine, nous préférerions l’apprenti à temps complet pendant 6 mois et en cours pour les 6 mois suivants).

Après une expérience malheureuse aux Prudhommes, nous n’avons pas suffisamment anticipé de recrutements en CDI par peur d’être en sureffectif et de devoir verser des indemnités de licenciement excessives, alors que nous avons déjà un besoin en fonds de roulement significatif et des banques craintives sur nos autorisations de découvert.

Nous aurions sûrement recruté davantage de CDI, si le plafond des indemnités pour licenciement abusif prévu dans le projet El Khomri avait été en place en 2015.

Nous sommes également intéressés par le projet de réforme des forfaits jours dans les PME de moins de 50 personnes (accord individuel avec le salarié).

Suite à l’essoufflement de la reprise, nous attendons que la réforme du Code du Travail soit adoptée avant de reprendre nos recrutements. 

CE QUE JE DIRAIS AUX JEUNES :

Qu’il est préférable pour eux d’avoir un CDI (formation, intégration, facilité à trouver une location, etc.), qu’un contrat court.

Pour autant, ce serait une erreur de surtaxer les CDD …

+ Autorisation de l'inspection du travail pour faire travailler l'apprentie une heure de plus ! (Autorisation administrative supprimée par le projet de la ministre  du travail).


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