Du Traité de Maastricht aux difficultés économiques, le problème de la France n'est pas l'Europe mais l’incapacité de Hollande à gouverner<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Du Traité de Maastricht aux difficultés économiques, le problème de la France n'est pas l'Europe mais l’incapacité de Hollande à gouverner
©

Bouc émissaire

La victoire du Front national aux élections européennes doit être vue plus comme une mise en accusation des politiciens français que de l'Union européenne.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

Voir la bio »

En attaquant l’impéritie des dirigeants et représentants du peuple de droite et de gauche et en privilégiant une sortie de l’euro, pour restituer à la France sa liberté et sa souveraineté, Madame Le Pen a rallié une large majorité de l’électorat.

Il convient d’espérer que dans ce choix, la mise en accusation des politiques occupe une place plus importante que celle de l’europhobie ambiante.
Europhobie entretenue, habilement, par un pouvoir en quête de bouc émissaire mais également justifiée par une Commission Européenne, incapable d’ajuster sa stratégie au surendettement public et privé et au caractère déflationniste des surcapacités industrielles engendrées par la crise de 2008 et ses rémanences, dont souffrent la plupart de ses 28 membres.

Ce double constat ne saurait, en aucune façon, valider le leitmotiv anti-européen de la campagne de Madame Le Pen.

Quand Monsieur Robert Schuman, en 1954, a prôné une réconciliation franco-allemande, dont le socle était la création d’une Europe à six, son objectif principal était d’en finir avec la série des guerres sanglantes ayant endeuillé nos deux pays.

A cet égard, M. Schuman s’appuyait sur un précédent historique dont on peut regretter, vu son importance, qu’il soit si peu et si mal connu.

Le Traité de Westphalie, en Octobre 1648, dont l’objectif était de mettre fin à la guerre de Trente ans, a constitué la première formulation de l’Europe des Nations, en les exemptant de leur subordination à l’Empire Romain Germanique des Habsbourg et de toute ingérence extérieure dans la conduite de leurs affaires internes.

Cette première incarnation de l’Europe évita tout conflit de taille, jusqu’à la bataille de Valmy en 1792, c’est-à-dire pendant près de cent cinquante ans.

Dans sa présente configuration l’Union Européenne est en paix depuis 60 ans, en fait 69 si l’on part de 1945. Est-ce dû à la Communauté Européenne ou à une transformation des esprits dans un continent trop souvent ensanglanté par des combats fratricides, probablement les deux.

L’Ukraine est là pour témoigner qu’aucun Etat continental n’est prêt à prendre le risque d’un conflit. Comment en serait-il autrement alors que seules la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne conservent des armées dignes de ce nom.

Au plan économique, l’Europe, avec tous les défauts de son actuelle gestion, offre à ses membres un marché de 500 millions d’habitants, certes mal défendu par un régime douanier conçu avant l’émergence des nations émergentes, dont la croissance n’est pas handicapée par les couts d’une protection sociale, le plus souvent inexistante.

Cet ensemble a cependant la taille voulue pour affronter les autres grandes puissances, les USA, la Chine, l’Inde, à la condition d’en moderniser la Gouvernance.

Sur les modifications à apporter au Traité de Maastricht, comme sur celui du cap de sa politique économique, un nouveau désaveu électoral, plus cinglant que le précédent par l’arrivée en tête du Front National, ne semble pas avoir ébranlé notre Chef de l’Etat, dont ce qui lui reste d’autorité est en lambeaux.

Au Sommet Européen, à Bruxelles, le lendemain de sa défaite, celui-ci s’est trouvé dans la position bizarre d’être cajolé par Madame Merkel, soucieuse de conserver à l’Union Européenne le socle du binôme franco-allemand et à éviter toute modification du Traité.

Cette posture de la Chancelière, à l’évidence, n’aura aucun impact sur les difficultés dans lesquelles est plongé le pays par l’incapacité de gouverner de Monsieur Hollande.

Comment dans ces conditions, le Gouvernement pourrait-il demander les sacrifices qu’imposerait la mise en œuvre d’économies, dont le montant devrait être bien supérieur aux 50 milliards programmés, et des réformes structurelles qui par leur ampleur détruiraient de nombreux avantages acquis alors que  le Roi est nu, et que les deux partis de Gouvernement, les socialistes et l’UMP, sont en proie à des problèmes existentiels, et le Front National dépourvu de toute expérience du pouvoir.

Cette situation prouve que dans un régime présidentiel, l’existence d’un Premier Ministre est superfétatoire, donc nuisible. Monsieur Pompidou en était convaincu mais le Général pensait que la tradition républicaine ne permettait pas de s’en passer.

Aujourd’hui Monsieur Valls doit regretter d’avoir accepté une éminente position, tant désirée par lui, en se voyant rappeler, que, dans le contexte actuel, en l’absence d’une ferme volonté au Sommet, rien d’utile à l’intérêt général ne peut être accompli.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !