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Effet secondaire inattendu : quand lutter contre le crime conduit à l'aggravation des dérèglements climatiques
©Reuters

Voilà ce que ce que de faire le bien...

En parvenant à éradiquer le crime, les pouvoirs publics disposeraient de plus d'argent, dont l'investissement dans des infrastructures, notamment pénitentiaires, mènerait à davantage d'émissions de gaz à effet de serre.

Décidément, on ne parle que de lui. Tout semble mener, plus ou moins directement, au réchauffement climatique. Même les mesures a priori bien éloignées du domaine écologique finissent par avoir des répercussions sur l'environnement par un phénomène de vases communicants.

Dernier exemple en date : lutter contre le crime mènerait au réchauffement climatique, rapporteThe New York Times. En effet, la diminution de la délinquance contribuerait à une augmentation de notre empreinte carbone, c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone que nous émettons au travers de nos comportements et activités. C'est en tout cas le constat établi par cette étude publiée le 17 juin 2016 dans le Journal of Industrial Ecology.

L'approche de cette étude est originale, tout comme la composition de l'équipe : une partie des auteurs sont des scientifiques de l'Université de Surrey, tandis que les autres travaillent au Home Office, l'équivalent britannique de notre ministère de l'Intérieur. Cette équipe de chercheurs de toute sorte a tout d'abord estimé l'empreinte carbone du crime en Angleterre et au Pays de Galles en prenant en compte l'intégralité des retombées environnementales qui pourraient être dues, par exemple, aux actions de prévention, aux assurances, au coût direct des crimes (remplacement des objets endommagés ou volés, l'hospitalisation des blessés, etc.), à l'enquête policière, à l'action judiciaire ou encore au fonctionnement du système pénitentiaire.

Sans surprise, le meurtre est le crime qui possède l'empreinte carbone la plus élevée : 71,2 tonnes de dioxyde de carbone par assassinat. Pour les agressions ayant entraîné des blessures, la facture environnementale chute à 5,1 tonnes, un vol à main armée coûte 1,1 tonne de CO2 et 0,1 tonne pour un vol à l'étalage, résumeLe Monde. En additionnant le coût écologique de tous ces délits recensés par la police en Angleterre et au Pays de Galles en 2011, tout en estimant le coût de ceux dont la police n'a pas été avertie, on obtient un total de 4 millions de tonnes de CO2 pour l'année 2011, soit l'équivalent des émissions de 900 000 foyers britanniques pour leur consommation énergétique. Le crime, ce n'est pas bien pour la planète, donc.

Effet rebond

Mais l'éradiquer ne contribuerait pas non plus à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, la suppression d'une cause de pollution devrait mettre un terme à cette pollution, non ? Regardez plutôt : si les voitures consommaient moins de carburant, l'empreinte carbone des automobilistes devrait être plus faible. Mais si rouler polluait moins, nous aurions tendance à prendre la voiture plus souvent, et donc à polluer davantage qu'auparavant.

Dans le domaine du crime, c'est la même chose : si un prisonnier pollue moins qu'un citoyen lambda en raison de ses faibles revenus ou de ses activités faiblement diversifiées, ce gain est annulé par le coût environnemental du fonctionnement d'un centre pénitencier. L'argent qui n'est pas investi dans la lutte contre le crime le serait dans la construction d'infrastructures par exemple, encore davantage polluantes.

Les auteurs de l'étude ont estimé qu'une baisse de la criminalité de 5% en Angleterre et au Pays de Galles mènerait à une hausse de 2% de l'empreinte carbone, soit 10 000 tonnes de CO2 de plus dans l'atmosphère, l'équivalent de la pollution produite par 2 250 ménages britanniques.

Toutefois, il ne s'agit pas de laisser le crime faire sa loi dans les rues en vertu de l'écologie. Les progrès technologiques voués à réduire notre empreinte carbone sont bien évidemment destinés, à moyen terme, à diminuer la pollution humaine. Cependant, comme l'indique les auteurs de cette étude, rien n'empêche les pouvoirs publics de mettre l'accent sur les actions de prévention qui ont un coût environnemental bien inférieur aux actions de répression.

Comme quoi, mieux vaut prévenir que guérir.

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