Emmanuel Macron se donne 100 jours pour tout changer …<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron s'est exprimé lundi 17 avril à 20 heures après la promulgation de la réforme des retraites.
Emmanuel Macron s'est exprimé lundi 17 avril à 20 heures après la promulgation de la réforme des retraites.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Les Cent-Jours

Mais dans 100 jours, où en serons-nous vraiment ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Emmanuel Macron a fait un rêve. D’ici le 14 juillet, il aura réussi à battre en brèche cette méchante idée de « crise démocratique » qui commençait à  lui coller à la peau depuis la réforme des retraites ; la France aura retrouvé les caractéristiques d’une démocratie apaisée qui lui est si chère, où le dialogue social ravivé aura largement fait baisser les tensions engendrées par la réforme : les augmentations de salaires lâchées lors d’un grand sommet social ont  contribué à calmer les esprits ; la co-construction, avec les syndicats réformistes, d’une loi travail avec des dispositions précises sur la pénibilité, l’emploi sénior et les mesures de reconversion évoquées par le chef de l’Etat dans son allocution du 17 avril, sont progressivement mises en place. En ce début de vacances d’été, l’hôpital public retrouve de la sérénité grâce à la campagne de recrutement de soignants. Et tout laisse à penser qu’en septembre la rentrée scolaire se déroulera sous les meilleurs auspices, les enseignants voyant ( enfin!) leur métier revalorisé. Il faut dire qu’Elisabeth Borne a retrouvé les réflexes de Ministre du Travail -fonction qu’elle a occupée avant 2022, s’est démenée comme un chef, veillant personnellement à l’accélération des mesures esquissées par Emmanuel Macron sur la pénibilité et les emplois séniors dans son allocation du 17 avril. Les textes législatifs ont reçu l’appoint de la majorité du groupe LR et LIOT, voire des Socialistes. On ne peut pas parler de coalition, mais bien de majorité d’idées …

Oui, mais ce n’est qu’un rêve, et la réalité est tout autre. Les syndicats ont opposé une fin de non-recevoir à « la porte…toujours ouverte » de l’Elysée, « restée fermée à triple tour pendant trois mois » lorsqu’eux demandaient à être reçus …Seules les organisations patronales ont accepté de prendre le chemin de l’Elysée. Et si Laurent Berger a esquissé une ouverture, « on ira un jour, mais après un délai de décence  » …, ce ne sera pas avant la mobilisation du 1er mai et le dialogue peut se renouer comme il peut tourner court …Et L’école ne change pas à vue d’œil …

Les cent jours d’apaisement souhaités et espérés par Emmanuel Macron et sa majorité relative, risquent de se transformer en chemin de croix pour l’exécutif et singulièrement pour la Première Ministre chargée de la mise en musique de l’« amélioration des revenus et conditions de travail », la « progression des carrières »,un « meilleur partage des richesses », mais également missionnée pour «trouver des solutions à l’usure professionnelle », et « aider à la reconversion professionnelle ». Car pour donner un nouvel élan à l’action gouvernementale, la Première Ministre devrait normalement prononcer un discours de politique générale et demander un vote de confiance à l’Assemblée au lendemain des vacances parlementaires. Or, Elizabeth Borne devra probablement affronter une nouvelle motion de censure, c’est-à-dire qu’elle sera sur la défensive et non sur la trajectoire du «  nouvel élan ».  Et, faute de majorité, elle devra en permanence rechercher  des voix d’appoint pour formaliser le  nouveau pacte de la vie au travail », ou voter une « loi immigration» pour lutter contre l’immigration illégale, et mieux intégrer ceux qui sont déjà sur le territoire…Les parlementaires seront d’autant moins enclins à venir à son secours qu’ Emmanuel Macron, a  évoqué des « coalitions et alliances nouvelles sur les bases solides du Conseil National de la Refondation, au plus près du terrain », Conseil qui ne détient aucun légitimité politique.

On ne doute pas de son désir de mettre fin à la crise, sociale ou démocratique, et nul ne peut contester que « la réponse ne peut-être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme ». 

 Mais ce n’est pas « en remontant sur son cheval », selon une expression chère à Jacques Chirac, et en repartant au galop pour rattraper le temps perdu qu’il parviendra à résoudre tous les maux dont souffre la France. On lui prête l’intention de repartir sur le terrain pour renouer le dialogue avec les Français. Il lui faudra du tact et beaucoup de modestie… Jeune président , il avait esquissé cette démarche à l’automne 2018 ; à l’époque il n’avait pas pu empêcher la crise des gilets jaunes ; aujourd’hui il n’est clairement pas en phase avec les Français et ne veut pas admettre  que le passage en force, même légal, ça ne marche pas … « La lettre est respectée, mais l’esprit est bafoué », explique le philosophe Pierre Rosanvallon… Emmanuel Macron va être contraint de changer de méthode, de pratiquer l’art de la négociation et de la concession… sinon bien malin qui peut prédire où l’on en sera dans 100 jours !  

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