Emploi : la grande démission, c’est fini… les salariés veulent rester dans l’entreprise<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le Covid avait provoqué une montée en puissance du télétravail et une énorme vague de démissions des salariés dans la plupart des grands pays occidentaux, aux États-Unis comme en Europe.
Le Covid avait provoqué une montée en puissance du télétravail et une énorme vague de démissions des salariés dans la plupart des grands pays occidentaux, aux États-Unis comme en Europe.
©BARBARA GINDL / APA / AFP

Atlantico Business

Le Covid avait provoqué une montée en puissance du télétravail et une énorme vague de démissions des salariés dans la plupart des grands pays occidentaux, aux États-Unis comme en Europe. Depuis quelques mois, ce mouvement qu’on pensait structurel recule.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Tout se passe comme si les salariés avaient décidé de revenir dans l’entreprise. Aux États-Unis comme en Europe, l'entreprise a retrouvé les faveurs de ses personnels. On ne démissionne plus plusieurs fois par jour comme on le faisait depuis le Covid… On reste à son poste. Quant au télétravail, il est clairement passé de mode, ou du moins il se limite à une journée. Tout se passe aujourd’hui comme si le monde du salariat, qui ne ménageait pas ses critiques contre un statut qui ne leur permettait pas de se réaliser, a compris qu'il serait plus à l’aise dans une entreprise qui se réforme et qui s’adapte, plutôt que de rester en liberté.

Depuis le début de l’année, toutes les enquêtes réalisées auprès des personnels révèlent trois phénomènes qui vont toutes dans le même sens.

1er phénomène : la mobilité des salariés a chuté, notamment aux États-Unis, y compris dans les secteurs en tension. Beaucoup moins de changements, beaucoup moins de démissions. Juste après le Covid, on a assisté à une effervescence quasi historique sur le marché de l'emploi. D’un côté, la reprise très violente de l'activité a multiplié les offres d’emplois un peu dans tous les secteurs, provoquant d’ailleurs une concurrence à l’embauche qui a alimenté une hausse des salaires, notamment dans les secteurs de la tech.

Parallèlement à ce mouvement, beaucoup de salariés ont quitté le monde de l’entreprise pour choisir un mode de vie beaucoup plus calme et frugal, plus simple, avec une activité tournée vers la famille, les domaines artistiques ou l'auto-entreprenariat. Ce mouvement s’est d’ailleurs accompagné de mutations géographiques. La grande démission a entraîné des populations en dehors des grandes villes vers les bords de mer ou la campagne. Officiellement, la justification de ce changement pour les principaux intéressés était de donner un sens à leur vie différent de celui qui leur était imposé par les entreprises et le système concurrentiel. Les plus radicaux ou les plus politiques se voyaient consacrer leur vie au sauvetage de la planète en démissionnant d’un système de croissance qu'ils trouvaient excessif. Ce mouvement-là s'est très nettement ralenti depuis l'année dernière. Alors il est sans doute imputable à la crise et au ralentissement de l’activité qui a durci le marché du travail. Les offres sont moins nombreuses, notamment aux États-Unis. En démissionnant, les salariés n’ont plus la sécurité de pouvoir revenir dans l'emploi très vite.

Mais beaucoup donnent une autre explication : les temps ont changé, et les entreprises ont pris en compte leurs responsabilités sociales et environnementales. Beaucoup de salariés trouvent dans leur job la possibilité de « donner un sens à leur vie ». Alors ce changement-là concerne plutôt les populations de cadres. En Europe, le mouvement est moins accentué, sans doute parce que les modèles sociaux sont plus généreux et assurent des moyens de vivre. Il est vraisemblable que les réformes qui visent à durcir les conditions d’accès aux allocations de solidarité vont peut-être favoriser le retour à l'emploi.

2e phénomène, le départ des créateurs de start-up qui ont fait fortune n'a jamais été aussi nombreux que depuis un an. Ils ont entre 30 et 40 ans, ils sont milliardaires, ils ont fait fortune dans la tech en développant des applications ou même des entreprises industrielles ou de service. Ces privilégiés ne prennent pas pour autant leur retraite au soleil des Bahamas ou ailleurs. Ils abandonnent la direction générale de leur entreprise pour reprendre une fonction opérationnelle dans le développement des innovations, par exemple, ou la recherche. Ils quittent le fauteuil dans lequel ils ont créé leur entreprise et en ont fait une licorne, pour revenir aux manettes techniques ou commerciales. Ils ont gardé une majorité d’actions de leur entreprise, certains ont créé des fonds dans l'immobilier ou les nouvelles technologies et choisissent de gérer ces activités nouvelles.

3e phénomène, le goût du télétravail est beaucoup moins partagé. La grande majorité des salariés qui avait été mis au télétravail pendant les confinements et qui avait choisi d’y rester après, commence à revenir en présentiel. D'abord parce que l'entreprise s’est organisée pour gérer ses personnels et éviter d’ajouter par le télétravail des injustices assez mal vécues par ceux dont le job ne peut pas être télétravaillé. Les entreprises cherchent à juste titre à éviter de creuser le fossé entre les cols bleus et tous ceux qui sont attachés à un travail de production, et les cols blancs, cadres pour beaucoup, qui peuvent travailler de chez eux. Donc, toutes les entreprises ont limité à 2 jours par semaine (et pas forcément les vendredis et les lundis !) les possibilités de télétravail. Beaucoup de salariés eux-mêmes ont abandonné une situation qui hypothèque les liens qu'ils peuvent tisser dans une entreprise et qui parfois déséquilibrent le climat familial.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !